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« Le 11 décembre 1960 a été un formidable détonateur »
Ahmed Haddanou dit Ahmed El Caba, ancien militant de la cause nationale
Publié dans El Watan le 11 - 12 - 2008

« La politique est l'art d'empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde. » Paul Valery
Pour être heureux avec les êtres, il ne faut leur demander que ce qu'ils peuvent donner. Et puis quand on est heureux, il reste beaucoup à faire : consoler les autres… Comment peut-on sauver l'autre si l'on se perd soi-même ? Le héros n'est pas celui qui se précipite dans une belle mort, c'est celui qui se compose une belle vie…
Quand on passe un moment en sa compagnie, on comprend pourquoi il n'aime pas trop se livrer et s'afficher, préférant l'ombre à la lumière. Modeste et discret, il n'est pas du genre à se mettre sous les feux de la rampe, préférant la lumière qui éclaire à celle qui éblouit. Derrière ses lunettes, le regard sévère est d'une pétillante acuité. A 83 ans, l'intelligence tout en élégance, fidèle à ses valeurs, Ahmed El Caba, de son nom Haddanou Ahmed, ouvre de bonne grâce son album de souvenirs. Il nous ouvre son cœur et le café qu'il gère en plein quartier de Belouizdad. « Les employés sont partis fêter l'Aïd chez eux. Je ne pouvais les retenir », commente-t-il résigné. Ahmed incarne une époque dont on hume déjà la fin. « C'est peut-être le moment d'écrire l'histoire avec le témoignage de ceux qui l'ont vécue, sinon ce sera trop tard », lâche-t-il. Il aura vécu tout le bruit, toute la fureur de ce pays en annonçant fièrement qu'il a commencé à militer très jeune au début des années 1940. Incapable d'oubli, c'est assurément la culture de l'oubli et les occultations qui l'horrifient. Ahmed El Caba ?
L'appellation saugrenue a de quoi intriguer. Mais pourquoi diable traîne-t-il ce sobriquet ?. « En vérité, c'est mon frère aîné Ali qui était ainsi surnommé. Il possédait un cabas rouge à la mode à l'époque qui l'accompagnait toujours lorsqu'il allait au boulot. C'était le seul qui travaillait dans le quartier. Les jeunes lui avaient collé ce qualificatif qui m'a été refilé par la suite. » Les souffrances, les injustices, la solitude, la peur, les luttes discontinues, tout ça, il finira par les sortir de « son cabas » pour nous conter le cours de sa vie faite toute de militance. Ahmed est né le 27 mars 1925 au boulevard Cervantes à Belcourt. Il est le deuxième d'une famille de quatre frères et une sœur sur lesquels veillait Rabah, le père, qui gagnait sa vie dans la chaudronnerie. Ahmed a étudié pendant 3 ans à l'école de l'Allée des Muliers à Belcourt. Autant dire qu'il n'a pas vécu dans les livres, puisque très jeune, il entre dans la vie active en étant apprenti ajusteur à la mécanique agricole aux Champs de Manœuvres, dont l'endroit abrite aujourd'hui le ministère de la Jeunesse et des Sports. Il est ajusteur à la rue Marée. « On fabriquait des boucles de ceintures chez un juif. »
Il adhère au PPA en 1943
Il fera de petits métiers et gagnera sa vie dans la revente dans la fameuse aâquiba. Il adhère au PPA en 1943 alors qu'il venait tout juste de sortir de l'adolescence. Il faisait la liaison entre Ahmed Bouda, dirigeant du parti, et les autres responsables nationalistes. « Comme Bouda tenait un magasin à Cervantes, il était constamment surveillé. Il me chargeait de porter des messages car je n'éveillais pas les soupçons de la police. J'assistais aux réunions de la cellule du parti que j'ai fini par intégrer. » Ahmed trouve ainsi sa voie dans la politique aux côtés de Abdelkader Rebbah, cousin de Lakhdar et qui l'initia aux luttes jusqu'à l'avènement du comité Jeunesse de Belcourt en 1944. « On m'a donné l'ordre de rejoindre l'organisation des jeunes de constituer le premier comité local dans mon quartier. Il y avait Iloul, Abdelkader Ould Larbi, Boucetta Abdelkader, Boualamallah Ahmed et d'autres… »
La manifestation du 1er mai 1945 à Alger sonnera comme un déclic et radicalisera ses convictions. « J'y ai participé en deuxième ligne derrière Belhaffaf. Cette manifestation pacifique se terminera dans le sang avec la mort de Boualamallah Ghazali, Belhaffaf et Ziar de St Eugène. D'autres ont succombé sans que l'administration le sache. » La répression s'est abattue sur la population musulmane, surtout à Belcourt, bastion principal du PPA à Alger. « L'administration a lancé toute sa police dans le quartier. On a dénombré pas moins de 350 militants arrêtés. Pratiquement la moitié des effectifs recensés par le trésorier du CJB, Tazir Bacha. J'étais agent de liaison de Mohamed Belouizdad, détaché à Constantine et M'hamed Yousfi à Oran, qui étaient avec Mahsas, Larab, Tazir Bacha, Belhaffaf et Ouzoua, les fondateurs du comité Jeunesse de Belcourt. » Ahmed est arrêté quelques semaines après à La Casbah, avec Moundji Zine El Abidine, Faïd Ahmed et Tahar.
Il restera 11 jours entre les mains de la PJ. La police avait trouvé sur lui des armes et des cachets humides du parti. Il est incarcéré à Maison Carrée, puis à la prison militaire de Bab El Oued, enfin au fort de Bouzaréah. Il ne dut sa libération qu'à la faveur de l'amnistie générale en 1946 où Ahmed devient permanent du PPA. « Le parti cherchait à se doter en armes. On avait réussi à repérer l'endroit où les Anglais avaient entreposé l'armement : des grenades surtout. C'était des baraquements du côté de Birkhadem. Mohamed Belouizdad avait donné l'ordre de s'emparer du maximum de ces munitions. » En 1947, à la création de l'Organisation spéciale (OS) Ahmed est chargé par Belouizdad et Yousfi de trouver des agents de liaison dans les bateaux, mission qu'il ne pourra accomplir pour cause de maladie. Ahmed militera à Belcourt jusqu'en 1950, puis Benkhedda l'envoie dans les Bouches du Rhône où il est responsable du parti, représenté à l'époque par M'hamed Yazid, Tayeb Boulahrouf, Boulkroua Moussa, Boumaza Bachir et Moundji Zine El Abidine. Mais avant son départ en France, Ahmed connaîtra la première fracture du parti avec ce qu'il est convenu d'appeler la crise berbériste. « Elle a bien existé ! Je l'ai vécue à Belcourt où les chefs de cette action étaient Aït Ahmed, Ouali Benaï et Omar Oussedik. Le plus résolu des trois était Benaï, cousin du colonel Amirouche. Ils ont essayé de faire admettre leurs revendications, en vain.
La plupart d'entre eux ont in tégré le Parti communiste Algérien. Aït Ahmed est resté digne et égal à lui-même. » Ahmed pourrait s'étaler davantage sur cette péripétie, mais il le dit comme ça assez vite, pour ne pas avoir à revenir dessus. Il rebondit sur son itinéraire en France où il noue des relations avec des Algériens travaillant au port de Marseille. « De ma propre initiative, j'y ai constitué une cellule du parti. Lorsque l'OS a été démantelée, c'était la panique. Aït Ahmed était activement recherché. Le parti a décidé de le faire évacuer en France pour prendre ensuite le chemin du Caire. C'est moi qui étais chargé de cette mission à partir d'Alger. A Marseille, c'est Filali M'barek qui l'a pris en charge jusqu'à Paris. Avant, je m'étais occupé de Ben Bella, Mahsas et Khider, ancien condamné à mort. Un gars de Dellys, homonyme de l'autre Khider. » Ahmed reste à Marseille jusqu'en 1952.
L'ombre de Messali Hadj
La crise du parti éclatait au grand jour et commençait à agacer les militants. « J'ai donné ma démission de la permanence en restant simple militant. J'en ai fait part à Ben Khedda. Le seul service que je demande au parti, c'est de ne pas me demander pourquoi je laisse la permanence, avais-je signifié aux responsables. Comme je l'avais pressentie, la crise s'est accentuée en France et ni Boudiaf ni Didouche, responsables du parti dans l'Hexagone, ne pouvaient y remédier. J'ai été envoyé au sud de la France avec Mahsas pour essayer d'arranger les choses, mais le différend était profond. Malgré toute notre bonne volonté, on n'a pas réussi à endiguer la crise. Boudiaf et Didouche sont retournés à Alger pour s'occuper du CRUA et annoncer l'imminence de la lutte armée. » Ils sont nombreux à imputer cette situation de crise larvée, puis carrément ouverte à Messali Hadj.
« Je sais que beaucoup a été dit et écrit à son propos, des fois de manière désagréable et injuste. Lorsque la crise commençait à se dessiner, il était question qu'il parte au Caire pour prendre attache avec les pays arabes et musulmans. Il devait y rester mais il est revenu au pays en 1952. A-t-on voulu se débarrasser de lui ? A son retour à Paris, le hasard a voulu que je sois présent à son arrivée. Il y a eu des différends avec lui, mais il n'a jamais trahi. En fait, qui a-t-il trahi et quoi au juste ? N'a-t-il pas condamné le comité fantoche créé avec la bénédiction de Michel Debré qui avait intronisé un ancien de l'Etoile nord-africaine, Benamar Khelifa, à la tête d'un énigmatique Fad pour tenter de contrer les véritables nationalistes ? Le 14 juillet 1954, Didouche débarque à Paris. Ahmed est parmi les premiers à le contacter et de discuter des tenants et des aboutissants de cette crise qui a douloureusement ébranlé les assises du parti. Didouche m'a informé de la nouvelle organisation mise en place. « La Révolution va être déclenchée très bientôt », m'avait-il annoncé.
« N'est-ce pas suicidaire, lui ai-je rétorqué. Il m'a répondu : C'est la seule manière de sauver l'Algérie. Il avait réussi à me convaincre de la nécessité de mener la lutte armée. mais je continuais à m'interroger. Demain, lorsque l'indépendance sera acquise, qui dirigera ? Tu sais très bien que ce n'est pas nous. Nous sommes une minorité au déclenchement, nous le resterons demain si Dieu veut nous mener à la victoire. Mais gare à celui qui cherchera à accaparer le pouvoir. Je te conseille de ne plus jamais y penser. C'était sur ces mots que nous nous sommes quittés. » Ahmed s'attelle à créer des cellules FLN dans Paris et sa région. Il est arrêté en 1957, transféré à Skikda, puis à Constantine et au Camp Djorf à M'sila, au fameux camp de Bossuet, enfin à Sidi Chahmi. Il est libéré en 1960 pour reprendre ses activités militantes. Il participe aux évènements du 11 décembre dont il continue à penser que leur déclenchement à Belcourt a été spontané.
« Rouchaï Boualem, qui avait été chargé par la wilaya 4 de réorganiser Alger, avait pris en mains les évènements. Il faut dire que la révolution s'essoufflait et était presque à genoux. C'est grâce à cette manifestation que les maquis ont repris. La voix de l'Algérie combattante s'est fait entendre à l'ONU. Indéniablement, cela a été un formidable détonateur. » Recherché, Si Ahmed replonge dans la clandestinité. Il embarque pour la France à partir de laquelle il gagne l'Allemagne où il travaille dans la logistique destinée au FLN. Il rentre dans le MALG où, avec Abdesmed, il est chargé de transférer des armes sur Alger. « Celui qui venait les récupérer sur place était un Belcourtois, Salah Lehouaoui, doté d'un courage exemplaire. » A l'indépendance, Ahmed rentre au pays où il continue de militer au FLN jusqu'au coup d'Etat de 1965. « A partir de ce coup de force, j'ai rejoint l'opposition avec Mohamed Lebjaoui et Lakhdar Rebbah et bien d'autres. Nous avons fait l'impossible pour changer les choses, mais nous n'avions pas les moyens.
Ça n'a pas réussi malheureusement ou heureusement… », confie-t-il sentencieusement. Ahmed restera farouchement opposé au régime en place jusqu'à la mort de Boumediène en 1978. Comment il voit l'Algérie d'aujourd'hui ? « Ma conviction est qu'on aurait pu mieux faire pour un mieux-être. Malheureusement, les choses n'ont pas évolué comme il se devait. C'est un peu décevant mais je ne perds pas espoir. La Constitution ? J'aurais voulu qu'on n'y touche pas. L'actuel chef de l'Etat est venu avec une idée, éteindre le feu de la fitna. Il a presque réussi. C'est tout à son honneur, mais j'aurais voulu qu'on fasse jouer l'aternance et qu'il cède sa place à d'autres. Notre pays est encore dans la crise, mais je suis certain, voire convaincu, qu'il sortira de cette mauvaise passe dans quelques années… Ahmed est un homme d'hier qui n'a pas renoncé à aujourd'hui. La lueur qui éclaire ses yeux renseigne sur ses convictions profondes de lutteur de fond. « L'Algérie saura s'en sortir », soyez en sûrs, martèle-t-il en guise de conclusion…
Parcours
Ahmed Haddanou, plus connu sous le nom de Ahmed El Caba, est un enfant de Belcourt où il est né le 27 mars 1925. Au début des années 1940, il commence à militer au sein du PPA dont il défendra les causes jusqu'à la fameuse crise qui a secoué le vieux parti nationaliste. Si Ahmed intègre le FLN et accomplit plusieurs missions. Arrêté à plusieurs reprises, il connaîtra les prisons jusqu'à sa libération en 1960. Il participe aux manifestations du 11 Décembre. « Formidable détonateur de la lutte armée en ce sens qu'elle lui a donné un deuxième souffle. » Il est foncièrement contre le coup d'Etat de 1965 et rejoint l'opposition qu'il ne quittera qu'après la disparition de Boumediène. A 83 ans, Si Ahmed, en observateur averti, garde un œil critique sur l'Algérie dont il ne désespère pas qu'elle se relèvera bien un jour.


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