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La recherche d'une vérité sur certains épisodes de la colonisation (XIII)
Lettre à René
Publié dans La Nouvelle République le 25 - 10 - 2021

À son ami René, mais en fait aux générations montantes, Kamel Bouchama rappelle ce qu'entraîna l'acte odieux adopté par le parlement français en janvier 1830. Hélas, cinq mois après, les hordes colonialistes, commandées par de Bourmont, débarquaient sur la presqu'île de Sidi Fredj, amenant ainsi l'Algérie à engager une lutte incessante pour son indépendance... L'avenir, dit l'auteur de « Lettre à René » en filigrane, appartient aux peuples qui le construisent ensemble, une fois soustraites les lourdeurs du passé. Là, où notre vieille garde militante n'a pas cru bon devoir consigner son témoignage, ce livre vient au bon moment. Il devrait de ce fait, être mis entre les mains de tous les jeunes. Hassen Abou Ali El-M'sili, plus connu sous le nom d'Abou Hammed El-Ghazali junior, a été le savant et le mufti de Béjaïa au XIIe siècle. El-Ghobrini trouve qu'il fut meilleur que Abou Hammed El-Ghazali, le vrai. Ses propos ont montré qu'il possédait les sciences réflectives et les sciences transmises, qu'il maîtrisait la physique et la métaphysique.
Abou Ishaq Ibrahim, originaire de Ténès, a été un illustre savant de la fin du XIIe siècle. Il jouissait d'une notoriété qui s'étendait à tout le Maghreb.
Les deux enfants de l'Imam Mohamed, personnage vénérable, de la fin du XIIIe siècle, également originaire de la ville de Ténès, ont été accueillis à Tlemcen par Abou Hammou Ier. Leur crédibilité et leur influence en matière de culture, ont été telles que leur intervention auprès d'Abou El-Hassen, roi de Fès, a suffi à arrêter le pillage de la ville de Tlemcen par les Mérinides. Il existe aujourd'hui une petite mosquée à Tlemcen qui porte leur nom : «La Mosquée des Ouled El-Imam», Ibn Sab'in, l'élève de Bou Médiène fut prolifique. Il devint célèbre grâce aux «Lettres de Sicile» (Rassaïl Siqilia) qui ont été traduites dans plusieurs langues.
Abou Abdallah Mohamed Ibn Ali Ibn Hammad Es-Sanhadji se distinguait des autres intellectuels. Il a écrit de nombreux ouvrages dont les plus importants : «Ennoubadh El-Mouhtadja Fi Moulouk Sanhadja et Mafakhir El Berber», Abou Abdallah Charaf Ed-Dine Mohamed Ibn Saïd Ibn Hammad Ibn Abdallah Es-Sanhadji, plus connu sous le nom d'El-Boçaïri, était originaire de Dellys, d'autres disent de Qalät Beni Hammad. Il nous a laissé un riche répertoire poétique dont cette fameuse poésie intitulée «El Borda», de 162 vers et qui célèbre les mérites de notre Prophète Mohamed (QSSSL). Tous les Arabes lui trouvent des origines chez eux. C'est noble de leur part, mais El-Boçaïri est bel et bien Algérien.
Abou Abdallah Mohamed Ibn Mohamed Ibn Daoud Ibn Adjeroum ou comme l'appelaient d'autres Ibn Adjroum Es-Sanhadji El-Mazighi El-Maghribi (Adjeroum en tamazight signifie le pauvre et le mystique). Il a été un grand savant en matière de grammaire surtout et en littérature. Il possédait d'amples connaissances en mathématiques. Le traité de grammaire «El Adjroumiya» qui porte son nom a été rédigé au pied de la Kaâba. Ce magnifique grammairien qui succède au grand, à l'illustre érudit Sibaweyh, est un enfant de Guerrouma, une commune de la région de Lakhdaria, dans l'actuelle wilaya de Bouira.
Abou Ishaq Ibrahim Ibn Abi El-Feth Ibn Abdallah El-Houari, plus connu sous le nom d'Ibn Khefadja El-An-daloussi, le plus grand poète de son siècle, dont les plus belles poésies sont chantées jusqu'à aujourd'hui par les grands maîtres de l'andalou, est un enfant de la région d'Oran. Il vient de cette tribu berbère sanhadji des Ourigha et dont sont issus les Maghraoui et les Houari, dont Sidi M'hamed El Houari, le saint patron d'Oran.
Dans cet ordre d'idées, arrêtons-nous à quelques savants, et pour cause. Arrêtons-nous à ces pontes du savoir que le colonel Trumelet, entre autre, rabaissait au niveau de ces anachorètes attardés, de ces «ardents marabouts», avides d'alchimie et d'ensorcellement, ou à ces «thaumaturges à cheval dont le cœur est chauffé à la haute température de la république des sables » – je l'ai déjà dit – alors qu'ils étaient de fervents érudits. Ainsi, pour mieux les connaître et, à travers de nombreux autres, faire connaître cette brillante Histoire culturelle de l'Algérie qui fut couverte de distinction et de grandeur, je me résumerai à quelques informations les concernant qui puissent te faire découvrir ce bouillonnement d'idées qui représentait toute la force de notre attachement au progrès et au développement des sciences. C'est d'ailleurs mon but en t'écrivant dans cette lettre.
Abderrahmane Etha'alibi, le maître et le saint patron d'Alger, (XIVe siècle) fut le prédicateur, l'enseignant, le chercheur, le théologien, le philosophe, l'écrivain, le poète, le voyageur, bref le savant distingué qui avait le souci de présenter des œuvres tout en beauté. Sous son étoile, Alger a connu en cette période, un rayonnement culturel et scientifique des plus conséquents, à l'image des autres capitales du Maghreb et du Machreq. Il y avait une rue spécialement réservée pour les œuvres et les compilations de grands savants. Cette rue était fréquentée par tous les lettrés de la ville et par les étudiants dont le nombre augmentait d'année en année. Un des ministres du Maghreb, Mohammed Et-Tamekrouti écrivait, après l'avoir visité :
«Alger est une ville bien peuplée. Les demandeurs de savoir sont non seulement très nombreux mais aussi bien instruits, les livres existent en abondance, en tout cas il y a plus de livres à Alger que dans toute l'Afrique.»
Etha'alibi a connu un parcours rempli de bonnes œuvres et a consacré tous ses efforts durant cinquante ans à l'enseignement et à l'éducation des jeunes. Il s'est voué également à l'étude et à l'interprétation du Saint Coran. Il le fit tellement bien, avec amour, qu'il fut congratulé par l'ensemble des savants de son époque. Il est à signaler que des exemplaires de cette saisissante exégèse ont été envoyés partout, dans le monde musulman, en plus des quantités qui ont été distribuées à Alger, Béjaïa, Tlemcen et Fès. Un de nos grands professeurs, Mustapha Belkhodja (XIXe siècle) a présenté l'exégèse de Tha'alibi comme :
«Une relique pour les savants et un trésor pour les étudiants ».
Quant au mufti d'Alger, Ibn Zekri Mohamed Ibn Saïd Ezzouaoui, il s'exclama :
«Et comment ne pas la considérer comme un trésor alors que c'est une remarquable exégèse du Livre Saint, une exégèse dénuée de toute suspicion, d'aberration et de tromperie ? ».
Enfin, Abderrahmane Etha'alibi, le savant plein d'altruisme et de sacrifice qui a mérité amplement son nom «le célèbre patron d'Alger», a été, comme ses prédécesseurs, un écrivain émérite. Son importante compilation rédigée dans un style d'une rare beauté, démontrait déjà en son temps, la morale qu'il tenait à transmettre pour éduquer et raffermir la foi de ses disciples. Cette œuvre a été traduite par Laurès et reprise par Emile Dermenghem.
Que dire de cet autre savant, M'hamed El Houari, le saint patron d'Oran ? Il fut, disent les historiens, très en avance sur son âge, de par ses capacités et son intelligence. Il enseigna chez lui, à Oran, et à Fès où il se consacra à l'éducation des jeunes. Il leur enseigna la jurisprudence islamique (Le Fiqh) et la littérature arabe. Il composa, très jeune, son magnifique ouvrage «Es-sehw oua ettembih», (L'oubli et l'avertissement). Les historiens relèvent, non sans fondement d'ailleurs :
«Qu'il y avait foule à ses leçons, car, au dire de ses disciples, jamais on n'avait entendu une diction comparable à la sienne».
Sidi El Houari jouissait, comme certains savants du pays, du don de poète. Aussi s'en est-il servi fréquemment dans ses «medh», ces pièces de poésie religieuse. Il en a rédigé de très belles, mais hélas les archives n'ont pas été généreuses à notre égard pour que je puisse l'être à mon tour et te parler de son riche patrimoine. Enfin, Brahim Tazi, son disciple et chargé de continuer son œuvre, un savant de toutes sciences, une mine de connaissance, un modèle de bonté et de générosité, écrivait une lettre à ses parents qui étaient fixés au Maghreb, dans laquelle il disait :
«Je ressens maintenant la supériorité des leçons de M'hamed El Houari. Aujourd'hui je puis heureusement enseigner le Précis de jurisprudence de Sidi Khelil, sans avoir besoin de consulter le commentaire».
Ibn Abdelkrim El-Maghili, (XVe siècle) cet enfant de Tlemcen a été un savant réformiste et un imam combattant. Il a été le vingtième savant de la lignée des Maghili qui commence par Ilyes El Maghili aux environs des années 50 de l'Hégire (VIIe siècle ap. J.-C).
Il a été aussi cet homme illustre dont l'œuvre peut être considérée comme un élément important dans l'unité de l'Afrique. Pour ce qui est de son combat, on peut dire qu'excédé par le comportement des Sultans de l'époque qui régentaient le royaume de Tlemcen, indigné par leurs agissements et surtout par leur façon de traiter leurs sujets, touché également par le silence, ou la complaisance, des érudites et des hommes de sciences, l'imam a émigré dans la région du Touat. Il pensait trouver la satisfaction morale, loin de Tlemcen, dans les Ksours de Tamantit, Assamelal, Aoulef, Zaouiet Kounta et Fenoughil, des noms qui évoquent l'Histoire sans la questionner... Cependant au bout d'un certain temps, il fut contraint de se soulever contre les juifs, non pas à cause de leur croyance – ElMaghili, l'homme de religion, a enseigné la tolérance et le respect du culte des autres – mais parce que ces derniers dictaient aux gouverneurs de la région la conduite à suivre en même temps qu'ils détenaient tous les pouvoirs et certains poussaient le ridicule jusqu'à se faire passer pour des imams, officiant dans les mosquées. En entamant ce conflit ouvert, l'homme de foi et le combattant savait qu'il partait sur un terrain difficile où les cultures allaient s'affronter à grands tournoiements des cimeterres, mais il voulait concevoir cette «unité menacée par des diktats de seigneurie».
Pèlerin infatigable, El-Maghili a poussé ses investigations jusqu'en Afrique occidentale pour porter très haut la voix de la raison et, bien sûr, celle de la logique dont il était un fervent adepte. À vrai dire, il a été convoité à cause de sa réputation dans le Touat, par les Sultans de l'Empire du Songhaï, cet Empire soudanais, lié à la vallée du Niger, qui s'était caractérisé par une riche culture pour atteindre son apogée au XVe siècle. Ce voyage pour l'expansion de l'Islam aux confins de l'Afrique, lui a été facilité par les grandes relations commerciales qui existaient déjà. Ainsi, il allait prendre des choses plus importantes dans ses bagages : des idées qu'il devait semer et qui seront reprises durant des siècles. A ce propos, nous n'en voulons pour preuves que ces nombreuses recherches historiques qui ont été réalisées sur son influence en Afrique. De plus ses correspondances à caractère politique, sa vision en terme de jurisprudence et son œuvre la «Rissala» sur les attitudes qu'un souverain musulman doit adopter à l'égard de ses sujets et comment il doit régner, une œuvre rédigée à Kano, pendant son long séjour, ont fait l'objet de thèses de PHD à l'université de Londres par le Nigérian Hassan Ghawrso, par le professeur de chaire au Ghana et par l'Anglais John Honek, devenu Président du centre d'études africaines au N. Western aux USA. Cependant, une importante correspondance, qui reste historique, est celle par laquelle il avait engagé un sérieux débat avec le savant égyptien Jalal Eddine El Souyouti, sur le concept de la logique. Cette remarquable épître a été largement diffusée et commentée par l'ensemble des hommes de science.
Assurément, il reste beaucoup à dire sur cet éminent érudit car il véhicule une Histoire, pleine d'événements, que nos jeunes et nos amis d'«ailleurs» ne connaissent pas, malheureusement, mais que «les maisons de toub ocre se murmurent quand se lève le vent de sable». Oui, il reste beaucoup à dire pour que nos jeunes, nos amis et les générations futures sachent que nos ancêtres ont marqué l'Histoire..., cette merveilleuse Histoire des Hommes !
(A suivre)


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