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UNE VIE DE PEINES
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 21 - 04 - 2022


Livres
Un étrange chagrin. Roman de Mohamed Magani. Chihab Editions, Alger 2021, 282 pages, 1200 dinars
En fait c'est un roman tout consacré à l'après-décennie noire (ou rouge comme il vous plaira de le dire). Avec pour thème central les «saigneurs» et «profiteurs de la guerre civile, entendre par là, les recéleurs de trésors amassés à leur corps défendant d'innocentes victimes terrorisées».Une guerre qui a vu les «sacs poubelles noirs» emplis d'argent des chantages et des pillages être «mis en sécurité» chez des «amis».
C'est donc l'histoire d'un brave citoyen, Sefwane, qui se retrouve acteur principal du drame. Totalement traumatisé, non par la guerre elle-même, mais par toute une campagne de dénigrement souterraine, mettant à mal sa vie familiale (sa fille s'étant suicidée après avoir été brutalement quittée, sans explications, par son fiancé) et son honneur ; lui qui ne s'était jamais commis avec les terroristes. Il cherche des explications et il ne tarde pas à les trouver grâce à une dame vengeresse et courageuse, à la rancune tenace (les terroristes avaient assassiné son époux et jeune frère) - et belle de surcroît... et dont il va tomber amoureux.
En fait ce sont ses deux anciens associés, anciens intermédiaires (et recéleurs) des groupes terroristes, qui voulant se venger, pour les avoir lâchés dans leur entreprise (salles des fêtes) devenue douteuse, ont colporté des ragots sur l'origine de sa fortune. Des criminels reconvertis... qui ont osé même s'infiltrer dans les rangs du «Hirak» pour blanchir encore mieux leurs activités et leurs comportements... ceci pour un enrichissement encore plus grand. Heureusement, cela ne va pas durer... les criminels repentis et reconvertis paieront... la paix des esprits va revenir... l'amour va prendre le dessus.
En plus de la problématique de la «reconversion» des terroristes «repentis» et de leurs recéleurs devenus richissimes (surtout lorsque le criminel est mort durant son ensauvagement), une autre question clé est abordée par l'auteur : celle de la multiplication (empruntant plusieurs moyens) des suicides chez les jeunes et même moins jeunes. Les effets néfastes sur le moyen terme d'une période assez heurtée et dont beaucoup d'aspects restent, encore aujourd'hui, incompris car trop occultés volontairement par la politique de réconciliation ?
L'Auteur : Né en 1948 à El Attaf (Chlef). Auteur depuis 1987, de plusieurs romans (dix), de recueils de nouvelles (deux) et de deux études dont une sur Ibn Khaldoun en 1995 et une sur l'enseignement primaire (1996). Vit et enseigne l'anglais à Alger. C'est le plus anglophone des écrivains algériens.
Extraits : «L'insalubrité dans nos villes, nos villages, nous étouffe et nous empoisonne. Après le terrorisme, je dirais qu'elle est actuellement le problème numéro un, dans le pays» (p 81), «D'aucuns ont profité de la guerre contre les civiles, cependant que d'autres en sont sortis pourris de fric. Et une chose est sûre, ceux-ci continuent de s'enrichir, dans un climat d'injustice et de dérèglement social où n'importe qui peut être acheté, où le crime paie et où les criminels de toutes sortes s'en tirent à bon compte, sans une égratignure» (p180), «Les assassins appelaient leurs victimes par leurs noms et les abattaient ; ils étaient en mission de représailles, sans l'ombre d'un doute. Pour quelle raison ? Cela se saura un jour, lorsque les langues se délieront...» (p199)
Avis : Un roman (ou un auteur) qui dit tout haut (et noir sur blanc) ce que tout le monde -le citoyen lambda- pense des retombées (matérielles et accessoirement psychologiques) de la «décennie noire»
Citations : «Quand le centre devient la périphérie, quand leurs frontières se brouillent et se chevauchent en toute liberté il n'est guère plus possible de faire appel aux souvenirs et images passées» (pp 38-39), «La décennie de meurtres, d'attentats, de massacres et de sabotages a brouillé l'histoire de nos familles et celles des autres» (p100), «Nous vivons dans «une démocratie du chagrin» qui s'intensifie à mesure qu'il s'accumule dans la population. Nous sommes liés par notre survie à tous ceux qui sont morts dans la violence» (p137), «Les repentis ne peuvent aller contre leur nature, il leur faut de l'anarchie, du désordre, le complot, du sang pour arriver à leur fin : la richesse» (p143)
L'Année miraculeuse. Roman de Mohamed Magani. Editions Chihab, Alger 2018, 1.000 dinars, 334 pages (Fiche de lecture déjà publiée. Pour rappel)
Fin des années 90 : Lotfia-Saïd, Saïd-Lotfia. Un ancien haut fonctionnaire, «tout-puissant», brutalement «démis de ses fonctions», dans le cadre de la grande vague de limogeages de «toute une génération» (à partir de 1996), et qui s'exile aux Pays-Bas, à Amsterdam, la «Venise du Nord». Comme par hasard (en fait, il a tout organisé), il y rencontre une autre exilée, une de ses anciennes collaboratrices qui, elle, avait démissionné pour des raisons inconnues.
Les deux, évidemment, tentent, dans une ville autorisant toutes les libertés (et, de plus, sans aucun problème financier... ce qui est étonnant car ne travaillant pas. Un «bas de laine» quelque part? Un non-dit dans le roman), de se reconstruire psychologiquement et, aussi, de reconstruire leur vie et leur cœur... Le premier avait été quitté par sa femme, déçue ( !?) par le limogeage de l'époux et, surtout, par la perte des avantages et des privilèges de la fonction ; la seconde à la recherche de son unique enfant «enlevé», dit-t-elle, par un mari de nationalité française, fils de colon (le même colon raciste qui avait torturé sa famille... mais elle ne le savait pas) et diplomate.
Deux parcours qui se croisent et qui, s'étant ratés en Algérie au sein de la même entreprise, vont, peu à peu apprendre à s'aimer... A la folie ?
En fait, ce sont plusieurs histoires qui sont contées. Plusieurs vies aux «vis» sans fin... l'auteur ne se contentant pas de nos deux apprentis «évaporés» (au Japon, les «évaporés» sont les personnes qui disparaissent, à la faveur de catastrophes, sans laisser de traces familiales, sociales ou administratives et qui tentent de renaître ailleurs... Pour Smail,«les années 90 ont dû produire quelque chose de similaire...»). Il nous parle de la «chasse aux sorcières» déclenchée en 1996, contre les cadres de l'Administration, des «réformes» des années 90 («une grande supercherie»), de la bureaucratie, de la prostitution (en Europe, bien sûr !)... et pour couronner le tout, il s'essaie à une analyse comparative des personnages clés de «l'Etranger» (Meurseault à Alger et son soleil) et de «la Chute» (Clamence à Amsterdam et sa météo lugubre)... de... Albert Camus. Décidemment, cet homme -là nous colle à la peau. Il est vrai que lorsqu'on y est mal... à Alger ou à Amsterdam ou à Paris... kif-kif déprime !
L'Auteur : Voir plus haut
Extraits : «Tu ne seras grand dans un domaine ou un autre, qu'à la condition de t'enfoncer dans le crâne ce mot muet : l'humilité. L'humilité, devant le miracle de la vie et la fragilité des liens humains» (p 41), «Les climats les plus rudes ne peuvent entièrement avoir raison du désir de beauté chez les hommes «(p 79), «L'homme le plus détesté en Algérie, c'est le maçon.Pas l‘avocat ou le journaliste, comme ailleurs. Ou le politicien... Les médecins arrivent juste après... Si leur phénoménal enrichissement au détriment de la santé des gens n'est pas freiné, ils devanceront les maçons dans peu de temps» (p 280)
Avis : Vous saurez tout, ou presque tout, d'Amsterdam... et d'une histoire d'amour «à l'Algérienne» se déroulant à l'étranger, puis à Alger, puis à l'étranger.
Citations : «En économie, il paraît qu'une main invisible régit le marché. En politique, et donc dans l'Administration, la main invisible est une machine. Qui gère les machinations. Et cette machine te façonne et te refaçonne» (p 72), «La vocation peut détruire bien des choses, parmi elles le mariage. En cela, il ressemble à la démocrature du pays: un peu de démocratie et beaucoup de dictature. Il intègre un soupçon d'amour et beaucoup d'arrangements constructeurs» (p 151), «La bouche est esclave du cœur s'il déborde de sentiments vrais» (p 172), «Chaque époque engendre des hommes d'un autre siècle, pour rappeler à tous d'où ils viennent et comment ils en sont arrivés à leur condition présente, à ce qu'ils sont» (p 237)


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