Alors que les Algériens attendent avec une certaine impatience les suites de l'affaire des 701 kg de cocaïne saisis au port d'Oran impliquant directement dix-neuf personnes, dont l'ancien directeur général de la sûreté nationale (DGSN), le général-major Abdelghani Hamel et des membres de sa famille, les Algériens sont à l'écoute de la moindre information sur les médicaments. Particulièrement en cette période où le virus chinois «Coronavirus» fait des ravages. D'où le peu d'intéressement que le citoyen algérien accorde à ce qui se passe à la barre du tribunal de Sidi M'Hamed (Alger). Rappelons que Hamel et consorts devaient être entendus sur, outre les 701 kg de cocaïne, des affaires de détournement du foncier et d'enrichissement illicite. Ces affaires s'ajoutent à plusieurs autres impliquant outre l'ex-patron de la DGSN, ses deux fils, son chauffeur et des complices dont d'anciens walis et des promoteurs immobiliers. Ils avaient été auditionnés fin avril 2019 au même titre que Kamel Chikhi, surnommé Kamel El Boucher sur la tentative d'introduction de 701 kg de cocaïne au port d'Oran. Bien avant de décider de la mise sous mandat de dépôt de tous les mis en cause, des commissions rogatoires avaient été dépêchées fin septembre 2019 en Colombie et au Brésil suspecté avoir fourni les 701 kg de cocaïne interceptés durant l'été 2018 au port d'Oran. Ces commissions étaient composées d'experts juridiques et membres des services de sécurité. Ils sont rentrés au pays porteurs d'éléments probants qu'ils ont remis aux instances spécialisées dans la lutte contre la drogue. Dans cette affaire, Kamel El Boucher, avait tenté d'influencer le cours de l'enquête sur des responsables et de hauts fonctionnaires algériens désignés à l'effet de mener à bien ses affaires. Face aux magistrats qui l'auditionnaient, cet individu avait nié tous les faits qui lui étaient reprochés. Ce dossier étant toujours en instance de jugement devant les magistrats du tribunal de Tipaza, voilà que les services de sécurité de différentes régions du pays en révèlent beaucoup d'autres. Drogues et psychotropes, fausses monnaies nationales et étrangères, faux médicaments et même immigration clandestine s'y mêlent. Formés généralement de plusieurs individus, tous aussi dangereux les uns que les autres, ils se transforment en réseau de trafiquants et de contrebandiers tous genres. Ils activent généralement dans les zones frontalières. Cela a été le cas cette dernière fin de semaine à Tamanrasset, la capitale du Hoggar. Omniprésents sur le terrain, les éléments des services de sécurité y ont découverts, bien dissimulés dans un camion de fort tonnage, 1.620.000 cachets psychotropes. Cette affaire a permis l'arrestation de deux jeunes individus. Elle s'ajoute à de nombreuses autres plus ou moins importantes. Autant de dossiers graves, qui suscitent inquiétudes et interrogations au sein des populations frontalières. Au vu des précédentes survenues au pays, cette affaire de faux médicaments à Tamanrasset donne du tournis aux observateurs de la scène politico-judiciaire nationale. Des affaires aussi rocambolesques voire surréalistes, sont en passe de faire légion de nos jours dans notre pays. Le cas de la saisie de 701 kilogrammes en est une parfaite illustration. Autant de faits qui poussent certains experts à vouloir coller à l'Algérie l'étiquette très peu enviable de «plaque tournante» de transit et de consommation de stupéfiants en provenance d'Amérique latine. L'argument avancé est que l'actualité de ces derniers mois est fortement marquée par des saisies d'importantes quantités de psychotropes et même de cocaïne. C'est à se demander si nos postes frontaliers que sont censés traverser quotidiennement tous les types de transport, sont aussi étanches qu'on veut nous le faire croire ? C'est en tout cas ce qui ressort du rapport annuel 2019 des activités de la Direction générale des Douanes. Notamment sa structure régionale de Annaba. Sur son rapport annuel, 2019, celle-ci fait état de la saisie de 119.000 cachets psychotropes. Le même rapport reste silencieux sur la saisie de drogue dure. Et pourtant, si l'on se réfère à celles opérées par les services de sécurité à l'intérieur du pays, des saisies inédites sont opérées. Il reste que le trafic des faux médicaments tourne en roue libre. Ses principaux acteurs activent normalement. Ils s'adonnent au vu et su de tout le monde à la vente illicite de faux médicaments. Les chiffres livrés par l'Organisation mondiale de la santé (Oms) font froid au dos ! Cette institution planétaire fait état de 800.000 personnes qui meurent dans le monde à cause des faux médicaments. Cela ne semble pas choquer les responsables algériens de ce secteur au plus haut niveau de l'Etat. Pour, au moins, organiser, encadrer et faire en sorte que le médicament soit l'apanage du pharmacien. Mais, hélas, en Algérie, ce secteur peine malheureusement à faire appliquer la réglementation laissant les criminels vaquer librement à leurs occupations. Ce cocktail de contrefaçon de billets de banque, de trafic de stupéfiants, de médicaments contrefaits, qui n'est pas sans conséquence sur l'économie du pays et sur la santé des populations, risque de plomber à jamais cette émergence tant chantée au lendemain de l'élection du nouveau Président.