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Les grandes dates des révoltes pré-octobre 1988
Ils ont contribué à fragiliser le système
Publié dans El Watan le 05 - 10 - 2008

Incontestablement, le moment fort, l'instant fondateur de cet esprit révolté et assoiffé de justice sociale et de changement démocratique a été celui du 20 Avril 1980 à Tizi Ouzou. Puis Oran, Saïda, Laghouat, et enfin, Constantine et Sétif ont été les épisodes les plus marquants, peut-être parce que les plus violents, dans l'évolution vers la rupture totale du 5 Octobre.
A chaque fois, le régime répondait par un tour de vis supplémentaire, mais en 1988, ces puissants coups de boutoir trouvent leur dépassement. En cherchant à repérer les dénominateurs communs de ces événements, force est de souligner ces quatre points : l'absence d'idéologie et d'idéologues, le vandalisme jubilatoire, l'attaque violente des biens et des symboles de l'Etat et du régime, et leur conséquence : la répression souvent féroce doublée de la volonté de récupération.
Oran-Saïda 1982, l'autre printemps
Des centaines de familles sont parquées à Graba Amrous, un bidonville datant de l'ère coloniale agrandi à la faveur de l'exode rural, et qui forme à cette époque une plaie honteuse dans la périphérie de Saïda. Dévasté par la typhoïde et rongé par tous les maux sociaux, la contestation couvait à Graba Amrous avant l'explosion de février 1982 ; il fallait juste une étincelle pour allumer le brasier social. Le décès d'une jeune fille de la famille Ziani, d'une méningite, fut un parfait alibi. Un grand attroupement eut lieu d'abord dans le calme devant le siège de l'APC, la wilaya et ensuite le commissariat de police. Il a fallu qu'un jeune impatient lance un projectile sur les forces de sécurité pour que tout bascule et provoque l'affrontement. Il y a eu des dizaines d'arrestations. La justice fut impitoyable et condamnera 40 personnes, dont trois femmes, à des peines de 3 mois à 2 ans de prison ferme. Trois mois plus tard, c'est Oran qui brûle.
« J'étais lycéen en classe terminale et je m'occupai d'un comité culturel du lycée Lotfi à Oran », raconte Farid. C'était le mardi 21 avril 1982. Ce jour-là, le lycée était en ébullition dès la matinée. Une rumeur qui rapportait que cette année, seulement 5% des candidats seront admis à l'université, est venue déstabiliser les classes. Une assemblée générale est décidée pour le jour suivant par le comité. Elle sera animée par les enseignants qui appelleront au calme et tenteront de rassurer leurs élèves de l'infondée de la rumeur. Mais la direction de l'éducation ne jugera pas utile de démentir l'information, ce qui ajoutera à l'angoisse des candidats au bac. Farid raconte que lui et ses collègues du comité n'ont jamais appelé à la manifestation et qu'il avait lui-même pris la parole pour inciter les lycéens à boycotter les cours en attendant la réaction de la direction. « Mais des personnes étrangères, se rappelle-t-il, intervenaient pour dire que les autres lycées sont déjà descendus dans la rue. A ce moment, le mouvement nous a échappé ». Le premier lycée à réagir était Hammou Boutlelis, suivi par El Hayat, puis Lotfi et Benbadis. Au départ, les marches étaient parfaitement organisées grâce à l'implication des militants du PAGS (Parti de l'avant-garde socialiste) clandestin. La population exprimait son soutien aux lycéens, les youyous fusaient des balcons, petit à petit on a oublié l'histoire des 5% et la marche de protestation a laissé place à une manifestation pour exprimer le ras-le-bol général. La police a laissé faire au début, mais devant la mouhafada, des provocateurs ont mis le feu aux poudres. La police a réagi et c'est là où ça a dégénéré.
La grève des lycéens durera une semaine. Les commerces étaient fermés. La police utilisait les bombes lacrymogènes pour disperser les émeutiers, les affrontements avaient pour champ de bataille surtout la grande rue Larbi Ben M'hidi (ex-Arzew) et la rue Khemisti. Les casseurs ont ciblé les magasins, les feux tricolores, les agences des compagnies aériennes étrangères, entre autres. Il n'y avait pas eu de vol, et les symboles de l'Etat n'ont pas été visés non plus. Des dizaines d'émeutiers seront hospitalisés, les premiers meneurs seront forcés d'entrer en clandestinité. Beaucoup seront arrêtés et même torturés par la police et la gendarmerie, notamment, qui recherchait des boucs émissaires à travers les liens entre le mouvement et les partis non autorisés comme le PAGS et le MDA. Au bout d'une semaine, le mouvement s'essoufflera, n'étant pas guidé par une plate-forme ni un animateur. Farid se rappelle aussi que des manifestations similaires avaient eu lieu en 1982, organisées par le comité national estudiantin et l'UNJA, qui n'était pas encore dominée complètement par le FLN. C'est parti de l'université avant de se terminer par la prise de parole au niveau de la mouhafada. Les jeunes des quartiers avaient adhéré à ce mouvement et répétaient les slogans : « barkaouna mel villa't ebniouna batimat » et « barkaouna mel honda't dirounna troliet » à traduire : « Assez des villas, construisez-nous des logements sociaux » et « Assez des Honda (véhicule symbole de la classe aisée, ndlr), on veut des bus de transport public ». Le sociologue Hassan Remaoun, chercheur au CRASC d'Oran, réfute la thèse de l'émeute du pain et avance les arguments suivants : « En 1982, explique-t-il, la crise économique n'était pas évidente, c'était encore une époque où les revenus pétroliers étaient soutenus. Mais c'est vrai que la poussée démographique était pour quelque chose et ces jeunes qui arrivaient étaient sans perspectives. C'était les précurseurs des harraga et des suicidés d'aujourd'hui. A mon avis, il s'agissait plus d'émeutes de la frustration de la nouvelle génération qui n'a connu que la situation faste des années 1960 et 1970. Des jeunes qui ne pouvaient pas accéder au statut acquis par leurs parents. Le système a échoué dans la transmission de mémoire. Et le moment était venu où la rupture entre générations était consommée ». Averti par le danger, Chadli réagit par le renforcement de son autorité, notamment par l'inféodation des organisations de masse (UGTA, UNJA, UNFA...) à travers l'article 120 des statuts du FLN.
Alger-Laghouat : pour la dignité
Selon les chiffres officiels, en 1984 le taux de chômage avait atteint 16,9% alors que le déficit en logements dépassait 1 million d'unités. Cela va indubitablement favoriser la montée de la contestation. Le printemps 1985 rappelle des souvenirs pénibles pour les habitants de la Casbah d'Alger. La main lourde de la police, dirigée à cette époque par Hadi Khediri, s'est abattue sans pitié sur les jeunes manifestants en l'absence du président Chadli Bendjedid qui se trouvait en voyage aux Etats-Unis. Les manifestants, outrés par les pénuries récurrentes d'eau potable, étaient sortis dans la rue réclamer de l'eau et exprimer leur mal-vie avant de faire face à une sauvage répression de la part des unités de police. Les affrontements dureront quatre jours et connaîtront un pic de tension au deuxième, raconte un journaliste algérois. Il aura fallu l'intervention de personnalités originaires de La Casbah comme Yacef Saâdi ou encore le général Toufik pour permettre la libération des émeutiers détenus dans les geôles de la police. Ces événements ont fait sept morts. Douze, selon d'autres. Des chiffres récusés par Hadi Khediri qui sera d'ailleurs limogé de son poste de ministre de l'Intérieur juste après la fin des émeutes d'Octobre 1988. Les jeunes de La Casbah resteront traumatisés par le déluge de la répression. Beaucoup basculeront dans l'extrémisme religieux qui nourrira par la suite les maquis terroristes. La montée de l'esprit religieux gagne en effet de très larges couches de la société. A l'université de Constantine, plusieurs accrochages sont signalés entre religieux guidés entre autres par un certain Bouguerra Soltani, encore inconnu en cette période, et les étudiants progressistes, sous l'œil indifférent de la police. Au sein du pouvoir, les clans porteurs du projet islamiste font passer l'une des lois les plus réactionnaires que connaîtra l'Algérie. Le code de la famille, qui renvoie la femme à un statut de mineur, provoquera le courroux des femmes qui descendront dans la rue pour protester.
lll lll Le pouvoir de Chadli tentera par la suite de rattraper le temps perdu sur le terrain culturel en multipliant les initiatives envers les jeunes pour les distraire de la propagande islamiste. Il était trop tard. A 400 km au sud de la capitale, la ville de Laghouat connaîtra elle aussi son lot d'émeutes durant cette décennie. En juin 1983, de violentes protestations contre le favoritisme dans la distribution des terres agricoles font deux morts parmi le corps de la gendarmerie. Au printemps 1985, la militarisation forcée de la région crée un sentiment de rejet chez les autochtones qui se sentaient envahis par des « étrangers ». Un incident venu agacer le conservatisme de la population, dont s'étaient rendu coupables deux militaires, a suffi pour mettre le feu aux poudres. En pénétrant dans un quartier interdit des oasis du sud qui comptent les quartiers de Chti't, Ksar Elbazaim, Sadikiya et Taga, les deux soldats ont commis l'irréparable contre l'honneur d'une population excédée. Leurs corps mutilés seront retrouvés quelque temps après, quelque part dans la nature. Bien avant ces deux dates, la ville de Annaba fut soulevée en 1983 par un violent soulèvement. La population s'était rebiffée, en effet, en réaction à une opération de « débidonvilisation » musclée visant à ramener dans leurs villages d'origine des milliers de familles de travailleurs qui s'étaient installés en ville en quête d'emploi. La population algérienne atteint 23 millions. Le rythme démographique rapide étouffe le pays. Les besoins des Algériens croissent au moment où des temps difficiles imprévus surgissent. 1986 est l'année de la crise économique globale. Les cours du pétrole, dont dépend exclusivement l'économie nationale, sont en chute libre, ceux du gaz suivent et placent l'Algérie dans une situation peu enviable. Le pouvoir d'achat s'effondre, la classe moyenne est écrasée, et le PAP expose les Algériens à la misère des longues files d'attente devant les étals presque vides des Souk el fellah sous les banderoles triomphalistes du fameux slogan Min ajli hayeten afdhal (pour une vie meilleure). Constantine-Sétif 1986, dernier rappel avant la rupture A Constantine, les ingrédients d'une révolte populaire sont réunis. Deux événements distincts mettent le feu aux poudres simultanément à l'université et au niveau des lycées de la ville, notamment celui de Ben Badis. La répression qui a suivi une action de protestation des résidents de la cité universitaire Zouaghi Slimane, et l'arrestation d'une cinquantaine de résidants, va pousser les étudiants à sortir dans la rue. Dans les lycées, c'est l'annonce de l'introduction de nouvelles matières dans les épreuves du bac qui crée la colère. Les deux mouvements feront jonction pour transformer Constantine en ce samedi 8 novembre en un véritable chaudron. Les affrontements avec la police dureront plusieurs jours. Ils feront tache d'huile et gagneront plusieurs quartiers de la périphérie comme Djenane Ezzitoun et Oued el Had. Plusieurs édifices publics seront saccagés à l'image de la boutique de la Sonipec, alors que les symboles du parti unique, le FLN, seront ciblés brutalement. Le bilan fera trois morts parmi les émeutiers. Il y aura des centaines d'arrestations, la plupart arbitraires, pour donner l'exemple d'ailleurs des émeutiers soit disant repentis seront présentés au journal télévisé de 20h pour étayer la thèse officielle du vandalisme dénué de toute revendication sociale ou politique qu'on a avancé à l'époque pour dénaturer le mouvement et étouffer la contestation. Dans la foulée, des intellectuels et des militants du PAGS seront arrêtés et internés durant plusieurs mois dans des camps du sud. Plus tard, El Hadi Khediri, encore lui, en parlant du syndrome de la capitale, tentera gauchement de minimiser les dégâts. « Nous avions donc empêché la marche sans provoquer aucun décès. Il a été prouvé, plus tard, que le seul étudiant mort lors de l'affrontement des marcheurs contre les forces de l'ordre, avait succombé à une crise cardiaque. La police n'avait pas tiré », dira-t-il dans un entretien accordé à Sid Ahmed Semiane, paru sur l'ouvrage Octobre, ils parlent. Parvenue à Sétif, la nouvelle des émeutes qui secouent Constantine depuis deux jours va bientôt susciter l'émulation. Dans l'après-midi du dimanche, des groupuscules de jeunes qui veulent leur part d'émeutes, tentent de provoquer des affrontements et ciblent des édifices publics. Les troubles prennent naissance à la cité des Cheminots avant de gagner le centre-ville. C'est le siège de la Société des travaux de la wilaya (STWS) qui est attaqué en premier, raconte un vieux journaliste. La façade en verre de ce bâtiment, qui abrite présentement une agence de la BDL, porte encore aujourd'hui les traces d'impacts des cailloux jetés par les assaillants. Souk el fellah et de nombreux édifices publics subiront la colère des émeutiers et beaucoup de véhicules appartenant à l'administration seront endommagés. Le mouvement durera à peine trois heures avant que l'intervention des forces antiémeute ne maîtrisent la situation à coups de bombes lacrymogènes. Des dizaines de personnes seront arrêtées mais seront relâchées aussitôt. C'est Hadi Khediri qui enrichit le bilan avec cette déclaration qu'on retrouve sur le même ouvrage. « …A Sétif, c'était autre chose. C'était le ras-le-bol et les manifestations étaient dirigées essentiellement contre les autorités locales, mais elles n'étaient pas importantes. Trois personnes malheureusement ont été tuées par un commissaire. Il a paniqué devant l'assaut de la foule contre une institution. Il a été condamné par la justice et est toujours incarcéré ».
Il se défend, cependant, d'avoir donné l'ordre de tirer sur les émeutiers : « ... Le sang appelle le sang. Je n'ai pu contenir les débordements à Sétif, lorsque les trois personnes ont été tuées, qu'en engageant un dialogue. Pendant une semaine, j'ai rendu visite, personnellement, aux familles des victimes et j'ai rencontré les notables de la ville. J'ai demandé pardon aux familles et obtenu réparation pour elles. C'est ainsi qu'on a pu enterrer les victimes dans le calme », lit-on encore. Ces émeutes feront des victimes parmi les journalistes aussi. Un rédacteur en chef d'Algérie Actualité a été limogé à la suite des manifestations d'Oran, alors qu'en 1986, un journaliste, ayant couvert les émeutes de Constantine pour le compte de Révolution Africaine avait subi les flammes d'El Moudjahid, Echaâb, L'Unité et An Nasr. L'information sera l'apanage d'organes étrangers, notamment français. Chez nous, ce déficit ouvrira le champ aux spéculations dont voici un exemple dont on peut trouver sur un numéro de Libre Algérie : « Cette insurrection s'est étendue dans le temps : elle a duré au moins quatre jours à Constantine. Il y a eu au moins dix morts, des centaines de blessés, des centaines d'arrestations (…) ». Et El Badil : « Les événements de Constantine se sont étendus à d'autres villes dont Annaba, Batna, Béjaïa, Blida, Collo, suivis par les manifestations à l'université de Bab Ezzouar d'Alger, créant ainsi un climat de solidarité nationale. » Aucune leçon ne sera tirée de ces avertissements, en témoigne le discours prononcé par Chadli le 11 novembre, au lendemain des émeutes de Constantine. Si l'on excepte les événements de Tizi Ouzou de 1980, le vent de contestation a évolué géographiquement de l'Ouest à l'Est comme on peut le constater avant que la colère ne culmine à Alger. Chaque événement fragilisait un peu plus la machine du pouvoir qui finira par céder en 1988. Les attaques à répétition mèneront au multipartisme et à tous les échecs que subit l'Algérie depuis 20 ans. Un gâchis monumental.
N. B. : Remerciements
Ce travail a été rendu possible grâce à la contribution généreuse de plusieurs personnes ayant pignon sur rue dans les régions touchées par les événements. Je tiens à leur témoigner ici ma sincère reconnaissance.


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