Des milliers de citoyens italiens ont manifesté samedi dans le centre de Rome, pour défendre la Constitution italienne, au lendemain de l'adoption en Conseil des ministres d'un projet de loi sur la réforme constitutionnelle de la Justice. Les manifestants qui ont répondu à l'appel du Comité national de défense de la Constitution ont convergé de la Place de la République (centre-ville) à la place du peuple dans le quartier historique de la capitale italienne, brandissant des exemplaires de la Constitution et slogans dénonçant ce qu'ils ont appelé "la contre-réforme" de la Justice italienne. Alors que le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, a affirmé que "la réforme de la justice permettrait aux citoyens d'être égaux devant la loi", les manifestants ont estimé que ce projet véhiculait le contraire de cette idée. Le procureur adjoint antimafia de Palerme, Antonio Ingroia, qui s'est exprimé devant les manifestants regroupés place du peuple a qualifié cette réforme de la justice de " représailles contre la magistrature". Il a affirmé que si le projet devait passer devant le Parlement, cela serait contraire au bon sens et au principe de l'égalité des citoyens devant la Justice. "Cette règle de droit (l'égalité devant la Justice) est estropiée et défigurée dans ses principes fondamentaux initiés par les pères fondateurs de la Constitution", a-t-il souligné. A ses yeux, "ce qui est jeu, ce n'est pas la séparation des carrières des magistrats, mais l'égalité de tous les citoyens devant la loi". Le projet de loi sur la réforme du système judiciaire, endossé la veille en Conseil des ministres visait notamment, la séparation de la carrière des parquetiers et des juges de siège. Pour le magistrat de Palerme, "notre état de droit est basé sur un équilibre délicat des pouvoirs et si le pouvoir judiciaire est débordé par le pouvoir exécutif qui tente de prendre le contrôle direct sur la justice, les citoyens ne seront plus égaux devant la loi", estimant que ce projet n'est pas conforme à la Constitution. Des représentants de partis politiques d'opposition, du mouvement associatif, des syndicats, des artistes, des enseignants et des étudiants, étaient présents à cette manifestation, où la réforme de l'école qui est dépassée au parlement en février, était également rejetée. Selon des responsables du comité, national de défense de la constitution, des manifestations similaires seront organisées dimanche dans une centaine de villes italiennes.