Une défaite, et c'est un entraineur qui s'en va. C'est un rite qui prend goût. Beaucoup d'entres-eux sont poussés vers la sortie bien plus tôt que cela. On serait même devenus les champions de ces changements. Et d'ailleurs, il n'y a pas de quoi s'en étonner. C'est la conséquence de ceux qui ne comprennent pas encore la mécanique du football. Non plus, souvent ce sont les joueurs, ou du moins quelques joueurs qui sont à l'origine des démissions ou des limogeages des techniciens accusés de ne pas être en mesure de réaliser d'excellents scores. Alors le football, bégaie chez quelques clubs, et d'ailleurs on serait même tenté de nous poser une simple question d'usage, à savoir même les inventeurs de ce jeu si captivant, si populaire, seraient tenté de comprendre pourquoi, chez nous il y a tant de départs ? «Des entraineurs à peine mis en scène, sont déjà limogés, souvent sans attendre le résultat du premier match. Comment voulez-vous développer un vrai projet technique avec une équipe si trois entraîneurs se succèdent dans la même saison ? Se séparer d'un coach au bout de trois matchs, cela n'a pas de sens. L'obligation de résultat est une chose. Mais je prône la patience. D'autant plus qu'en Afrique du Nord, il y a de bons joueurs et une vraie ferveur autour du football», disait un coach étranger. Si seulement quelques joueurs décidaient de passer aux aveux. Et si des dirigeants pouvaient communiquer sur les motifs de ces déménagements. Ceci reste, toutefois, un rêve. Ne nous attendons surtout pas à un mea culpa de la part de quelques dirigeants. Tout le mal vient d'ailleurs de là. Le catalogue des départs n'est pas vierge, il reste marqué par ces lâchages au niveau de la L2 ou la moitié des clubs ont procède a des changements avec la mention «Limogé». «En effet, 9 formations du championnat du second palier professionnel, soit plus de la moitié de la composante de cette Ligue 2, a déjà connue un changement à la tête de leur barre technique, soit 12 entraîneurs ont été remerciés ou démissionnaires, notamment pour «mauvais résultat», faisait remarquer un collègue du quotidien El-Watan. Le pire n'étonne plus, nous l'avons signalé dans nos précédentes éditions. Des gestionnaires de certains clubs, décident avant même le coup de sifflet du début du championnat, de reconsidérer le contrat de recrutement signé avec leur entraîneur. L'USM Annaba qui a entamé sa préparation d'intersaison sous la conduite Saïd Belarbi en est un parfait exemple. Ce qui surprend le plus les professionnels de ce sport, ce sont ces décisions qui se prennent à l'aube d'un championnat. Souvent sans que l'intéressé ne soit au courant. Un autre cas édifiant est celui de ce technicien qui avait réussi une accession en Ligue 2, cet été avec l'AS Khroub, s'est vu remplacé trois semaines avant le coup d'envoi du championnat. Et son successeur, Liamine Bougherrara, qui lui aussi a démissionné au bout de la 3e journée, après une série de trois défaites de suite, vite remplacé par Kamel Mouassa qui fait un autre come-back à la tête de la barre technique de la formation bônoise. D'autres clubs s'amusent, prennent goût, comme s'il s'agissait d'un championnat qui consacre le meilleur club qui ose chasser rapidement son coach, peu importe l'art et la manière. Triste sort qui est réservé aux techniciens. La fatigue gagne les joueurs, et par ricochet le club. L'histoire à raconter à nos petits enfants ne collera pas à leurs oreilles. Ils ne croiront personne. Leur dire que notre football tire beaucoup plus sur les entraineurs que sur la balle, ce serait, leur mentir, et pourtant, c'est une vérité que tout le monde connait et raconte quand bien même qu'elle soit difficile à avaler. Et à force de se nourrir et se gaver de vœux pieux, certains clubs n'ont jamais pu décoller pour connaître un développement harmonieux et durable. Inutile donc de revenir sur toutes les occasions gâchées ces vingt dernières années pour s'intéresser à la nouvelle politique de changement. C'est du tâtonnement auquel on se livre tout simplement. Au-delà des hommes, il faut surtout y voir une volonté de s'entourer de dirigeants de qualité, c'est-à-dire suffisamment qualifiés pour maîtriser leur sujet et donc rationaliser le travail comme autrefois. «Comment voulez vous qu'un club se stabilise, alors nous vivons des scénarios à la Hitchcock». Voici quelques avis d'entraineurs. «Le problème, c'est qu'au bout de trois résultats jugés mauvais, tu peux dégager, alors qu'il peut s'agir de trois matchs nuls ou de courtes victoires contre des mal classés», se lamentait un entraineur étranger. Un autre technicien dira «d'abord, il y a une pression énorme des fans, qui ont quasiment tous les droits. Le public a aussi ses joueurs préférés - des intouchables - et si un entraîneur décide de se passer de l'un entre eux pour des raisons techniques, il va être contesté. Enfin, les présidents sont souvent supporteurs avant même d'être des dirigeants, et cela ne favorise guère une politique à long terme». L'équipe Amel de Boussaada, c'est elle qui décroche la palme d'or dans cette valse des entraîneurs, elle vient de «souffler» son troisième entraîneur à la veille de la 9e journée du championnat. Sofiane Boudjella entamera la saison, puis jette l'éponge au bout de la 4e journée, pour n'avoir pas réalisé de meilleurs scores, l'ex-coach du Mouloudia de Saïda, Mustapha Sebaâ le remplace puis à son tour «jettera l'éponge avant même de signer son contrat. Et c'est leur ex-coach, Abdelhakim Boufenara, qui arrive en pompier. Même climat chez l'USM El Harrach qui chasse au bout de la 5e journées du championnat son entraineur Ismail Djelid pour prendre Ahmed Slimani». Un autre cas qui fait surface chez le DRB Tadjenanet. Relégué cet été en Ligue 2, il recrute Mourad Zeghdoud avec mission de faire retrouver à l'équipe sa place en Ligue 1. Mais l'ancien libéro de l'USMA décide de plier bagages pour absence de conditions de travail, et de salaires des joueurs qui n'ont perçu aucun centime depuis le début de l'exercice. En tout, ce sont donc 9 clubs qui ont déjà changé, au moins une fois, d'entraîneur contre 6 clubs seulement qui connaissent un semblant de stabilité depuis l'intersaison.