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Ramadhan, sommes-nous assez préparés ?
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 14 - 04 - 2022

En Algérie, on prend une semaine pour préparer le Ramadhan, une autre pour récupérer de la fatigue du jeûne quitte à paralyser l'activité économique et commerciale du pays et enfin, le mois de congé annuel.
Au total, deux mois et demi de vacances ! Dans un pays durement frappé par la baisse de ses revenus conséquemment à la crise pétrolière, même si le baril de pétrole a pris des couleurs, crise ukrainienne oblige !
L'activité économique baisse, le laisser-aller s'installe et le mois d'abstinence, de spiritualité et de paix intérieure se transforme en mois de tous les excès, dès le coucher du soleil.
Gaspillage, baisse de productivité et absentéisme, dans une totale impunité, accompagnent la bigoterie de façade affichée par de nombreux jeûneurs !
Dans ce cas-là, quel sens donner à ce mois exceptionnel ?
Sommes-nous assez préparés pour relever ses défis ?
Cette baisse de régime, relève-t-elle d'une impression subjective ?
Y a-t-il une attitude sociale, un fait accompli qui banalisent et rendent acceptables tous ces comportements « ramadhanesques » comme, par exemple, le fameux «Revenez après le Ramadhan!» ?
Le mois de Ramadhan, avec toute sa spiritualité et tous ses bienfaits sur le corps humain, peut-il être pris, en définitive, comme prétexte pour excuser un quelconque relâchement de l'effort et le ralentissement de la marche du pays ?
L'abstinence, l'absence de cigarette ou du café sont-ils des excuses pour lever le pied ?
Et la baisse de régime et de l'effort, des fatalités à mettre sur le dos de ce mois sacré ?
Autant de questions auxquelles chacun doit apporter des réponses.
1. Le gouvernement tout d'abord
Le temps s'est comme figé dans les marchés du pays. On y assiste aux mêmes pratiques spéculatives, au même désordre et, surtout, au diktat de l'informel, en l'absence de l'autorité de l'Etat.
Depuis au moins 20 ans, les pouvoirs publics sont, force de l'admettre, dans l'incapacité de contrer la hausse des prix et à réguler le marché des fruits et légumes, notamment pendant le mois de Ramadhan. La passivité des pouvoirs publics dans une phase aussi cruciale que critique de l'économie de notre pays face à ces comportements commerciaux pervers, exacerbe le mécontentement des Algériens.
C'est peut-être aussi, le rappelait judicieusement un journaliste, l'objectif recherché et inavoué de certains lobbys, connectés à des réseaux, voire des clans, politiques maffieux qui caressent l'espoir de faire avorter toute volonté de changement, celle notamment du système rentier dont ils tirent d'immenses dividendes au détriment de la collectivité nationale.
Le gouvernement doit réagir pour au moins contenir la courbe de l'inflation qui repart à la hausse à cause de la spéculation sur tous les produits et biens de consommation.
Bien sûr, certains experts l'imputent à des causes endogènes comme l'aggravation des déficits budgétaires générée par la forte dépense publique de ces dernières années. Mais les facteurs exogènes-renchérissement des cours mondiaux des denrées alimentaires- sont aussi des éléments objectifs à prendre en compte.
Il n'en reste pas moins que la dépréciation du dinar a réduit considérablement le pouvoir d'achat des citoyens, ce qui a pour conséquence une augmentation généralisée de tous les prix !
Selon l'ONS, le rythme de l'inflation annuel en Algérie a atteint 5,3%. Et les forces de la spéculation, de l'informel et du gain facile ne comptent pas, bien évidement, s'arrêter là.
Ce qui renvoie le gouvernement actuel à sa mission de régulation et surtout de prévention et de lutte contre de telles dérives, principalement fiscales. En effet, la fraude fiscale est estimée à plus de 50 milliards de dinars qui échappent au fisc, bon an mal an !
2. Le jeûneur ensuite
L'acte de jeûner met à l'épreuve l'ensemble de ses sens pour se maîtriser, faire preuve de patience et s'élever, mentalement, pour se mettre au niveau des plus démunis. Le jeûne, c'est vrai, encourage le sacrifice et l'empathie envers le prochain mais qui n'a pas eu à déplorer les écarts comportementaux et le changement de ton et d'habitudes des gens, en ce mois précis.
Les Algériens, de toutes les régions du pays, sont enclins à dépenser spécialement pendant cette période, au-delà de leurs moyens et à stocker toutes sortes de produits en prévision, disent-ils, du Ramadhan. Bon an, mal an, il s'ensuit un gâchis incroyable, sans compter les incontournables hausses de l'ensemble des prix. Le Ramadhan fait ressortir les habitudes comportementales négatives, comme celles liées à la frénésie des achats.
Un expert les attribue à «des facteurs psychologiques» qui incitent les jeûneurs à imiter leurs congénères de façon irréfléchie, indépendamment de leurs moyens.
Certaines familles acceptent «les règles du jeu», considérant les dépenses comme incompressibles, même si comme on dit « après la fête, on se gratte la tête »; ou pour rester dans l'esprit du Ramadhan, « Dieu y pourvoira » !
Ce bouleversement du rituel domestique à un coût bien sûr. Il en est de même du rendement collectif, dans les administrations et les entreprises avec le florilège des employés qui somnolent où qui sont peu disposés à accélérer les cadences; les retards, les absences y compris des responsables, sans parler des visages ternes et de la nervosité à fleur de peau des automobilistes et des piétons également qui complètent le décor de ce mois de Ramadhan ou tout le monde est censé pourtant, faire preuve de discipline et d'endurance. La baisse de rythme est à observer dans tous les secteurs d'activités ou presque, si l'on exclut les pâtissiers et autres boulangers qui font leur chiffre d'affaires pendant ce mois sans oublier les cafés et autres tripots clandestins où l'on s'adonne à des parties de cartes aussi interminables que prohibées pour certaines d'entre elles.
Mais si l'abstinence, observée du lever au coucher du soleil, n'est pas accompagnée d'une attitude morale exemplaire, le jeûne du Ramadhan perdrait tout son sens.
C'est malheureusement le constat de ce qu'on est bien obligé de faire en Algérie et dans l'ensemble des pays musulmans, avec cependant quelques nuances relevées par les observateurs, concernant certains pays d'Asie, où le mois du jeûne est appliqué dans ses moindres prescriptions.
3. Les gens du culte et de la culture sont également concernés
Les imams et autres prêcheurs avérés ne manqueront, évidemment pas, de louer les immenses vertus du mois de Ramadhan. Le mois du « djihad ennefs », tiennent-ils à rappeler à chaque occasion. C'est le mois durant lequel le musulman, pratiquant, doit redoubler d'efforts dans la prière, l'accomplissement des bonnes actions, la lutte contre les mauvais instincts, la pratique de la solidarité et du partage.
Autant de dévotions sincères qui, normalement, lui ouvriront les voies du pardon divin. Les mosquées pendant le Ramadhan font le plein, moins les autres jours ! Les visites familiales se multiplient, autour de tables richement garnies de sucreries et autres boissons. Certains n'hésitent pas à faire la fête jusqu'au petit matin.
Pendant longtemps, rappelait à juste titre un islamologue, « nous avions cru que l'islam échapperait à la défiguration qu'a connue la fête de Noël, le long des siècles, les marchands du temple avaient fini par en faire un rendez-vous annuel universel de cuisine raffinée, de vins et de cadeaux ».
A ceci près, Noël ne dure qu'une nuit et les chrétiens eux-mêmes, reconnaissent que la naissance du Christ n'est plus qu'un simple prétexte pour ceux qui festoient. Chez nous, faut-il le dire, le prétexte dure un mois et laisse beaucoup de monde sur le carreau !
Culturellement parlant, pour paraphraser les journalistes de la radio nationale, le Ramadhan est aussi un moment fort de la production télévisuelle. Et même si les téléspectateurs critiquent chaque année la médiocrité des nouveaux programmes, produits au prix fort et à grand renfort de publicité, ils restent impatients de découvrir les productions nationales.
Ils sont forcément déçus par les productions et les prestations des artistes !
Beaucoup sont nostalgiques des anciens sketchs et reconnaissent pour les plus jeunes, de se détourner des programmes nationaux au profit des offres des télévisions arabes. Et le football, notamment européen, se chargera de détourner l'attention du reste des télévisions locales !
Parler du Ramadhan, c'est inévitablement rappeler l'existence des «fataras» ou comme on les appelle, communément, les « mangeurs du Ramadhan » ! A coup sûr, ces derniers ne vont pas manquer de se manifester et l'ire de «l'establishment religieux» sera en rapport et dans la foulée, s'exprimeront :
• Le président de l'Association des Oulémas musulmans, qui parlera de provocation et demandera à l'Etat d'intervenir pour mettre fin à la «fitna» et sanctionner durement les non jeûneurs; il se gardera tout de même de condamner « ceux parmi les spéculateurs qui veulent affamer le peuple ou pour le moins le faire sortir dans la rue » !
• Le président du Haut Conseil islamique, lancera du haut de sa tribune «un appel pour faire respecter la Constitution qui fait de l'islam la religion de l'Etat».
• Les quotidiens arabophones, à leur tête Echourouk et Ennahar feront de ces actes isolés leurs choux gras et ne manqueront pas d'évoquer les dispositions de l'article 144 bis 2 du code pénal qui punit de 3 à 5 ans de prison et d'une amende de 50.000 à 100.000 dinars quiconque commet un tel délit.
• «Les non jeûneurs», décidément provocateurs à souhait, qui iront jusqu'à évoquer «leur liberté de conscience», et pousseront même le «bouchon» en appelant au rassemblement de leurs «ouailles», ce qui va encore exacerber la tension, perceptible dans notre pays.
Et dans ce décor qui se répète, chaque Ramadhan que le bon Dieu fait, le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs sera forcé, en l'absence du grand Mufti de la République, dans la nomination n'est pas pour sitôt, de monter au créneau, ou plutôt d'aller au charbon. Il jouera une fois encore l'apaisement, tout en qualifiant les actes des non jeûneurs de «provocation».
Rappelons, à ce propos, l'engagement de son prédécesseur, un certain Mohamed Aïssa qui ambitionnait « de remplacer l'imam, en préretraite, par un jeune trentenaire, docteur en sciences théologiques, plein d'alacrité, maniant sans peine la tablette électronique et débattant avec ses pairs par visioconférence ».
«Je n'y arriverai sans doute pas avant la fin du quinquennat, reconnaît-il, mais je ferai tout pour créer les conditions d'une telle mutation» !
C'est toute la problématique de notre pays !


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