Le très contestable prétendu philosophe Bernard-Henri Lévy est semble-t-il devenu par on ne sait quelle magie journaliste. Il faut excuser du peu car il vient d'atterrir à Tripoli en Libye en jet privé pour réaliser, se targue-t-il, un reportage pour un journal américain. Des journalistes en avion privé se permettant de vadrouiller dans une zone de guerre n'existent nulle part et le qualificatif que s'accorde cet aventurier de gros calibre pue le mensonge et la grandiloquence de la mauvaise foi pour faire avaler une grosse couleuvre à l'opinion publique. On a déjà eu la vraie couleur des reportages sans écrits qu'a effectués cet envoyé spécial particulier en Libye où il a eu le loisir et la facilité de troquer sur commande sa plume d'écrivain contre une mitraillette. De telles dextérités et de telles bravades exigent sans conteste une sérieuse et lourde logistique pour qu'un amateur reporter journalistique puisse se pavaner sans gêne et sans inquiétude dans une zone dangereuse à l'extrême comme s'il était chez lui. Voyager de surcroît en jet privé ne prête à avaler l'idée qu'un philosophe des circonstances particulières puisse se mouvoir en globe-trotter indépendant pris subitement par le désir de nouer avec une nouvelle profession dont la réserve et la neutralité sont le fondement. C'est que les grands inconscients et crétins dans cette nouvelle histoire sont les officiels libyens qui ont cru bien faire en lui accordant des oreilles attentives avec les honneurs qui ne sont dus qu'à un important plénipotentiaire chargé d'une mission secrète. Il est impossible d'admettre que le tout frais journaliste soit un électron libre qui se réveille par un beau matin d'été et décide en météorite indépendante de relater pour un journal américain les terribles souffrances d'un peuple en guerre. D'autres réveils du même genre ont caractérisé l'énergumène sous prétexte de la défense des droits de l'homme et on sait ce qu'il a résulté des missions du même genre qui lui avaient été commandées.
