Combien de chefs d'entreprises et autres hauts fonctionnaires fournisseurs ou prestataires de service de l'Algérie ont perçu directement ou indirectement des pots de vin pour être listés sur le registre algérien des privilégiés ? Tous font la chaîne devant les magistrats de différentes instances juridiques pour rendre des comptes devant le ministère public. A l'écoute des informations en provenance du tribunal de Sidi M'Hamed, les parties civiles victimes d'actes de détournement et abus d'autorité et dépassements sont nombreuses. Impliqués dans le pillage du trésor public et des entreprises nationales algériennes et étrangères, les auteurs entre chef de gouvernement, Premier ministres, ministres, opérateurs économiques, hommes d'affaires et autres collaborateurs sont cités à la barre des accusés. Quelques-uns ont déjà comparu devant le tribunal de Blida. Ils ont été condamnés. D'autres dans l'attente de leur tour étaient dans l'embarras. Ils ont comparu avec Mahiedine Tahkout. Le tribunal a requis à leur encontre des peines variant de 10 à 20 ans de prison ferme assortie de 1 million DA d'amende. Il leur est reproché la fraude fiscale, les fausses déclarations, le financement illégal de la campagne électorale et bien d'autres griefs. Ils figurent au nombre de ceux qui leurs avaient été reprochés dans d'autres affaires comme l'autoroute Est-Ouest. Il reste que le préjudice le plus important se situe au niveau des pertes en vies humaines majoritairement des jeunes. D'autres ont disparu. Ce préjudice n'a pas été soulevé par les magistrats ou par une quelconque autre partie prenante de ce dossier. Faute de perspectives socio-économiques dans leur pays, ils avaient tenté la traversée de la mort. Il s'agit des conséquences du détournement d'importantes sommes d'argent qui auraient pu servir, au titre de fiscalité, pour le lancement de nouveaux projets synonymes de créations d'emplois. Cela n'a pas été le cas. Bien mené par Ahmed Ouyahia l'homme au principe du «affame ton chien, il te suivra», les prétendus opérateurs économiques avaient fait mains basses sur le Trésor public, les banques et autres institutions financières. Certains se sont constitués en groupes d'entreprises avec la complicité de grandes sociétés étrangères spécialisées dans la construction automobiles et encore sans verser un seul centime au fisc. Les enquêteurs avancent plus de 50.000 milliards DA. Les ex-hauts dirigeants de l'Etat ont eu à répondre du subterfuge utilisé pour faire croire que l'Algérie fabrique ses propres voitures. Il leur est aussi reproché le versement de pots-de-vin à des dirigeants d'un certain nombre de pays dont la France. «Au pouvoir dont ils disposaient et grâce à des caisses noires, pots-de-vin, cadeaux et autres, ils ont mené en toute impunité leurs activités. Ils l'ont fait dans l'automobile, la construction de l'autoroute Est-Ouest, l'importation de tout ce qui a trait à l'agropastoral dont le lait avec pour principe constant : «S'enrichir encore et toujours». En fait, les voitures en question étaient réceptionnées assemblées. La seule participation algérienne consistait à monter les quatre roues. Tard ce dernier dimanche, on en était au réquisitoire de l'accusation et des plaidoiries des avocats de la défense. A la barre des accusés, Saïd Bouteflika menottés a préféré ne pas répondre aux questions du président du tribunal. Du côté des autres accusés, chacun s'est assumé pour coopérer, tel Ali Haddad. Il a avoué avoir mis en place un vaste réseau de corruption pour collecter le nécessaire en moyens pour financer la campagne électorale. Les tentacules de ce vaste réseau ont atteint différentes régions du pays comme Alger, Annaba, Oran. Le peu d'informations collectées indiquent que Mahiedine Tahkout a eu recours à des pratiques malsaines pour rafler des centaines de milliards DA, biens du fisc. Les constats des enquêteurs sont sans appel. Ils se sont exprimés dans ce sens : «La conduite corrompue des hommes d'affaires a impliqué de hauts dirigeants pendant plus de 5 années dans toutes les wilayas. La démarche avait pour seul objectif, d'augmenter leurs profits personnels». C'est dire que sous Saïd Bouteflika et autres accusés, ces cinq années ont été tapissées d'épisodes critiques. La solidité de l'Etat y avait été vainement et à maintes reprises interpellée. Des experts s'étaient exprimés sur cette question. Ils avaient clairement souligné que la gestion des crises est toujours celle de l'inconnue. Avec l'approche des élections 2019 pour le début d'un nouveau quinquennat que Abdelaziz Bouteflika avait voulu s'accaparer, les déclarations tapageuses se sont multipliées. Cela avait été fait avant le 22 février, «le portrait suspendu ou délicatement posé pour être glorifié» d'un chef d'Etat grabataire. Il y a eu aussi l'avalanche de marches de soutiens. Elles ont mobilisé des travailleurs qui ne produisaient plus rien parce que démobilisés par la corruption. Beaucoup ont crié leur dégoût. Le Hirak y a mis de l'ordre et a imposé le départ accéléré du désormais ex-président de la République.