A la fin des années 80, le bloc de l'Est explose, les frontières tombent, les flux d'argent se mondialisent à un rythme effréné et l'humanité s'apprête à se connecter à l'intérieur d'une petite bulle technologique, nommée «village planétaire». Ce fut la période bénie des winners et des parieurs, du capitalisme et ses champions, des geeks et des nerds, des Golden Boys de la finance, du modèle libéral de démocratie exportable à gogo. Tout devient marchandise: les corps, les femmes, les privilèges, le bonheur même. Puis, tout le monde applaudit ce nouveau monde qui s'invente, on parle d'algorithmes et d'OGM, on disserte sur Bill Gates et les Rothschild, et certains se prennent même pour des chanceux quand ils mangent un hamburger dans un resto Macdo ! L'argent-roi envahit les cerveaux et les Etats, petits ou grands fussent-ils, s'agenouillent devant le nouveau gendarme américain, prêt à toutes les manœuvres pour régner en maître incontesté sur la planète. Ainsi les prédictions de Francis Fukuyama sur «Le Dernier homme», deviennent-elles, en un éclair de temps, une évidence. Depuis, le rêve d'un monde multipolaire vole en éclats, l'industrialisation des armes grève la presque totalité des budgets étatiques qui devraient être destinés, en priorité, à l'éducation et à la culture, la pollution empoisonne la sphère, les guerres dites humanitaires polluent les relations entre les pays et les théories du chaos se conjuguent au présent de celles du complot. Bref, ça pue partout de la propagande et du pognon! Et pire que la guerre froide, il n'y a pratiquement cette fois-ci aucune idéologie dominante, sauf celle de l'argent. L'argent qui a tout détruit : valeurs, neurones, morale, paix! Et, comme par hasard, quand les tours jumelles de World Trade Center se sont effondrées, cet Argent au majuscule s'est trouvé un nouvel ennemi, «l'islamisme» (qu'il a, pour rappel, lui-même fabriqué, aidé, soutenu), et a rebattu les cartes à sa façon pour tourner ses canons envers ceux-là, les faibles de la Terre, afin de se refaire une virginité sur leur dos. Du coup, le monde s'emballe pour cette autre guerre d'un autre genre, non contre les Nazis, les Fascistes ou les Communistes, mais contre ces fameux islamistes! Et l'on connaît tous les résultats, avec la destruction de nombre d'Etats du Moyen-Orient et ailleurs et le désordre qui s'en est suivi, avec son lot de réfugiés, de guerres intestines, de famines, etc. Avec cette pandémie du Covid-19, les dégâts de ces réalités amères flottent à la surface. Et le monde de l'argent-roi, lequel a déjà prouvé ses limites, a plongé lui-même dans le piège qu'il s'est creusé. Bilan : les haut placés en finance sont, quelle coïncidence, les haut placés en virus! Enfin, l'on découvre un secret de Polichinelle : l'argent est un virus...
