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Les puits du fédéralisme
Publié dans La Nouvelle République le 10 - 11 - 2019

Hassi-Messaoud ne produit pas seulement du pétrole léger d'excellente qualité. Il crache à lui seul plus de 400.000 barils par jour de fédéralisme de tout premier ordre. Mais à l'image des caractéristiques de sa roche mère, peu poreuse et avec de nombreuses failles, le fédéralisme algérien suinte de manière imperceptible et il n'est guère aisé d'en comprendre les déploiements car ils ne sont pas éruptifs. Aussi caractériser de manière définitive la période historique que nous traversons n'est pas simple. Cela est d'autant plus difficile que la politique d'injection des subventions pour soutenir les prix du pain, du sucre, de l'huile et l'action de très nombreux services sociaux, comme la technique de renvoyer du gaz dans les profondeurs de la terre pour maintenir les grands équilibres de pression avec pour objectif de retarder l'affaissement de ce giga gisement, ne permettent pas de mesurer à leurs justes valeurs la nature et la réelle signification des décantations de longs termes qui se réalisent aussi bien dans les profondeurs de la terre que dans celles de la société algérienne si ce n'est la certitude annoncée de l'impasse sur le long cours dans le cas où les termes de l'équation restent inchangées.
Mais à défaut de saisir dans sa complexité le long déclin qui est le nôtre depuis la mort de feu Houari Boumediene, il est d'un très grand intérêt de revenir sur une situation historique, celle de la Turquie ottomane du XVème siècle aux balbutiements du XXème siècle et sur une autre plus contemporaine afin de partager les termes du débat politique qui agite le Canada d'aujourd'hui, avant d'ausculter les éléments chimiques de base du pétrole léger algérien, son fameux «Sahara Blend», pour enfin déterminer s'il agit comme un béton bâtisseur de Nations ou un diluant accélérant la formation de tribalismes de tous ordres dont les destinées finales seront d'être dispersées aux quatre vents. Les éléments de la crise algérienne ne se sont pas mis en place du jour au lendemain. Ils procèdent de longs processus intergénérationnels et dépassent très largement les explications de courte vue, aussi pertinentes et légitimes soient elles, de la nécessaire séparation des pouvoirs et plus encore de la corruption de la «bande» pour reprendre les terminologies en vogue qui si elles ont le mérite de caractériser les ressort prévaricateurs des élites dirigeantes désormais en prison, n'en voilent pas moins les véritables raisons, souvent lointaines, de situations de glissements imperceptibles et successifs que la Nation vit depuis près de quarante années maintenant. L'histoire de l'Empire Ottoman se cofonda pendant un demi-millénaire avec la marche triomphante de l'Islam avant de devenir «l'homme malade de l'Europe» comme le décrivit justement le Tsar russe Nicolas «Le premier». De cette décadence inexorable menant l'Empire ottoman du faite du monde à la serpillère sur laquelle l'Europe a essuyé ses bottes coloniales, il est nécessaire de comprendre les données fondamentales d'autant plus que nous en fûmes une partie prenante pleinement agissante, à la pointe d'un combat naval épique et glorieux, à un échelon ayant largement dépassé celui de la Méditerranée. Alors que Souleiman le Magnifique (1494-1566) symbolise l'apogée de l'Empire musulman, que partout est proclamée la centralité de l'autorité de l'Etat, en particulier par la présence de mosquées aux multiples minarets inscrivant l'affirmation du Sultan aussi bien sur l'architecture urbaine que politique, ses successeurs n'arrivent pas à maintenir pour diverses raisons l'aggiornamento qu'il a su imposer en réaffirmant en tous lieux et en tous temps la prééminence de l'Etat sur les sols et leurs productions diverses. Non pas que les sultans turcs de la période post-Soleiman manquaient de talents ou d'intelligence. Mais ne décryptant pas les raisons essentielles de la déchéance à doses mesurées mais constantes de leur Empire, les Sultans turcs se sont cantonnés aux pratiques mono-commerciales de leurs matières premières compensées pendant longtemps par une fructueuse levée des impôts lors de la phase d'expansion territoriale. Lorsque vinrent le temps des défaites militaires et des rognements territoriaux, le manque à gagner des impôts des pays perdus n'arrivaient plus à équilibrer la perte en valeur continue des matières premières d'autant qu'elles s'échangeaient par le truchement des commerçants européens contre les métaux précieux américains. De quelques raisons d'une lente récession Et voilà nos Sultans turcs, établissant concessions après renoncements, en dégrevant les taxes pour les étrangers espérant en attirer bien plus mais ne récoltant au final que dépréciations monétaires, déficits budgétaires à répétitions, amenuisant inexorablement les capacités financières de l'Empire ainsi que la décroissance de ses productions de matières premières et, partant, sa propension à dégager les fonds nécessaires aux réformes pourtant vitales. De modernisation, il n'est question que de changer les vizirs et les conseillers, pratiquer une surveillance aussi bien tatillonne que vaine sur l'administration, en particulier celle des impôts, accorder priorités à la marine et l'armée et oubliant l'essentiel, c'est-à-dire la promotion de nouvelles pratiques sociales préludes indispensables à une modernisation irrévocable des institutions qui constituent le cœur de l'action d'homogénéisation de l'Etat et plus spécifiquement la revigoration du Trésor par une politique imaginative dans ses fonctions d'orientations innovatrices et de stimulations de l'activité économique. Du coup, refonte de la monnaie, corruptions et budgétisations de courts termes deviennent des expédients faciles qui ne font qu'aggraver une situation que plus personne ne maîtrise alors que la pression des guerres environnantes et les concessions sans contreparties aux commerçants étrangers sont la marque irrémédiable de l'affaiblissement de l'Etat dont profitent les peuples de la périphérie de l'Empire turc pour s'affranchir d'une tutelle devenue trop encombrante. Ce descriptif n'est-il pas saisissant d'homothétie d'avec la situation dans laquelle les tenants de la rente pétrolière cherchent à enfermer le peuple algérien pour le plus grand profit de cercles ayant depuis longtemps privatisé la sphère commerçante de la Sonatrach ? Mais, passons maintenant sans transition si ce n'est le fil conducteur d'une matière première de mono commerce et de ses effets économiques, sociaux et culturels dévastateurs que les lettres turques nous ont transmises pour nous intéresser à la situation actuelle au Canada et voir comment certains débats d'outre-Atlantique peuvent éclairer nos propres interrogations. L'Alberta et le Saskatchewan sont deux Etats canadiens situés à l'Ouest du continent nord-américain qui ont pour trait remarquable de produire du pétrole, lourd contrairement à celui que nous connaissons en Algérie, par extraction des sables bitumineux. Mais qu'il soit léger ou lourd, l'or noir produit les mêmes effets qui pèsent d'une charge égale et sans partage sur la destinée des Nations et des peuples. A la recherche de débouchés et de marchés, le pétrole canadien situé à l'Ouest souhaite orienter ses déversements d'export vers le riche continent européen, en prenant appui sur les ports situés à l'Est du pays, et plus précisément à partir des cotes de la province du Québec. Mais le Québec s'y oppose fermement pour des raisons politiques liées à la conscience écologique de ses citoyens. Un mode de production aux commandes de la classe politique Aussi, les Premiers ministres des Etats pétroliers souhaitent réviser les clauses de péréquations nationales qui redistribuent les richesses des Etats pétroliers vers le Québec qui en est le premier bénéficiaire en raison de l'arriération de son économie. Le Québec se conforte de rentes issues de l'Etat fédéral mais sans vouloir en subir la moindre nuisance. Aussi, les élites des deux Etats qui ont fait du commerce de l'or noir leur principale activité, souhaitent désormais sortir de la fédération pour ne plus avoir à répondre à des obligations financières sans aucun droit en retour, en particulier celui d'établir des oléoducs vers les ports québécois… et donc de revendiquer le droit à la… sécession dans une pratique politique qui en rappelle d'autres dans notre Algérie, celle du chantage au séparatisme, symbolisé par une bannière idéologique qui réclame pour une seule région un plan Marshall financé par les puits pétroliers du fédéralisme au risque de l'éclatement de l'Etat central. Nous reviendrons dans le prochain article à paraître dimanche prochain (inch'Allah) sur ce que signifie la démocratie dans un Etat rentier et nous nous poserons la question de savoir si le pétrole et les problèmes qu'il charrie pourraient, comme par enchantement s'y dissoudre ? Mais, c'est la une autre affaire. La question du régionalisme dans notre pays n'a absolument rien à faire avec le respect des cultures populaires ou celui des langues parlées de nos différentes régions opposant de manière douteuse la langue arabe et les langues berbères dans un schisme qui se voudrait irrémédiable. En réalité des forces politiques malsaines, fédérales dans leur philosophie reflétant en cela parfaitement le mode de production rentier et les aliénations idéologiques qu'il génère se sont emparées de ces thématiques de la division avec en ligne de mire la construction d'une force de frappe «identitaro-culturelle», alimentée en cela depuis le début des années 1970 par l'Académie berbère de Saint-Denis, aux fins de construire un rapport de force hégémonique au sein des structures étatiques civiles et militaires pour s'accaparer de l'essentiel des richesses pétrolières soit directement par la mise en place extra légale de réseaux de commercialisation du pétrole avant de s'organiser au grand jour en rassemblement extraconstitutionnel, soit indirectement par la monopolisation de l'accaparement de l'accès aux devises par le commerce extérieur et sa machine à importer des matières premières et à exporter des devises grâce à la surfacturation. L'exacerbation voulue des différences linguistiques - alors que le caractère anthropologique du peuple algérien est parfaitement similaire qu'elle que soit la région vers laquelle nos regards se tournent - n'est que l'expression projetée d'un mode d'action privilégié et éculé d'une instrumentalisation idéologique du mode de production rentier tendant à la fragmentation de la société pour y imposer la logique de ses rentes différentielles en lieu et place de l'action unificatrice d'un Etat développant une accumulation primaire de son capital pour déboucher sur un capitalisme d'Etat producteur non seulement de valeurs ajoutées mais également de l'élargissement en même temps que des marchés de l'esprit national bien au-delà des différences culturelles apparentes dans leurs formes mais similaires dans leurs contenus historiques. Aussi, il est temps d'opposer aux forces du fédéralisme qui se recrutent dans tous les secteurs, dopées au pétrole et à la folklorisation de nos cultures populaires, se rangeant derrière un étendard idéologique cherchant à abattre l'identité islamique du peuple algérien comme le
souhaitent les forces qui les actionnent de Washington à Paris, la puissance du mouvement social anti-rentier qui a émergé. Que personne ne se laisse tromper par une lecture «politiste» du «Hirak». Ce qui est l'essentiel c'est son action de mobilisation pacifique et non pas les mots d'ordre inutiles et vains qui y sont prononcés quelles que soient leurs obédiences politiques car l'essence même du «Hirak», du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest de notre pays continent, appelle à un Etat central seul a même de se débarrasser par des politiques résolues du fédéralisme rentier pétrolier qui tue le travail, le marché et au final l'essor de la Nation. «L'homme malade du Maghreb» entame sa convalescence car son peuple a décidé dans un élan à bien des égards fondateur de guérir et aucune force politique ne pourra l'en empêcher en agitant le spectre de la fitna et en le fourvoyant dans des politiques au service de la rente pétrolière dont l'acte de décès a été prononcé le 22 février 2019.


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