La chute vertigineuse des prix de la pomme de terre constatée ces derniers temps est vécue comme une véritable catastrophe par certains producteurs qui ont consacré de lourdes dépenses allant même jusqu'à s'endetter pour obtenir de bons résultats. Et si effectivement la production a été abondante avec une profusion du tubercule sur les étals, cela n'a pas arrangé les affaires des producteurs qui ont été confrontés souvent à une mévente de leur production avec une forte baisse de la demande particulièrement depuis la pandémie de Covid-19. La fermeture des universités, des établissements scolaires et la faible consommation durant le mois de Ramadhan ont été autant de facteurs ayant concouru à la chute des prix. Certains agriculteurs ont tiré la sonnette d'alarme. Pour eux la situation est intenable, «les prix qui oscillaient de 20 à 30 DA sont descendus jusqu'à 15 DA ces jours-ci ce qui ne permet même pas de rembourser les frais engagés, sachant que le coût de plantation d'un hectare de pomme de terre dépasse largement les 100 millions de centimes», ont-ils noté tout en insistant sur le lourd préjudice financier qu'ils seront contraints de supporter pouvant même les pousser à abandonner ce créneau. Le président de la chambre de l'agriculture de la wilaya M. Bourekouk Mourad s'est montré pour sa part moins pessimiste. Néanmoins, il a reconnu que «les prix ont connu une forte baisse due principalement à la baisse de la demande, une situation exceptionnelle résultant des mesures de confinement imposées par le Covid 19 et la baisse de la demande d'autres wilayas ainsi que la fermeture des restaurants et cantines scolaires et universitaires». S'agissant de structures de froid pour le stockage des récoltes, il a signalé qu'au niveau local le problème ne se pose pas actuellement. Pour limiter l'érosion des prix et la prise en charge de la production, M. Bourekouk a fait savoir qu'en collaboration avec la Direction des services agricoles de la wilaya de Skikda (DSA), il a été décidé de demander une dérogation pour avancer à titre exceptionnel la date d'activation du Système de régulation des produits agricoles à large consommation (SYRPALAC) qui est prévu seulement à la fin du mois de mai, ceci d'une part. Il a été demandé d'autre part aux producteurs de ralentir leur cadence de récolte et la situation actuelle devrait se régler d'ici une quinzaine de jours tout au plus. Il n'omettra pas de signaler que les superficies plantées ont atteint 3 800 hectares dont 1 660 hectares de pomme de terre de multiplication convenablement pris en charge par le réseau d'établissements producteurs de plants de terre. En tous cas, même si l'effondrement des prix n'est que conjoncturel, il aura tout de même des répercussions néfastes sur les possibilités des producteurs qui ne méritent pas d'être pénalisés pour les efforts qu'ils ont déployés et ayant permis l'obtention d'une meilleure production de pomme de terre.
