Entre nécessité conjoncturelle et structurelle, les dispositions du projet de loi de Finances 2020 présentées, hier, devant les sénateurs, lors d'une séance plénière organisée au siège du Conseil de la nation, le ministre des Finances, Mohamed Loukal a évoqué la nécessité de combiner les deux parties afin d'aider le pays à sortir de la crise économique et surtout à amortir le risque d'une dépression économique à effet notoire. A priori, il a précisé qu'en 2020 l'Algérie «n'est pas dans l'urgence de recourir à la planche à billets ou au financement étranger», estimant que le renforcement des taxes sur la fortune et les biens et suppression de la règle régissant l'investissement étranger en Algérie de la règle 51/49, permettront de diversifier les sources financières du pays. Lors de son exposé, le ministre a tenté de convaincre les sénateurs des actions publiques et les mesures annoncées dans ce projet de loi qui sont des visées conjoncturelles ou structurelles élaborées dans l'objectif de coordonner entre les besoins urgents et les manques à gagner en matière de développement économique et surtout de financement qui sont en déclin pour de multiples raisons. Parmi ces raisons, M. Loukal a cité «le contexte international particulier, caractérisé par une fluctuation du marché de l'Energie qui a rendu plus vulnérables les pays exportateurs de pétrole et les a amenés à entamer une profonde réflexion pour assurer des ressources financières permanentes». Il a évoqué, dans ce sens, les efforts et les objectifs de l'Etat pour éviter l'explosion sociale à travers le maintien des investissements afin de créer des postes d'emploi et une plus-value sur le marché. Ces mêmes dispositions contestées par les experts qui refusent de déguiser la réalité désastreuses des finances du pays, surtout, des entreprises nationales qui en pâtissent du marasme économique et du manque de perspectives d'investissement. La charge des dépenses publiques et la hausse de la facture des importations en dépit de la baisse du volume des importations de certains produits, cette dernière reste salée et assumée entièrement par le Trésor public qui a cumulé un déficit de plus 2.200 milliards de dinars et de la balance commerciale qui a enregistré un déficit de plus de 1.500 milliards de dollars. Revenant sur les sombres chiffres de l'année en cours, le ministre reconnaît les difficultés financières du pays, mais garde son optimisme et tente de convaincre de la solennité des réformes inscrites dans le PLF 2020 et des restrictions décrétées pour certains secteurs. Il a, à ce propos, dans le détail exposé le bilan provisoire de la situation des finances publiques dont le déficit de la balance des paiements «devrait atteindre moins de 8,5 milliards dollars en 2020, contre -16,6 milliards dollars en 2019», a-t-il précisé, attirant au passage l'attention sur l'érosion drastique des réserves de changes qui connaîtront, selon lui, une baisse à 51,6 milliards de dollars». Une baisse alarmante qui laisse une faible marge de manœuvre au gouvernement et qui menace surtout l'instabilité des indicateurs de la gouvernance économique et risque de faire baisser les prévisions de la croissance, de la productivité et plomber le pouvoir d'achat et flamber les prix à la consommation à cause de l'inflation galopante. C'est de ces répercussions que parlaient les experts et de ces mêmes menaces que prévient le ministre qui tente de convaincre de l'urgence de voter ce projet de loi afin d'accélérer la mise en vigueur des lois et «sauver l'économie du pays». Sachant que le plf 2020 a coupé dans le budget de plusieurs secteurs afin de soutenir le Trésor public et réduire le déficit, par ailleurs certaines administrations bénéficient des mêmes privilèges et soutiens financiers pour éviter la faillite de celles-ci, notamment, concernant les charges sociales qui maintiennent une certaines stabilités. Néanmoins, le gouvernement œuvre pour moderniser et développer les instruments financiers et surtout légaliser les commerces informels afin de renflouer les caisses de l'Etat et instaurer l'autonomie financière des localités afin de faciliter les opérations de recouvrement et de gestions. Cependant certaines dispositions qui ont provoqué le courroux des citoyens ont eu raisons des aspects positifs abordés par ce projet de loi, en ce, en dépit de l'autorisation à nouveau aux particuliers d'importer les véhicules d'occasions de moins de trois ans. Un projet considéré comme un cadeau empoisonné par certains experts. Un extrémisme que récuse le ministre des Finances qui a résumé son projet de loi en «une solution conforme pour sortir de la crise», notamment, avec la baisse incessante des prix du pétrole sur le marché mondial et de la croissance mondiale avec la croissance des tensions commerciales sur tous les niveaux.