Selon des sources fiables proches du ministère de la Santé, de la Population et de la réforme hospitalière (MSPRH), il a été décidé récemment de reconstituer la base de données relative aux évacuations pour soins à l'étranger de malades ou de personnes déclarées comme telles. La démarche se veut être le démarrage d'une opération d'évaluation financière en vue d'une éventuelle récupération des reliquats des fonds transférés vers les hôpitaux et autres établissements spécialisés en activité un peu partout à travers le monde. Interpellés, les députés n'ont pas donné leur avis. Ce qui n'est pas le cas du gouvernement. Via son MSPRH, il a décidé de faire appel à des bureaux d'études spécialisés disposant d'une expérience avérée en la matière. Ils auront pour mission de procéder à un rapprochement des données collectées au niveau des établissements ordonnateurs ou bénéficiaires de la prestation de service. Il était temps que pareille initiative soit prise par l'institution gouvernementale chargée de cet aspect. Ce qui n'a jamais été réalisé alors que des milliards ont été engagés pour des interventions médicales très onéreuses. La toute dernière rendue publique est celle de l'ex-président de la république Abdelaziz Bouteflika qui a exploité, autant que faire se peut, le fonds pour les urgences et les activités des soins médicaux» portant n° 302-096 et celui n° 302-138 intitulé «fonds pour la lutte contre le cancer». Les dispositions en question à l'origine de nombreux abus y compris les transferts pour soins à l'étranger de malades imaginaires. Ils avaient été approuvées par les membres de la commission des Finances et du budget de l'Assemblée Populaire Nationale. Le tour de vis donné récemment par le MSPRH est venu à point nommé pour reprendre la situation en main et mettre un terme à cette forme de détournement des deniers publics légalisé. Jusque-là, il faut reconnaître que la gestion des fonds destinés à la prise en charge des Algériens par le biais des évacuations sanitaires jusqu'à début 2019 n'a pas souvent fait l'objet d'un suivi rigoureux. Ainsi, certains hôpitaux n'ont pas toujours informé le trésor public lorsque les provisions financières déboursées n'ont pas été épuisées. Dans d'autres cas, ces provisions non restituées résultent de rendez-vous non honorés par des patients pour diverses raisons tels les cas de décès. C'est à l'occasion des réformes qu'il a réalisées dans le secteur de la santé que l'ex ministre de la santé Abdelmalek Boudiaf avait été interpellé sur cette question. Il s'était engagé à y mettre fin. Ce qu'il n'a pas fait. Ce que semble vouloir lui rappeler le trésor public en lançant cette opération de récupération de fonds investis dans les établissements de soins à l'étranger ou prétendus comme tel. Ce faisant, non seulement l'Etat prouve qu'il maintient le cap par rapport à l'assainissement des finances publiques, mais aussi, il démontre combien il tient à ce que les responsables du trésor public travaillent efficacement et utilement quand il s'agit de sauvegarde de la santé des citoyens. D'où cette question qui revient ces derniers mois dans les discussions des Algériens sur ce qu'il en est de la gestion et des équipements médicaux. «Tout doit être lié à la politique du secteur concernant le développement de la menace sanitaire et la prévention des maladies transmissibles, la disponibilité de la ressource humaine qualifiée, l'amélioration de la prise en charge des maladies chroniques et enfin l'amélioration de la qualité des soins et la disponibilité des médicaments». Pour l'heure, rien n'a été dit sur les abus liés aux dépenses des transferts pour soins à l'étranger. Comme rien n'a été dit sur les dépassements enregistrés dans la facturation établie par les établissements médicaux d'accueil implantés à l'étranger. Il reste que la majorité des membres de la commission ont préféré débattre de l'élargissement de la licence d'importation des véhicules de moins de trois ans aux véhicules Diesel. En fait, il s'agit d'un moyen de consolider le trafic de la devise dans notre pays. Comme l'a si bien dit un des députés : «Cette mesure profitera au marché noir de la devise». Rien, pas un mot sur le rapatriement des importantes sommes transférées vers les cliniques, pour soins à l'étranger. Elles n'ont pas servi pour diverses raisons et forment depuis des années des reliquats récupérables. Pour l'heure, ce sont des capitaux financiers dormants exploités au gré de l'humeur de ces établissements étrangers.