Décidément, l'Afrique n'arrive toujours pas à lutter contre ses propres et vieux démons. C'est qu'un autre coup dur risque de frapper le continent noir, avec la menace sérieuse de l'annulation de la 33e édition de la Coupe d'Afrique des nations de football, prévue du 9 janvier au 6 février 2022. La plus grande manifestation sportive du continent africain est menacée de report ou d'annulation, et pas seulement à cause du contexte épidémique mondial et l'inquiétant variant « Omicron ». La Fifa est, en effet, pressée par la très influente Association des Clubs Européens (ECA), qui cherche à annuler cette compétition pour protéger ses joueurs africains, estimant que les récentes mesures sanitaires adoptées par la CAF restent insuffisantes. Au-delà de la nature probablement- il s'agit de spéculations- de cette mauvaise nouvelle, relayée par les médias européens, une réunion d'urgence du Comité exécutif de la Confédération africaine de football (CAF) est prévue, demain mercredi, pour statuer sur le sort de la CAN 2022. Au-delà de l'impréparation réelle ou supposée du pays hôte, le Cameroun, qui serait en retard sur les délais prévus pour la réception des sites devant accueillir la compétition, et le risque sanitaire lié à la pandémie de Covid-19, c'est surtout le lobbying des clubs européens, employeurs des joueurs africains, qui accentue la pression sur l'instance footballistique mondiale pour défendre leurs propres intérêts au détriment de l'Afrique entière. Exception qui confirme la règle, le football reste un enjeu politique majeur, dans un contexte de compétition économique féroce entre les grands de ce monde. Il est connu que le football draine des sommes mirobolantes dont les droits télé, et c'est ce qui risque de manquer le plus au pays organisateur d'abord, mais aussi à la CAF, qui chapeaute le tournoi continental. La Coupe d'Afrique des nations restait, jusque-là, la «lueur d'espoir» d'une des principales économies de l'Afrique de l'Ouest, frappée par la crise du Covid et deux conflits sur son territoire. On parle de plus de 3.000 milliards de francs CFA (4,5 milliards d'euros) déjà consentis par le Cameroun pour accueillir le prestigieux événement, un pactole fabuleux qui aurait pu être dépensé dans la construction d'hôpitaux et d'écoles, ou encore développer l'agriculture, démocratiser l'accès aux soins et à l'eau surtout. Mais là est un autre débat.