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VIES PARALLELES
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 23 - 11 - 2017


Livres
1994. Roman de Adlène Meddi. Editions Barzakh. Alger 2017. 345 pages, 800 dinars.
Les années 90. Le terrorisme et le contre-terrorisme. Mais, aussi, une lutte antiterroriste clandestine (pas de sigle, pas de nom) menée par quatre jeunes gens - des lycéens harrachis, dont certains ont pour parents des anciens membres d'un réseau de résistance anticolonial et dont l'un n'est autre que le fils d'un général des services spéciaux... en activité - ne demandant qu'à vivre leur jeunesse, révoltés par le meurtre de leurs proches et amis.
1994, c'est l'histoire d'un quartier populaire, El-Harrach, pris dans le piège infernal de la violence dont il était difficile de se sortir indemne... pour ceux qui sont heureux de s'en sortir vivants. Une guerre ne disant pas son nom... les uns pratiquant la terreur (attentats, meurtres, enlèvements, vols et viols...) pour imposer un nouvel ordre théocratique et les autres (tout particulièremnt les services de sécurité, à leur tête les services spéciaux de l'armée) pratiquant une défense qui, bien souvent, ne fait pas dans le détail. Œil pour œil, dent pour dent.
La violence de 1994, héritière de celle vécue durant les années 50 et début 60 ?... A peu près les mêmes moyens, avec souvent les mêmes hommes (qui ont pris du galon pour certains), mais pas les mêmes acteurs et encore moins la même problématique. D'autant que la violence devient souvent gratuite lorsqu'elle a pour ressort la vengeance et la haine de l'autre. D'autant que par un mystérieux processsus d'identification, imitant (presque parfaitement) les pères (ces «héros» si présents et si lourds !), et la guerre n'étant plus une guerre mais un massacre, «un carnage quotidien et banalisé», les enfants se mettent à déraper... D'abord «donner» des noms en fournissant anonymement des infos... puis abattre des (vrais ou prétendus) terroristes. C'est-à-dire «concurrencer» les services «autorisés» et, donc, titiller les suceptiblités.
Plus dure sera la chute: dix après, Amin, le fils du général des services, devenu, lui aussi, membre des «s'rabass», mais n'ayant pas supporté une rupture amoureuse (avec la propre soeur de celui qu'il avait tué) terminera sa vie interné à l'hôpital psychiatrique et placé sous surveillance sévère afin que ses activités passées ne soient pas dévoilées (car ne répondant pas aux plans de la lutte antiterroriste «officielle») et son ami Sidali (qui avait perdu un cousin gendarme admiré, abattu par des terroristes, ce qui a rendu folle sa maman), qui a continué sa «lutte» en exil (contre les terroristes réfugiés en France), sera vite arrêté à son retour au pays... et encore plus vite «réduit» au silence.
Deux guerres, deux générations, des jeunesses éclatées, des vies douloureuses, en perpétuel sursis. Le cauchemar a continué, renouvelé, malgré la paix revenue ! Et, est-il terminé ? Pas sûr, même si un protagoniste affirme que «nous n'avons jamais existé. Nous ne sommes pas». La guerre d'hier, et celle d'avant-hier ont bien eu lieu et les «quelques traces qui sont dans nos têtes ou au cimetière» ne seront jamais effacées.
L'auteur: Né en 1975 à Alger. Etudes en journalisme (Alger) et en sociologie (Marseille). Journaliste au quotidien «El Watan», collaborateur à divers médias dont «Le Point» et «Middle East Eye». Déjà auteur de deux romans: «Le casse-tête turc» (2002), et «La Prière du Maure» (2008). A participé à un ouvrage collectif: «Jours tranquilles à Alger: Chroniques» (2016). Anime actuellement la rédaction d'«El Watan week-end».
Extrait: «La guerre se réveillait partout. Quand elle était là, elle purifiait salement le monde, le détruisant pour en créer un autre. Mais, quand elle revenait à travers les récits et la mémoire, ou des visages faussement affables... la guerre devenait un poison individuel et non plus un massacre collectif qui se banalisait en même temps qu'il faisait bondir le nombre de victimes et l'étendue de son terrain». (p 44)
Avis : Livre dense et puissant, c'est indéniable. Du très bon roman noir qui manque beaucoup au paysage éditorial national; certainement la «peur» de s'intéresser aux forces de sécurité. Le poids du passé, encore. Livre écrit avec minutie. Par ailleurs, il décrit, avec force détails (il a osé !), le fonctionnement mental et le comportement des «forces de l'ordre» et... celui des «forces obscures». Comme s'il y était. Le Service national, sans doute, la curiosité intellectuelle du journaliste reporter certainement... Vous saurez, aussi, tout, ou presque tout, sur El Harrach... d'avant (trois belles pages - 85-86 et 87... «Dans cette ville honnie et détestée, parce qu'ici…»).
Citations: «L'exil a un sens de non-sens, qui fait perdre le sens de la terre et de l'espace» (p 51), «On ne peut aimer que si on a un peu d'amour en soi» (p 66).
Le dernier des livres. Roman (historique) de Kamal A. Bouayed. Enag Editions, Alger 2014. 950 dinars, 463 pages.
Quelle histoire ! C'est celle qui raconte en la forme romancée et en plusieurs histoires - et à travers la rencontre, par hasard, d'un couple, un journaliste algérien et une spécialiste paléographe espagnole spécialisée dans la datation des manuscrits arabes - l'odyssée d'un manuscrit de Mushaf Uthman, alors produit (en quatre copies) du temps du troisième calife, à travers l'Arabie, l'Espagne et le Maghreb.
Tout cela grâce à des vieux manuscrits avec cinq histoires, trouvés par hasard du côté de Dellys, assez bien conservés et qui semblent avoir été écrits vers l'an 1354 ap J-C, 755 après l'Hégire par un certain Mahmoud al Tilimçani... un personnage dont on n'a trouvé aucune référence ni la moindre information sur lui dans les archives.
Il faut d'abord savoir que les plus anciennes copies du Coran qui subsistent actuellement sont au nombre de trois. L'une se trouve à la bibliothèque de Tachkent en Ouzbekistan, la deuxième au musée de Topkapi à Istanbul, et la troisième à la British Library de Londres. Et le quatrième ? Justement, c'est lui qui se retrouve au centre du récit. Plus qu'un symbole religieux, c'est un symbole de pouvoir qui est recherché par bien des gens et par tous les moyens, même les plus criminels... entre autres par un riche Saoudien qui a réussi à corrompre la spécialiste espagnole (on ne le saura qu'à la fin, au grand désespoir du héros, le journaliste) et le conservateur des manuscrits de la Bibliothèque nationale (on ne le saura qu'à la fin).
Le quatrième, donc, a longtemps voyagé à travers le monde: Cordoue, Marrakech, Tlemcen, Fès... et s'est retrouvé finalement, pour sa sécurité, caché... quelque part... Le grand secret à découvrir (l'endroit exact où a été caché Mushaf Athman) grâce au cinquième récit des fameux vieux manuscrits trouvés par hasard... à Dellys. Pourquoi ? Comment ? Il faut pour cela lire l'un après l'autre tous les vieux manuscrits retrouvés... Cinq histoires: la première se déroule à Médine, la deuxième à Cordoue durant sa période faste, la perte du manuscrit et sa restitution, la troisième toujours à Cordoue avec d'illustres invités lors d'un banquet, la quatrième parle du livre entre les mains des Ziyanides... et la cinquième cache la clef ouvrant la porte du secret. Tous les ingrédients d'un roman historique sont rassemblés: voyage dans le temps (avec tous les éclairages possibles - un peu trop peut-être - sur l'Islam, sur la langue arabe, sur les conquêtes arabes, sur les luttes intestines des dynasties nord-africaines, sur les guerres, sur l'au-delà...), l'amour, une poursuite infernale en pleine Casbah d'Alger, des meurtres inexpliqués... et, bien sûr, l'arrivée finale de la police qui tue les méchants et sauve le héros qui, lui-même, avait mis en sécurité la copie de Mushaf Athman. Pour la cacher. Où ? Un autre roman ?
L'auteur: Ingénieur et docteur en économie... il a écrit un premier roman qui a fait l‘objet d'une thèse à l'université de Constatine.
Extraits: «Dans les premiers temps, les textes sacrés furent divulgués par la tradition orale. Etant donné que l'on utilisait les textes du Coran quotidiennement pour la prière, cinq fois par jour, et que l'on veillait à sa propagation dans sa forme originale, donc textes et langue arabe sont restés inaltérables, sa déformation ou modification eût été difficile, voire impossible». (p 155)
Avis : Da Vinci Code enfoncé ? Dommage que notre production cinématographique soit quasi morte !
Citations : «Les rues descendaient, tout descendait dans la Casbah (d'Alger). C'était une ville qui se jetait dans la mer» (p 81), «Le Livre a un corps. En fait, c'est un corps. Or, tout corps possède une âme et toute âme a un esprit» (p 197), «Y a-t-il une chose plus cruelle dans ce monde que de priver l'amant de l'objet même de son amour ?» (p 199)
Noces en Barbarie. Roman de Leïla Mallem. Editions Dar El Gharb, Oran, 2016. 850 dinars, 453 pages.
Une histoire bien simple. Un enlèvement (lors d'un «faux barrage» terroriste) de jeunes gens (issus de familles très aisées) assez «tchi-tchi»... le jeune homme est tué, les deux jeunes filles sont gardées vivantes, et le chauffeur est libéré afin qu'il informe les parents (en fait, c'est un complice des terroristes, mais on le découvrira plus tard).
L'une, la juriste est livrée à l'appétit sexuel des terroristes qui l'«épouseront» chacun à son tour et sans discontinuer... et l'autre, le médecin, la très belle Ismâ, se retrouve captive (mais, en tout bien, tout honneur) de l'«Emir» (ingénieur informaticien de formation, s'il vous plaît !)... qui, au départ, compte utiliser ses compétences médicales pour soigner ses blessés et, aussi, pour servir de monnaie d'échange et de chantage pour l'obtention de médicaments de la part du père, gros industriel et pharmacien.
On assiste alors, à une sorte de débat (violent, tant les positions divergent) à huis clos... sur le pourquoi du comment du terrorisme... entre le terroriste, «un homme de bonne famille... intégriste révolutionnaire» (dixit la romancière, entretien in «El Moudjahid») car il l'est devenu pour venger ses parents humiliés par le pouvoir des années 60. La belle excuse ! Des jours, des mois... et, peu à peu, les deux finiront par se découvrir, s'aimer, se marier (devant un imam) et consommer leur union. Syndrome de Stockholm en Barbarie ! La suite est à découvrir... ni rose, ni noire. A la manière de la réconciliation nationale !
L'auteure: «Née en Algérie pendant la colonisation, j'ai suivi le cursus normal puis fait des études supérieures jusqu'à obtention du doctorat de lettres modernes. Ayant fuit la barbarie extrémiste, je me suis installée a Paris depuis les années 90». Premier roman.
Extraits: «Le mercantilisme sordide et l'affairisme débridé ont remplacé l'amour de la terre et sa vocation initiale agricole» (p 156), «La réalité, bâtie sur les préjugés tenaces et les à priori, a démontré à travers quelques scandales, que ni les imams ni les ayatollahs ni la religion ne peuvent, seuls, moraliser la vie quand bien même ils useraient de la cœrcition et des châtiments les plus barbares» (p 270), «La corruption a généré des paradoxes, des situations anachroniques et des aberrations loufoques qui dépassent l'entendement et font insulte à la raison humaine». (p 444)
Avis : «La belle, les brutes et le (beau) truand !». De l'«eau de rose» plein le flacon dans une atmosphère tragique et, parfois, des discours surfaits, rendant surréalistes certaines scènes. Belle couverture, mais mise en page intérieure basique, très mal conçue. Trop de blanc(s).
Citations: «Les grandes utopies ont toujours échoué et elles finissent par piétiner le cadavre des belles idées généreuses gisant dans la tombe des optimismes insensés» (p 157), «Le voile, souvent simple accessoire pour une vertu empruntée, camouflage ou déguisement pour certaines, mais parfois camisole imposée par un homme de la famille» (p 270).
PS: Décès de Nourredine Inougui, un journaliste professionnel, grand monsieur de la presse (Radio nationale, Chaîne 3), toujours sur le front de la défense des intêrêts des journalistes et des travailleurs, membre élu (en compagnie, pour le secteur de l'audiovisuel, de Brahim Belbahri de la télé et de Khelifa Benkara de la radio), grâce aux premières élections mi-90, au Palais de la Culture d'Alger, élections réellement démocratiques et pluralistes du Conseil supérieur de l'information alors créé par la loi d'avril 1990 (et supprimé sans raisons rendues publiques, en octobre 93. L'état d'urgence ?). J'en ai fait partie en tant que membre désigné par le Président de la République, Chadli Bendjdid... et, c'est avec émotion que je me souviens de Nourredine dont l'expérience de terrain m'a permis (je m'occupais, en compagnie de Abdennour Dzanouni et de Hamza Tedjini, deux élus de la presse écrite avec Merzak Bagtache) de la «Commision de l'Organisation professionnelle» qui a, entre autres, délivré les cartes de journaliste professionnel) de mieux connaître la profession et ses problèmes.
Mes sincères condoléances à la famille du défunt, à celle de la presse et à celle des travailleurs de la radio-télévision.


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