Les fameuses Obligations de quitter le territoire français (OQTF) connaissent un nouveau développement qui ne fait pas l'unanimité au sein de l'opinion, notamment les défenseurs des droits humains. Après avoir été à l'origine de la réduction drastique des visas pour les ressortissants des trois pays qui rechignent à accorder des laissez-passer aux personnes ciblées par des OQTF, et avant que cette question des exécutions de ces obligations de quitter la France ne soit réglée complètement, le ministère français de l'Intérieur est passé à la vitesse supérieure en introduisant de nouvelles mesures «amplifiées» concernant les étrangers qui font l'objet d'une OQTF. Dans une circulaire adressée le 17 novembre 2022 par le ministre français de l'Intérieur et des Outre-mer aux préfets ainsi qu'aux directeurs généraux de la police et de la gendarmerie, il est demandé l'application identique des méthodes employées pour le suivi des étrangers délinquants à l'ensemble des étrangers faisant l'objet d'une OQTF. En d'autres termes, on ne fera plus de différence entre un délinquant qui menace la sécurité et la quiétude des habitants et un autre étudiant ou père de famille tranquille qui n'a pas pu obtenir sa carte de séjour, à temps, pour diverses raisons. On assimile des personnes n'ayant commis aucune infraction ni aucun crime à des personnes condamnées judiciairement et propose un traitement administratif similaire, notamment le renforcement des capacités de rétention sans distinction des catégories d'étrangers qui font l'objet d'une OQTF. Des associations sont montées au créneau pour dénoncer la circulaire du ministre français de l'Intérieur. Plus d'une quarantaine d'associations et organisations en activité dans le domaine de la défense des droits humains ont exprimé leur indignation en réponse aux amalgames véhiculés par cette instruction. «Les seuls effets de l'application des recommandations du ministre de l'Intérieur seront d'accroître la société du contrôle et de l'enfermement, de précariser encore davantage une population déjà vulnérable qui contribue pourtant fortement à notre économie, de créer des conditions de vie encore plus inhumaines pour des familles entières, de renoncer à toute ambition d'intégration et d'accueil», a-t-on dénoncé. Cette circulaire «oublie aussi que l'un des principaux obstacles à l'exécution des mesures d'éloignement n'est pas le comportement des personnes qui en font l'objet mais le refus des pays tiers ou d'origine de les accueillir», d'où son inefficacité. Le recours à plus d'enfermement et de contrôle est qualifié de honteux et inique. Maintenant, on se demande pourquoi ce durcissement du ton envers tous les étrangers qui font l'objet d'une OQTF, notamment sans distinction de leurs antécédents judiciaires ? Est-ce à cause de l'affaire du meurtre de Lola, dont la présumée coupable fait l'objet d'une OQTF sans rétention par la préfecture de police, et qui avait été laissée libre de ses mouvements, son casier judiciaire étant vierge ?