Après une marche improvisée avant-hier par le mouvement des étudiants qui a décrété de lui-même une grève générale paralysant plusieurs facultés à Alger, la capitale et dans plusieurs autres wilayas, ils ont été, également, au rendez-vous à leur marche hebdomadaire qui arrive à son 42ème mardi consécutif de mobilisation accrue. A deux jours de la date butoir de la présidentielle, les étudiants accompagnés de leurs aînés et citoyens qui se sont joints à leur marche ont manifesté, massivement, pour rejeter pour une dernière fois le scrutin du 12 décembre et appeler à son «annulation ». C'était le mot d'ordre de la journée de manifestation des étudiants qui ont arpenté les grands boulevards du centre-ville de la capitale, et occupé chaque accès et allées. La marche des étudiants confortée par un mouvement des citoyens qui ont rejoint celui des étudiants afin de réaffirmer leur opposition catégorique à la présidentielle qu'ils qualifient de «mascarade et simulacre». Pour ce dernier mardi avant le rendez-vous électoral, le collectif des étudiants des universités d'Alger s'est imposé devant un dispositif policier disproportionné qui tente de les repousser vers la place Maurice Audin et réduire l'espace de leur expression et leur mobilité. Ce qui était difficile vu le déferlement des manifestants qui se bousculaient avec un sourire miné de craintes, d'appréhension et surtout d'incertitude quant à ce qui se passera d'ici quelques heures. Depuis plusieurs mois les mêmes slogans défilent, devenus une routine. Un mode déjà consommé aux premiers mois du soulèvement populaire a réapparu. Il s'agit du carton rouge brandi par les manifestants et les portraits des martyrs qui flottaient dans les airs, aux côtes de l'emblème national. Le désespoir, la peur et la tristesse marquent les expressions. Certains éclatent en sanglots, d'autres esquissent un sourire qui cachent un profond sentiment de doute. La révolution du sourire semble en pâtir ces trois derniers mois de l'absence d'alternative et des arrestations à la chaîne des activistes, mais surtout par l'organisation des élections. Faute de quoi, les manifestants réaffirment leur attachement aux revendications du 22 février et leur attachement à la consécration d'un Etat de droit, libre et démocrate, en dépit des divergences dans l'interprétation du concept. Tel est le constat fait de cette dernière mobilisation étudiante à 48 heures de la présidentielle, qui tient toute l'Algérie en haleine. « Notre objectif n'est pas atteint et l'élection devra être annulée », estime Yaris, un étudiant en science économie et a, à l'instar de ses camarades, promis « de radicaliser l'action de protestation si la conjoncture l'impose et le pouvoir maintient son délire ». Lui et ses camarades ont formé leur propre cortège qui scandait les mêmes slogans que les autres, mais qui a voulu se démarquer de la foule populiste, pour réaffirmer leur position en tant qu'étudiants, en particulier. Ils ont exprimé leur soutien total aux détenus d'opinion. Malgré les tensions et la haute surveillance, les étudiants ont battu le pavé en ce jour et promettent de sévir et de récidiver aujourd'hui.