En ce premier jour de l'année 2020, plusieurs dizaines d'habitants de la wilaya de khenchela ont organisé un sit-in demandant au président de la République, le départ du premier chef de l'exécutif. A tour de rôle, les manifestants ont pris la parole devant la presse, laissant exploser leur colère et s'indignant sur la situation sociale jugée, selon eux, plus que catastrophique. En effet, les autorités locales ne s'attendaient pas à ce débrayage le lendemain des fêtes de fin d'année. Des dizaines de ses habitants se sont donnés le mot la veille et se sont rassemblés, hier dans le centre-ville, plus précisément sur la place où se trouve une fontaine d'eau plus connue sous le nom de «Nafoura». Plusieurs contestataires ont pris la parole, brossant un tableau noir sur la situation sociale dans la wilaya de Khenchela. Un jeune s'est emparé du micro pour dire que : «Nous ne sommes pas contre la personne du wali mais nous ne voulons plus ce monsieur à la tête de la wilaya de khenchela. Je vous dis une confidence, j'ai obtenu un appartement, non pas par l'entremise de la commission de distribution ou par le chef de daïra ou le président de l'APC. C'est grâce à ce poteau que j'ai escaladé en menaçant de me suicider que j'ai obtenu ce logement». Un autre citoyen qui s'est présenté comme un élu a indiqué que le wali actuel est le 10e à la tête de la wilaya et le pire de tous les chefs de l'exécutif qui l'ont précédés. Les autres personnes qui ont pris la parole ont tiré à boulets rouges sur le premier chef de l'exécutif. «Il n'a rien fait pour la ville de khenchela depuis son installation à la tête de la wilaya», ont-ils indiqué. D'après les interventions des manifestants : « La wilaya de khenchela est l'une des plus pauvres des wilayas du pays. Contrairement à l'ensemble des autres régions, la wilaya de Khenchela est dépourvue du minimum de services publics. Nous n'avons ni gare ferroviaire, ni tramway, ni centre hospitalier universitaire (CHU), ni aéroport, ni usine, ni école paramédicale. Venez voir le secteur de la santé, il agonise. Lorsque les autres wilayas bénéficient de 20.000 à 15.000 mille logements, la wilaya de khenchela se fait octroyer 700 à 1200 logements et pas plus», ont-ils fait savoir. Pourtant, pendant la période coloniale, khenchela disposait d'une gare ferroviaire et même d'un aéroport militaire. «Au lieu de le transformer en un aéroport civil, la piste a servi à la construction de 700 logement, comme il n'y avait plus de terrain», ont-ils fait savoir. Ces derniers se sont interrogés également au sujet de la construction des gares ferroviaires et des aéroports dans les wilayas limitrophes, alors que la wilaya de khenchela a été marginalisée. «Si cela n'est pas de la hogra, c'est quoi alors ?» ont-ils expliqué. Les dizaines de personnes qui sont intervenues n'ont pas manqué de rappeler que les habitants de la wilaya de khenchela ont été les premiers à répondre «présent», lorsqu'il s'agit de la souveraineté, la stabilité et la sécurité de l'Algérie. Ils n'ont pas manqué d'ajouter que le déclenchement de la révolution a eu lieu à partir de cette wilaya. «Le Hirak a également débuté à partir de notre ville et s'est terminé dans notre ville», a fait savoir un autre orateur. Même les directeurs de l'exécutif et les élus n'ont pas échappé à la colère des manifestants. «Ils sont dans leurs postes, non pas pour le pays ou pour le peuple mais uniquement pour leurs intérêts personnels», ont-ils martelés. Certains manifestants ont demandé au ministre de la Justice de dépêcher une commission d'enquête pour constater, selon eux, la corruption et les dossiers transmis au parquet et à la cour des comptes qui végètent, selon eux, dans les «tiroirs». En sommes, nous avons tenté de joindre le wali, le directeur de cabinet, le chef de daïra, mais en vain. «Il n'y a personne pour traiter les doléances», nous a répondu un cadre au niveau de la wilaya. À signaler que les manifestants ont observé une minute de silence à la mémoire du défunt Gaïd Salah.
