Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger a déclaré dans l'après-midi d'hier, lors de la reprise des travaux de la réunion préparatoire des MAE, que «nous sommes arrivés à des approches consensuelles et convergentes après des discussions franches et profondes». Des réunions préparatoires marathon ont eu lieu ces deux derniers jours entre les ministres des Affaires étrangères des Etats membres de la Ligue arabe entre lesquels des consensus devraient être trouvés autour d'approches politiques fortement défendues par leurs dirigeants. C'est donc depuis samedi dernier que Ramtane Lamamra est en conclave avec ses homologues arabes pour s'entendre sur l'ordre du jour devant permettre au Sommet de s'ouvrir sans difficultés et dans les délais qui lui sont impartis par le pays hôte, l'Algérie. C'est demain 1er novembre que les chefs d'Etat et souverains arabes atterriront à Alger pour marquer de leur présence la 31ème session du Conseil exécutif de la Ligue arabe dans son plus haut niveau. «Le Sommet arabe est le mécanisme le plus important de l'action arabe commune parce qu'il lui met en place un cadre organisationnel pour formuler la vision qui lui permet de s'exprimer et d'atteindre les objectifs stratégiques qu'elle veut réaliser», a expliqué le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Abou Gheit, lors de son intervention à la première réunion préparatoire des MAE au Sommet, tenue samedi du CIC Abdelatif Rahal. Rien n'est facile pour Ramtane Lamamra quand il s'agit de rassembler des Etats dont les intérêts stratégiques divergent pour multiples raisons. Avec ça, les nombreuses réunions préparatoires tenues depuis mercredi dernier par les délégués permanents des Etats membres ainsi que les hauts responsables de la Ligue arabe, le Conseil économique et social arabe de niveau ministériel, ont toutes tenté de déblayer le terrain en exposant d'importantes et nombreuses problématiques politiques, économiques et sociales. Des réunions marathon pour arracher des consensus Il faut aussi compter avec les réunions bilatérales que les diplomates et hauts responsables ont eues avec leurs homologues arabes. L'on retient surtout les rencontres bilatérales que Lamamra a eues avec ses homologues des Etats membres au fur et à mesure de leur arrivée au CIC, et ce, depuis vendredi soir. Hier, les pourparlers entre les MAE ont continué à huis clos pour élaborer enfin un ordre du jour consensuel tout autant que les projets de décisions devant être remis au Sommet. Pris dans les allées du CIC par les médias à sa sortie dans la soirée du samedi de la salle de conférences, le MAECNE a simplement et brièvement répondu que «les discussions sont amicales, fructueuses et constructives». Et a lancé encore : «Nous sommes tous engagés avec la Palestine». La Cause palestinienne est véritablement mise au centre du Sommet d'Alger mais attend que les Etats arabes approuvent la «Déclaration d'Alger» que ses états-majors politiques ont signée le 13 octobre dernier à Alger pour acter leur réconciliation. Il est entendu que les divergences autour de ce document reposent sur l'état des relations qu'entretiennent les dirigeants arabes chacun avec chaque faction signataire L'Algérie attend de mettre en place le groupe de travail arabe qu'elle présidera pour suivre la mise en œuvre des 9 principes contenus dans la déclaration en question. La situation dans les territoires occupés pèse aussi lourdement sur cette mise en œuvre. Mais l'on constate d'ores et déjà l'exécution d'une de ses plus importantes dispositions relative «à la résistance palestinienne sous toutes ses formes». Fraîchement apparu au grand jour, «aaline el oussoud» (la fosse des lions), ce mouvement de jeunes Palestiniens qui a pris l'action armée à bras-le- corps à Naplouse, veut prouver qu'«à la guerre comme à la guerre» et demande ainsi «à tous les Palestiniens de reprendre le fusil». Placée en tête des priorités du Sommet, la question palestinienne n'est pas la seule à ressortir au grand jour les divergences qui minent le monde arabe même si les réunions préparatoires sont hermétiquement fermées. Les conflits régionaux font ressortir les divergences interarabes La crise libyenne met sur la table arabe algéroise toutes ses contradictions et ses dissensions à travers le soutien des uns au gouvernement de Tripoli et les autres à celui de Misrata où trône le maréchal Khalifa Haftar en maître des lieux et de l'ensemble des régions de l'Est de la Libye. Ceci, avec en puissance, des ingérences étrangères intempestives qui alimentent la crise après qu'elles l'aient créée au grand mépris du droit international. La crise au Yémen, elle aussi, n'a rien à envier à celle libyenne parce qu'elle est en proie à une coalition arabe armée dirigée par l'Arabie Saoudite et qui mène la guerre aux Houthis, une dissidence yéménite proche de l'Iran. La Syrie, cet autre conflit arabe où l'on accuse la Turquie et la Russie de se partager les zones et d'armer les groupes de révoltés... Le Liban se bat depuis toujours contre les bonds d'Israël pour en faire un arrière-pays qui lui permet de renforcer son hégémonie sur la région toute entière. Le Soudan, une fois partagé en deux, a perdu toutes ses marques d'un Etat souverain sur fond de détérioration des conditions de vie de ses citoyens, de pauvreté, de sécheresse Hier, en fin de matinée, le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, Houssam Zaki, a lui aussi déclaré à la presse que «les MAE sont arrivés à un consensus sur l'ordre du jour devant être remis au Sommet». Les diplomates avancent «une entente sur la cause palestinienne, la question de la sécurité alimentaire et la réforme de la Ligue arabe sur laquelle l'Algérie a arrondi les angles de ses demandes pour ne pas créer de problèmes et permettre au Sommet de sortir avec des décisions consensuelles de premier ordre». Le secrétaire général de l'ONU aujourd'hui à Alger Les allées du CIC ont eu écho, samedi soir, d'un malentendu au niveau de la réunion fermée des MAE. Des diplomates ont en outre tenu à démentir catégoriquement les allégations marocaines portant sur «le mauvais accueil et le non-respect protocolaire» à l'égard de Bourita à son arrivée au CIC en début de l'après-midi du samedi. Présents en nombre important sur les lieux, les cameramen et photographes courent dans tous les sens lorsqu'un responsable fait son entrée dans le Centre. Tous les MAE ont eu à passer au milieu d'une cohue incroyable de représentants des médias nationaux et internationaux pour pouvoir arriver à la salle de conférences. Notons que le porte-parole des Nations unies, Stéphane Dujarric, a fait savoir samedi dans un point de presse à New York que le secrétaire général onusien, Antonio Guterres viendra à Alger aujourd'hui lundi et prononcera un discours mardi, le jour de l'ouverture du Sommet arabe.
