La croissance exponentielle de la population urbaine et autres sont les caractéristiques majeures des villes de nos jours. A cela s'ajoutent le double effet de l'immigration d'origine rurale et un fort taux de natalité. Conséquence : le développement des villes est souvent en contradiction avec leur support économique. C'est dans cette perspective que s'inscrit le travail analytique, bien documenté, de l'état de l'urbanisation de la ville de Tébessa, ses péripéties, ses couacs et ses réussites, à travers le mémoire de fin d'étude, master architecture, ville et patrimoine, élaboré par Allouane Fatma et Maârfia El Bahdja, travail encadré par Grib Aïssa, soutenu à l'université de Tébessa en 2016, sous l'intitulé «les formes de l'extension urbaine dans une ville à vocation patrimoniale, cas d'étude, la ville de Tébessa» une étude appropriée où se dégage une partie théorique et de définitions conceptuelles, du cadre juridique et l'évolution des règlementations régissant le volet de l'habitat, pris dans sa globalité. D'emblée l'étude avertit, «le patrimoine urbain est menacé, par la méconnaissance, la vétusté, la dégradation et l'abandon de certain urbanisme, en raison des pressions économiques et des exigences de la circulation. La spéculation foncière et immobilière a annihilé les meilleurs plans». Le décor est ainsi planté, mettant en avant les explications les plus plausibles d'une politique de l'habitat, parfois soumise à des paramètres de l'urgence. Pour les deux architectes, «le patrimoine constitue le témoignage du passé sur les activités humaines» Aussi, «il est recommandé la réhabilitation intégrée et innovatrice et la préservation de ce patrimoine comme tissu social». Une des caractéristiques de la ville de Tébessa, c'est que 78% de la totalité de son parc de logements sont situés en zone urbaine. Une ville implantée aux piémonts de Djebel Ozmor, culminant à une altitude de près de 900 mètres, traversée par les oueds Zaârour, Rafana, Nagues et Segui. L'étude fait un rappel chronologique des différentes étapes de l'histoire de la cité, depuis la préhistoire, jusqu'à l'époque contemporaine, avec à chaque phase ses particularités d'urbanisation. Des contraintes physiques, les fortes pentes défavorisent l'extension urbaine, mais aussi pour la préservation des potentialités agricoles de la plaine, la présence d'un massif forestier. Reste donc, la partie située à l'ouest de la RN 10, pour abriter les différents programmes de l'habitat, durant les trois dernières décennies. De l'indépendance jusqu'au milieu des années 80, Tébessa connaîtra une accélération de son urbanisation après sa promotion au rang de wilaya en 1974. Ce qui a amené l'apparition de constructions illicites Ezzaouia, Ezzitoun, El Djorf, El Merdja, des quartiers en entier sont nés, le phénomène se poursuivra encore, sans plans d'urbanisme, sans équipements de proximité. L'expansion urbaine s'est faite dans tous les sens au nord la réalisation de l'aérodrome, zone industrielle et d'activité, à l'ouest localisation des programmes de l'habitat. A partir de 1985, le développement urbain de la ville était planifié et organisé, dans le cadre des plans d'urbanisme (PUD-PDAU), où apparaissaient les ZHUN (zone d'habitat urbain nouvelle). «L'expansion urbaine rapide n'a pas permis une maîtrise de la gestion et a donné lieu au dysfonctionnement et le déséquilibre spatial», d'après une première conclusion tirée par l'étude réalisée par les deux architectes et leur encadrement pédagogique. Cet accroissement inadéquat qui a impacté le tissu urbain, pose aujourd'hui des problèmes de gestion du parc immobilier. Tébessa se singularise par la prédominance des logements individuels, la vétusté des réseaux d'assainissement et le mauvais état du réseau de voirie. Nos deux architectes notent que «le plan local de l'habitat élaboré en 2004, qui prévoyait déjà une hausse de la population du chef-lieu. Ce capital humain incite les autorités locales à envisager les solutions appropriées». D'autant que la demande sociale a explosé. De ce fait, l'étude exhaustive, de point de vue académique et analyse technique mais également d'apport d'éléments d'information, préconise «la valorisation de l'habitat, le renforcement de la mixité urbaine, la maîtrise des déplacements» (plan de circulation, mouvements de la population), sauvegarde du patrimoine historique et sa mise en valeur, transformation du patrimoine et son adaptation à la modernité». «La bonne manière est sans doute d'être contemporain, sans agressivité». Aujourd'hui, la question de l'expansion urbaine reste d'actualité, beaucoup de choses inhérentes au dossier ont fait l'objet de révision, la ville a grandi et ses besoins en équipements sociaux aussi. Le foncier se fait rare et cher. Alors, les responsables ont opté pour des solutions à long terme, à savoir la création de nouveaux pôles urbains, Dokane, même en dehors du territoire de la commune-mère de Tébessa, à Hammamet et Boulhaf Dyr, pour le renouvellement et l'aération de l'ancien tissu urbain. Des ensembles de logements collectifs, dotés de toutes les commodités. Quant au parc immobilier de sites et monuments archéologiques, il doit bénéficier des programmes de réhabilitation et d'opérations de restauration, à condition d'être dotés des ressources financières nécessaires, car sans la valorisation de ce patrimoine immobilier historique, au cachet culturel et touristique particulier, la ville sera toujours sous la menace multiple des agressions de tiers, mettant en danger des biens immobiliers culturels, censés être protégés et classés. Le secteur de l'habitat demeure une priorité des pouvoirs publics, à travers aussi bien son impact économique qu'en raison de son rôle social. L'évaluation des besoins en logements a certes un caractère principalement quantitatif, lié à la croissance démographique. La crise du logement, l'inaccessibilité, les retards dans la réalisation des programmes inscrits, ont favorisé l'émergence de divers types d'habitat. Le logement précaire, autre visage hideux de nos cités. En somme, l'habitat n'est pas seulement limité à la fonction de loger ou d'abriter, mais s'étend pour englober toutes les activités humaines, à garantir et à satisfaire les rapports de l'homme à son environnement.
