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Face aux bouleversements géostratégiques et les enjeux énergétiques en Méditerranée
Algérie
Publié dans La Nouvelle République le 09 - 04 - 2022

La crise ukrainienne préfigure d'importantes mutations dans les relations internationales, militaires, sécuritaires, politiques, culturelles et économiques, notamment au niveau de la région méditerranéenne via l'Afrique, où la crise actuelle a des impacts sur le cours du pétrole/gaz, mais également sur la sécurité alimentaire dont la Russie et l'Ukraine représentent en 2021, 30% des exportations mondiales.
Cette contribution doit beaucoup aux rencontres internationales organisées par la revue Passages/Adapes Paris/ France et au forum mondial du développement durable, composé d'éminents experts mondiaux, auxquels je participe régulièrement
1.- Du fait de la dépendance énergétique de l'Europe, selon la société MEDGRID, les interconnexions électriques en Méditerranée peuvent être un facteur de co-développement. Les besoins électriques sont complémentaires : la pointe de consommation d'électricité en Europe (France, Allemagne, Pays du Nord...) se situe généralement en hiver, alors que dans les pays du Sud, compte tenu des systèmes de refroidissement (appelés à se développer avec l'amélioration du niveau de vie), elle se situe en été. Selon toujours Medgrib, l'acquisition des turbines nécessaires pour satisfaire cette pointe de consommation coûterait plus cher que l'interconnexion avec les réseaux du Nord qui, compte tenu des vacances et des températures clémentes, sont alors peu chargés. Nous savons par ailleurs que le sud de la Méditerranée est mieux placé que le nord pour exploiter les énergies renouvelables.
L'ensoleillement y est deux fois plus important. Quant à l'éolien terrestre, il y a des sites extrêmement favorables, avec des durées de fonctionnement qui sont sensiblement le double de celles des sites allemands ou français. Ainsi il est très souhaitable d'échanger de l'électricité tantôt dans un sens tantôt dans l'autre: l'électricité conventionnelle de l'Europe vers l'Afrique dans les périodes d'été; l'électricité d'origine renouvelable de l'Afrique vers l'Europe dans les périodes d'hiver. Les interconnexions correspondantes permettent en outre de mieux gérer les problèmes d'intermittence inhérents au solaire et à l'éolien car, lorsque les productions du Sud seront insuffisantes, l'Europe pourra fournir le complément en électricité traditionnelle. On peut envisager l'utilisation de lignes à courant continu qui permettent de réduire les pertes à environ 3% pour mille kilomètres; Dès lors, l'électricité ainsi produite coûte deux fois moins cher au sud qu'au nord, ce qui la met sensiblement au niveau des prix moyens pratiqués sur les marchés européens (40 à 50 € le MWh).
Toutes les conditions de base sont donc réunies pour que l'Afrique produise massivement des énergies renouvelables et envisage des programmes ambitieux. Ainsi Désertec représentait 400 G€ d'investissements, mais ce projet est en sommeil depuis le retrait de Siemens et on ne sait pas très bien quel sera son avenir. Les échanges énergétiques entre les deux rives de la Méditerranée doivent donc s'envisager dans le cadre de la transition énergétique qui s'impose de par la rareté des ressources. Les marchés aussi bien au Nord qu'au Sud devraient croître à un rythme de plus de 7% au Sud et 2 à 3 % au Nord. Pour Tewfik Hasni, expert algérien dans les énergies renouvelables, le mix énergétique de demain sera à forte dominance électrique, puisque selon Shell, le marché de l'électricité devrait augmenter de près de 80% d'ici à 2040. Les énergies fossiles vont aller en décroissant, certes plus rapidement pour le pétrole. Cependant sans une rationalisation dans l'utilisation du gaz, la décroissance devrait aussi s'accélérer, bien que les ressources en pétrole et gaz soient dominantes. Il est important de savoir que le solaire thermique devrait représenter la ressource la plus importante pour la génération électrique. L'hybridation avec le gaz devrait lui permette d'ores et déjà d'être compétitif avec les alternatives comme le nucléaire et le gaz. Les autoroutes électriques en courant continu pour traverser la Méditerranée vont servir à satisfaire les besoins grandissants de la côte méditerranéenne de l'Europe. La supraconductivité achevée par un refroidissement à l'hydrogène liquide sera la solution à moyen terme pour satisfaire les besoins de l'Europe du Nord.
En effet des pipes transportant de l'hydrogène liquide permettront de transporter aussi de l'électricité dans des câbles supraconducteurs. L'hydrogène pour sa part sera produit par un craquage de l'eau en utilisant du solaire thermique à 1300 °C. Les premiers résultats laissent envisager des suites prometteuses. Il est entendu qu'il faille être réaliste, à court et moyen terme, les fossiles traditionnels seront encore déterminants L'énergie apparaît donc aujourd'hui comme un puissant facteur de coopération et d'intégration entre les deux rives de la Méditerranée pouvant fournir le lien structurant qui permettra de concrétiser des projets concrets, mais aussi de préparer l'élaboration d'un concept stratégique euro-africain.
2.-Concernant la Méditerranée via
l'Afrique doit être pris en compte les nouvelles mutations énergétiques. Le polytechnicien Jean Pierre Hauet de KP Intelligence.note à juste titre que la scène énergétique s'anime en Méditerranée avec au moins trois grands champs de manœuvre dont il est intéressant d'essayer de comprendre les tenants et d'anticiper les aboutissants. Nous aurons ainsi trois théâtres d'opérations.
Le premier théâtre est celui des énergies renouvelables (éolien, solaire à concentration, photovoltaïque) qui s'est caractérisé par le lancement de grandes initiatives fondées sur l'idée que le progrès technique dans les lignes de transport à courant continu permettrait de tirer parti de la complémentarité entre les besoins en électricité des pays du Nord et les disponibilités en espace et en soleil des pays du Sud. On parlait alors de 400 M€ d'investissements et de la satisfaction de 15 % des besoins européens en électricité. Aujourd'hui le projet Desertec est plutôt en berne, du fait notamment du retrait début 2013 de grands acteurs industriels, Siemens et Bosch, et du désaccord consommé en juillet 2013 entre la fondation Desertec et son bras armé industriel la Desertec Industrial Initiative (Dii). La Dii poursuit ses ambitions d'intégration des réseaux européens, nord-africains et moyen-orientaux, cependant que la Fondation Desertec semble à présent privilégier les initiatives bilatérales au Cameroun, au Sénégal et en Arabie Saoudite. Le deuxième théâtre d'opérations est plus récent : il a trait à la découverte à partir de 2009, de ressources pétrolières et gazières en offshore profond, dans le bassin levantin en Méditerranée Est. Israël est le premier à avoir fait état de découvertes importantes sur les gisements de Dalit, Tamar et plus récemment de Léviathan. Ce dernier gisement, localisé sous la couche de sels messinienne, semble très important et entrera en production en 2016. Des forages sont en cours afin d'aller explorer les couches encore plus profondes qui pourraient contenir du pétrole. Chypre (Aphrodite – 2011) et la Grèce ont également trouvé des réserves apparemment considérables de gaz, toujours dans le même thème géologique qui était resté largement inexploré jusqu'à présent. Toujours selon l'auteur, Chypre, la Grèce et Israël ont reconnu leurs zones économiques exclusives en Méditerranée et le 8 août 2013 ont signé un mémorandum sur l'énergie qualifié d'historique, incluant notamment la construction d'une usine de GNL à Limassol et réalisation d'un câble de 2 000 MW entre Chypre et Israël. Mais existent des possibilités de conflits, du fait de la non délimitation claire des espaces , à l'instar de ce qui se passe en mer caspienne, du fait des protestations des les nations voisines comme l'Egypte, le Liban, la Turquie protestent tout en n'oubliant pas la Syrie qui peut également revendiquer des droits sur une partie du bassin. Le troisième théâtre d'opérations a trait à la prospection et à la mise en valeur éventuelle des gaz de schiste où les USA sont devenus les premiers producteurs du monde ,mais cette prospection doit tenir compte de la protection de l'environnement
3-L'objectif stratégique est de mettre l'énergie au service de la croissance et de l'emploi des deux rives de la Méditerranée et de l'Afrique. La Méditerranée, un bassin grand comme cinq fois la France, ne représente que 0,7% de la surface des océans, mais constitue un des réservoirs majeurs de la biodiversité marine et côtière, avec 28% d'espèces endémiques, 7,5% de la faune et 18% de la flore marine mondiale. C'est une des mers les plus polluées du monde. C'est une mer sans marée dont l'eau met plus d'un siècle pour se renouveler mais qui voit passer 30 % du trafic maritime mondial et dont la faune et la flore sont en danger. Des « navires voyous » dégagent près de 200.000 tonnes d'hydrocarbures dans la Méditerranée chaque année. Environ 290 milliards de micro plastiques flottants sur les 10 à 15 cm d'eau dérivent en Méditerranée, selon les données recueillies lors des deux campagnes scientifiques de l'Expédition MED, menées en 2010 et 2011 en mer Méditerranée nord-occidentale. La crise économique et financière a remis au premier plan les questions de croissance et de compétitivité misant pour résoudre le chômage et rembourser la dette sur la seule augmentation du produit intérieur brut et semble mettre de côté les problèmes d'environnement.
La production d'un seul kilo de viande de bœuf demande 4 à 5 kg d'aliments et 15 000 litres d'eau au niveau mondial. Plus d'un milliard d'êtres humains n'ont pas accès à l'eau potable et 250 millions de personnes sont affectées par la désertification. Et si la Chine et l'Inde notamment pour le transport et l'alimentation adoptent le même modèle de consommation que ceux des pays développés qui concentrent la majorité de la richesse mondiale qu'adviendra-il de notre planète? La compétitivité d'un pays peut diminuer s'il y a détérioration environnementale, se traduisant par une baisse du surplus collectif par des allocations supportées par la collectivité comme le coût des maladies, les congés de maladie et la destruction de la biodiversité.
Par exemple, le déclin des populations d'abeilles ayant le rôle de pollinisation influe sur la productivité agricole. Selon certaines études scientifiques, 12% des espèces d'oiseaux, 23% des mammifères, 32% des amphibiens, 42% des tortues, et un quart des espèces de conifères sont menacés d'extinction mondiale. Chaque jour, 50 à 100 espèces disparaissent, tels que la sole qui a vu sa population chuter de 90% en 25 ans au niveau mondial.
Or l'économie verte , dans le cadre d'une symbiose de développement durable entre le Nord et le Sud sachant que plus d'un milliard d'êtres humains n'ont pas accès à l'eau potable et 250 millions de personnes sont affectées par la désertification peut stimuler la croissance par la création d'unités de hautes technicités grâce à l'innovation tout en préservant l'environnement. Tout en étant réaliste, les énergies fossiles seront encore pour au moins deux décennies dominantes. Il s'agit de réaliser des choix stratégiques aujourd'hui, de réaliser des arbitrages qui déterminent le profil de l'appareil productif de demain. Cela peut être une opportunité pour enclencher de nouveaux investissements dans la dépollution de la méditerranée et des segments des énergies renouvelables et surtout l'hydrogène, énergie de l'avenir.
Professeur des universités, expert
international Dr Abderrahmane


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