Plusieurs maladies contagieuses se sont multipliées en Syrie après deux ans de conflit, aggravant davantage la crise humanitaire avec des cas de typhoïde, d'hépatite A et de leishmaniose, s'est alarmée l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Selon Elizabeth Hoff, représentante de cette organisation de l'ONU en Syrie, la propagation des infections s'explique par plusieurs facteurs dont la suspension des programmes de vaccination, le non fonctionnement des pompes à eau en raison de la pénurie d'électricité et de combustible et le manque d'hygiène. L'absence d'eau potable qui en résulte s'accompagne dans certaines régions d'une défaillance presque totale du système d'égout et de gestion des déchets, a-t-elle ajouté. Les habitants sont donc contraints de boire l'eau des rivières ou des puits, qui peut être contaminée par des matières fécales, a-t-elle poursuivi, mettant en garde que cette crise ‘‘aura sans aucun doute des conséquences très graves''. La situation est d'autant plus grave que le risque d'infection coïncide avec l'effondrement du système de santé : plus de la moitié des hôpitaux syriens ont subi des dégâts, plus d'un tiers sont hors service, tandis que de nombreux médecins ont quitté les villes assiégées et les médicaments font souvent défaut, a détaillé la même responsable. L'OMS a recensé en Syrie 800 cas d'hépatite A (infection virale du foie extrêmement contagieuse.) et 2.500 cas de typhoïde (infection causée par la salmonelle) dans le seul gouvernorat de Deir-er-Zor, majoritairement sous contrôle des rebelles, au nord-est du pays. Selon une évaluation du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), l'approvisionnement en eau est tombé à un tiers du niveau d'avant la crise dans les gouvernorats touchés par le conflit. Même l'eau du robinet est devenue dangereuse pour la santé depuis que la production de produits chimiques de traitement de l'eau a pratiquement cessé. Dans certaines régions, les principales sources d'eau sont contrôlées par l'opposition et les autorités compétentes n'y ont donc pas accès, ne serait-ce que pour les analyser et les purifier, rapporte l'agence de presse de l'OCHA (Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies), IRIN.. Par ailleurs, l'OMS a indiqué que la leishmaniose, une infection de la peau transmise par le phlébotome provoquant des ulcères semblables à la lèpre, a particulièrement touché la région de Deir-er-Zor. Cette maladie serait due par le fait que dans les milieux ruraux, les déchets s'entassent et les eaux usées se déversent dans les cours d'eau et élargissent les marécages qui bordent les villages, multipliant les insectes. Avant, le gouvernement drainait les marécages alors que plus personne ne s'en charge maintenant, selon la même source.