L'aube du vendredi 7 novembre 2025 s'avère glaciale sur le col du Tirourda à plus de 1.750 mètres d'altitude. Après un bon café pris pas très loin de là, l'équipe de randonneurs est réunie sous l'égide de l'organisateur principal du Grand Trek de Kabylie, Smaïl Belabbas monté sur un escarpement qui surplombe la masse grouillante en train de s'échauffer, lampe frontale allumée, selfies actifs et enthousiasme à toute épreuve, demande d'abord une minute de silence dédiée à Ahcène Louffar collaborateur dévoué et ami du GTK de Kabylie qui nous a quitté il y a quelques jours déjà. Smaïl Belabbas en organisateur avisé essaie de garder en place les quelques centaines de candidats à la grande aventure de 70 kilomètres en 16 heures qui va les mener par monts et par vaux en leur demandant un répit sur les photos et en donnant des indications précises que ce Trek n'est pas une compétition mais bien un chalenge ou chacun doit aller à son rythme, c'est donc : «Une aventure humaine, une épreuve de courage, un hymne à la montagne et à la nature. Le froid pique les visages, la brume danse au-dessus des cèdres, et le silence de la montagne semble retenir son souffle. » Il est exactement 6h25, le départ est lancé dans la plus grande liesse dans un froid surnaturel, au point ou les concurrents crient de froid dans un humour bon enfant en marchant rapidement sur les chemins pierreux de la grande montagne. « Le grand trek commence ici, là où les routes s'arrêtent et où ne restent que les sentiers tracés par le vent et le pas des anciens. Les marcheurs s'élancent, sacs bien serrés sur le dos, les cœurs légers, avec une énergie débordante. C'est ainsi que dès les premières pentes, le dénivelé positif se fait sentir. Les muscles chauffent, la respiration se cale sur le rythme des pas. » Le parcours s'enchaine au rythme des reliefs escarpés aux allures majestueuses donnant du courages aux multiples marcheurs adeptes de sports de montagne et de marche nordiques qui n'oublient pas de redescendre vers le col de Chelata « qui dévoile un panorama grandiose sur les crêtes, et dans les forêts profondes qui veillent sur les vallées encore endormies. Dans ce chalenge chaque virage est une lutte contre soi-même, chaque souffle est une victoire sur la fatigue. Et alors Ath Zikki, apparait perché à portée de vue, posé comme un balcon sur l'horizon. Le soleil commence à imposer ses rayons bienveillants, la lumière se fait plus forte, les visages ruissellent de sueur, mais les regards brillent. La montée en dénivelé positif ardu vers le col de Chréa met les genoux à rude épreuve, et l'enchainement sur le dénivelé négatif mord les jambes et les plie sous la contrainte du rythme, mais le moral reste solide. Ici, la montagne pardonne très peu les fautes d'inattention, mais elle récompense ceux qui l'écoutent, par ses silences magnifiques, la beauté de ses atours, et la grandeur de sa majesté. Au loin, se dresse la superbe Timezguida à 611 mètres d'altitude avec ses pentes abruptes, son sommet mythique, et cette impression d'être minuscule face à l'immensité. Les plus courageux y gravissent les derniers mètres, les mains sur les roches, les cœurs battants. Là-haut, la montagne s'étend comme une mer de reliefs et de lumière. C'est le royaume du vent, du courage et des rêves. La redescente vers le lieu-dit Anza secoue les articulations, mais redonne de l'espoir aux trekkers, ici, l'eau, la verdure, les sourires des habitants accueillants sont magiques. Les marcheurs reprennent leur souffle près du lac TDA, un miroir tranquille perdu au milieu des collines. La fraîcheur de l'eau fait du bien aux visages, le chant des oiseaux, redonnait le souffle aux marcheurs. L'étape suivante d' Ighil Aferdhas, est un passage exigeant, pierreux, escarpé, et pourtant sublime par les paysages qu'il offre aux regards. Au fil de ce chalenge exigeant mais possible les corps sont endoloris, les ampoules se font sentir, certains boitent, pendant que d'autres serrent les dents. Mais personne ne recule car ce trek est avant tout un défi sur soi-même, une épreuve d'endurance, de solidarité et de foi en un objectif ultime, arriver au bout de nos limites. Dans cette étape qui commence à préfigurer la fin du parcours, la nuit tombe, et sous les étoiles, les lampes frontales s'allument montrant le chemin de la traversée nocturne vers Chréa. Les silhouettes se découpent dans le noir et avancent vaillamment dans un silence presque sacré. Chaque pas devient méditation, chaque souffle, une prière. Puis, au loin, une lumière : le col de Chréa, une seconde fois atteint. L'exploit réalisé devient alors un symbole de persévérance et de dépassement. La dernière étape de ce Trek sensationnel mène vers la dernière descente en direction du village d' Ahriq, village mythique de Bouzeguène, la marche n'est plus aussi rapide même si la barrière de temps limite l'exploit à 16 heures, elle se fait dans la douleur mais avec le sourire. Les corps sont fatigués, les visages marqués, mais les yeux... les yeux brillent d'une fierté immense. Les cris de joie retentissent à l'arrivée, les accolades se multiplient, les émotions débordent. La Remise des médailles, t-shirts, et diplômes de participation sont autant de symboles d'un exploit collectif et personnel. On dira aussi qu'en milieu de parcours toute l'organisation avait donné des médailles, des tee-shirt flockés aux couleurs du GTK. Les rires remplacent les douleurs, les souvenirs naissent autour du feu, et chacun sait, au fond de lui, qu'il vient de vivre bien plus qu'une marche. C'était donc certes une épreuve très difficile, mais aussi une renaissance, un voyage intérieur. Le Grand Trek de Kabylie dans sa 8ème édition a été un défi, une aventure, un hommage à la montagne et à l'âme des randonneurs. Félicitations et remerciement à toutes et tous les organisateurs en particulier H'mida Touami par son humour, aami Said Adjou pour son immense disponibilité comme guide et Smail Smail Belabbas pour son organisation , et aussi à tous les participantes et les participants courageux, enjoués, résistants, en particulier Ali Boughni qui a bercé les participants sa voix mélodique des chansons ancestrales. Bravo et à la 9e édition. » J. Gassouma et Ahmed Oumeri