Un haut responsable de l'ONU a déclaré mardi qu'il était "indispensable de rétablir la confiance de la population traumatisée au Mali qui craint le retour des groupes extrémistes et les représailles des forces gouvernementales", ajoutant que la protection des civils et le respect des droits de l'homme doivent être la "priorité absolue". Ce sont les propos tenus par le Directeur des opérations du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), John Ging, lors d'une conférence de presse tenue à New York après une mission de quatre jours au Mali, au cours de laquelle il s'est notamment rendu dans la ville historique de Tombouctou et à Mopti. "C'est un moment crucial pour le Mali. Afin de poser les fondations solides pour l'avenir, la protection des civils et le respect des droits de l'homme doivent être la priorité absolue. Cela commence par le respect des droits de l'homme et du droit humanitaire par les forces de sécurité du Mali", a-t-il insisté. Par ailleurs, il a appelé la communauté internationale à aider les Maliens à reconstruire leur pays et leurs moyens de subsistance dans le sillage de la période de violence et de l'effondrement de l'économie. "Le peuple du Mali souffre terriblement et il est, maintenant, temps pour nous de l'aider", a soutenu M. Ging. "Ce sont des gens dignes qui ne demandent pas beaucoup. Dans le nord, ils veulent repartir du bon pied après une année de brutalité et de dévastation. Ils veulent bénéficier d'une protection, ils veulent envoyer leurs enfants à l'école, ils veulent disposer d'un service de santé qui fonctionne, rouvrir les marchés et semer à temps leurs cultures afin d'avoir une bonne récolte", a-t-il poursuivi. Depuis le début du conflit en janvier 2012, plus de 430.000 personnes ont été déplacées, dont plus de 170.000 personnes qui ont fui en tant que réfugiés dans les pays voisins, a-t-il rappelé, précisant que cela a laissé des cliniques à court de médecins, les écoles sans enseignants et les centrales électriques sans ingénieurs. L'insécurité alimentaire dans le nord du pays a augmenté en raison des perturbations causées aux routes commerciales et d'une forte hausse des prix des denrées alimentaires. Les munitions non explosées et les mines sont un risque quotidien, selon John Ging. Le Directeur des opérations de l'OCHA a appelé les bailleurs de fonds à renforcer leur appui à l'aide humanitaire d'urgence pour répondre aux besoins des Maliens vulnérables. Selon les estimations de l'ONU, cela nécessite un financement de 373 millions de dollars, dont 153 millions de dollars pour les interventions les plus urgentes dans les six prochains mois, alors qu'a ce jour, seulement 17 millions de dollars ont été fournis. Aujourd'hui, a-t-il indiqué, 585.000 Maliens ont besoin d'une aide alimentaire et 660.000 enfants sont menacés de malnutrition. Pour faire face à cette situation, le Chef des opérations a jugé urgent de soutenir l'agriculture par la distribution de semences, d'outils et de pompes à eau, rappelant que le Mali faisait déjà partie d'un plan large contre l'insécurité alimentaire dans la région du Sahel.