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Le mythe et la réalité
Popularité de Boumediène
Publié dans El Watan le 27 - 12 - 2008

Le fait est bien réel : Boumediène est au bout des lèvres de nombre d'Algériens, jeunes et vieux. Il revient assidûment aussi bien dans des discussions entre amis, dans les cafés ou dans la rue que dans les rencontres-débats les plus passionnées.
Au détour d'une phrase, au bout d'un constat, au coeur d'une diatribe, le nom de l'homme qui a régné sur l'Algérie avec une poignée de fer treize années durant, se trouve mêlé à toutes les sauces. Il est cité tantôt pour sa politique économique socialiste et socialisante, tantôt pour sa démagogie et son populisme. On entend certains l'évoquer en bien. D'autres en mal. De son vrai nom Mohamed Ben Brahim Boukharouba, Houari Boumediene aura marqué son époque d'une empreinte indélébile, laissant des séquelles par-ci et bonne impression par-là. Trente années après sa mort, l'architecte de la "Révolution agraire" et l'auteur de "l'Industrie industrialisante" demeure gravé dans la mémoire de plus d'un. Comme une légende ou comme un chef autoritaire. C'est selon le vécu, le passé et le présent de chacun. Une chose est sûre : L'homme, de son vivant comme après son décès à un jeune âge (46 ans), ne laisse guère indifférent. Souvent, l'on établit des parallèles et l'on fait des analyses comparatives entre son époque et celle d'aujourd'hui. Aussi bien au pouvoir que dans l'opposition, des voix s'élèvent soit pour critiquer ses "choix" notamment économiques soit pour louer les bienfaits du socialisme instauré comme mode de gouvernance à son époque. On entend par exemple des personnes, noyées dans le désespoir ambiant, évoquer d'un air nostalgique "l'ère boumedieniste". D'autres personnes se rappellent encore de la puissante Sécurité militaire qui étouffait la moindre voix discordante, mais aussi des emprisonnements et des tortures infligés à des opposants. Peu connu au lendemain de l'Indépendance, Boumediene a pu en quelques années se forger une image, bonne chez certains, mauvaise et effrayante même, chez d'autres. Cela après avoir bien entendu renversé Ahmed Ben Bella en juin 1965. Un coup d'état qui a été qualifié par l'historiographie officielle de "sursaut révolutionnaire". Boumediene disait qu'en déposant Ben Bella, il allait mettre de l'ordre, stopper la dilapidation des deniers publics et lutter contre l'instabilité, la démagogie, l'anarchie et l'improvisation dans la gestion des affaires de l'Etat. Beaucoup sont ceux qui y ont cru et ont fini par apprécier son volontarisme et engagement patriotique. Selon certains spécialistes, Houari Boumediene, après sa prise de pouvoir, avait jeté les bases d'une nouvelle organisation des pouvoirs publics. Il misait surtout sur les masses populaires qui étaient marginalisées durant les trois années de règne de Ahmed Ben Bella. Et surtout, comme le soulignait l'universitaire Ali Mebroukine dans son étude intitulée "Boumediene où l'histoire d'un destin contrarié" publiée en 2006 à El Watan, il avait fait appel aux prolétaires et à tous ceux qui n'avaient pas pu participer au changement institutionnel de juin 1965, pour les mettre à contribution dans les choix nouveaux et les décisions réformatrices de l'Etat et de l'économie qu'il avait eu à entreprendre.
Patriotisme ardent
Se présentant comme le "redresseur" d'un Etat dévié de ses objectifs novembristes, Boumediene signa son premier "acte patriotique " en 1968 en réussissant à faire évacuer la dernière base militaire occupée par la France à Mers el Kébir (Oran). Une décision qui a été applaudie et beaucoup appréciée par les Algériens jaloux de la souveraineté nationale chèrement payée. C'est surtout à partir de là qu'a commencé " l'épopée de Boumediene ". A l'évacuation des derniers soldats français sur le sol algérien s'ajoute une autre décision -non des moindres- et qui a surtout permis au président Boumediene de gagner la foule, à savoir celle de la nationalisation des hydrocarbures, prise le 24 février 1971 au grand dam de la France. Cette nationalisation réussie, outre le fait d'avoir grossi les rangs de ses supporters, lui conféra une importante dimension internationale. En effet, Boumediene venait de réussir là où l'Iranien Mossadegh avait échoué. L'année 1973 lui donna une nouvelle fois l'occasion d'affirmer son influence sur le plan international en organisant avec succès le sommet des non-alignés auquel les plus grands dirigeants du Tiers Monde de l'époque ont assisté. Il s'en suivit dès lors une période durant laquelle l'Algérie de Boumediene offrit un soutien très actif aux différents mouvements de libération d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine, et c'est en véritable leader du Tiers Monde qu'il se déplaça en 1974 à New York, pour prendre part à une réunion spéciale de l'Assemblée générale de l'ONU sur les matières premières qu'il a lui-même convoquée au nom des non-alignés. Il prononça à cette occasion un discours par lequel il exposa une nouvelle doctrine économique, appelant entre autres à l'établissement d'un nouvel ordre économique international plus juste, qui prendrait en compte les intérêts du Tiers Monde. C'est ce côte-là aussi qui a marqué à jamais les Algériens, avides d'un grand chef politique. Sur le plan économique, il opte pour le modèle socialiste, il construisit sur la base de ce choix beaucoup d'usines et d'écoles. En 1975, il accueille le premier sommet de l'OPEP par le biais duquel les membres du cartel ont pu définir une politique pétrolière concertée. Dans le sillage de cette même réunion, il parvint à sceller la paix entre l'Iran du Chah et l'Irak de Saddam Hussein. Sur le plan intérieur, il fit voter en 1976 une charte en vertu de laquelle il promulgua la constitution d'une Assemblée législative ainsi que la création du poste de président de la République, soumis au suffrage universel. Le contexte régional et international aidant, Houari Boumediene devint célèbre. Son poids et surtout son audace et sa présence sur la scène internationale l'avaient beaucoup aidé à s'imposer au plan interne comme la " solution " incontournable aux multiples problèmes et surtout comme le chef-messie qui dispose de la thérapie nécessaire pour vaincre le mal qui rongeait le pays moins d'une décennie après son indépendance. Ainsi, au bout de quelques années, il réussit à faire oublier à plus d'un le putsch de 1965 et asseoir son pouvoir, régnant sans partage sur le pays.
Le socialisme spécifique
Jouant sur la fibre nationaliste, Houari Boumediene draina des populations derrière ses grands projets politiques et économiques. Au plan politique, il fait adopter par référendum, en juin 1976, une "Charte nationale" qui consacre à la fois le " socialisme spécifique " à l'algérienne et l'islam comme " religion d'Etat", créant ainsi un " islam officiel " dans le but de s'assurer le soutien de la population. Au plan économique, il lance en 1977 une opération " mains propres " visant à sanctionner les " hauts responsables " ayant bénéficié d'enrichissement illicite. Mais il meurt avant que celle-ci n'aboutisse. Les avis positifs quant à l'époque boumedieniste sont nombreux et abondants notamment sur les forums de discussions sur la Toile. "Houari Boumediene, voilà un nom qui fait honneur à l'Algérie. C'est le seul homme qui a compris ce qu'il fallait pour ce peuple .Il restera le seul homme d'Etat algérien qui a pu gérer un pays comme l'Algérie et l'unifier avec des valeurs que, malheureusement, on a perdu aujourd'hui. A son époque, on était fier de dire qu'on est algérien. Aujourd'hui, on en a honte, car on est devenu la risée de tout le monde, avec une jeunesse qui n'a plus de repères et qui n'a plus la notion de l'échelle des valeurs que nous avions à son époque. Beaucoup parlent de dictature quand on parle de Boumediene. Je leur demande si on est mieux aujourd'hui avec la prétendue démocratie. Hélas ! ", souligne un médecin de Médéa sur un forum Internet. Un autre affirme : " La période de Si Boumediene est exaltante par l'esprit constructif, la vision d'avenir d'une Algérie plus juste, plus développée et dont les enfants auraient la tête haute avec un avenir de dignité, un bel avenir dans leur propre pays ". Pour certains, il n'y a pas l'ombre d'un doute que Boumediene était le meilleur de son époque. " Je ne crois pas qu'un Algérien puisse oublier Boumediene qui a marqué l'histoire de notre Algérie moderne ", exprime-t-on sur le forum d'El Watan. "Ceux qui, parmi nos concitoyens, parlent de dictature quand ils évoquent Boumediene, je leur demande et " l'Algérie Française " était-elle une démocratie pour vos aînés ? Quand en 1962, on comptait 95% d'analphabètes, un pays sciemment ruiné, détruit et meurtri par l'armée coloniale, c'était la démocratie pour la génération Boumediene ? Réveillez-vous ? Ce n'est pas l'excès de confort qui a conduit la glorieuse révolution algérienne et qui a arraché au prix du sang la liberté pour le peuple algérien. A ce titre, chacun d'entre nous doit s'incliner devant un résistant algérien. Et c'est grâce à des hommes comme Boumediene que nous avons arraché notre liberté. Ne l'oubliez jamais ! La critique est facile, la construction de l'Etat ne semble pas convenir à tous… ", tonne un internaute en réaction à un article sur feu Boumediene. D'autres commentateurs se montrent plutôt prudents quant aux réformes qu'il avait engagées durant son règne. "Le défunt Président Boumediene a fait ce qu'il pensait être le mieux pour son pays. Mais à contre-courant de la réalité. Le peuple n'était pas socialiste idéologiquement. Cette génération docile, on ne la trouve pas aujourd'hui. Nous avions à l'époque le moyen de partir à l'étranger avec juste la carte nationale. Cependant seul un nombre infime s'en est allé ", relève un autre " forumiste ".
« Mauvais choix »
Mais bien évidemment, Boumediene n'avait pas ou n'a pas que des admirateurs. En instaurant un régime fermé qui reposait sur sa seule personne, il a fini par être détesté par les opprimés et les damnés de l'Algérie post-indépendante. Les militants berbéristes et de gauche retenaient plus de lui le côté négatif et autoritaire que celui de nationaliste révolutionnaire et réformateur de l'Etat. C'est le cas par exemple de cette personne qui, s'exprimant sous le saut de l'anonymat, affirmait que "le développement économique de l'Algérie et l'émancipation du peuple sont incompatibles avec la dictature. Les maux qui frappent le pays aujourd'hui découlent de la politique menée par le Conseil de la révolution au lendemain du coup d'état du 19 juin 1965 et jusqu'à la mort du président Boumediene... ". Dans ce sillage, d'autres personnes disent ne pouvoir jamais oublier la mauvaise gestion de son système politique et soulignent que la révolution agraire, la révolution culturelle et surtout la révolution industrielle ont été un fiasco pour le pays. " L'on ne peut jamais mettre un propriétaire terrien et un métayer sur le même pied d'égalité ", fait remarquer un autre internaute pour lequel " il est inconcevable de confisquer l'identité d'un citoyen et de reconnaître tous les droits à un autre citoyen de la même cité ". Il y a également sur différents forums de discussions ceux qui trouvent " anormal " qu'on continue à encenser un homme comme Boumediene " qui a piégé ce pays sur le plan économique, social, culturel et ce pour des décennies ". " Trente ans après, je trouve que les politologues, sociologues et historiens algériens restent très craintifs et n'osent pas parler de la gestion catastrophique du pays par Boumediene. Soyez honnêtes et dites la vérité. Ne serait-ce que par respect aux générations futures. A vos enfants donc ", écrit un internaute qui se présente comme un ex-Algérien vivant au Canada. Il est ainsi clair que Boumediene est bien loin d'être, aux yeux d'une bonne partie d'Algériens, " le président parfait " que l'Algérie n'a jamais connu. Pour certains, il est le digne président de l'Algérie indépendante. Pour d'autres, ce n'est qu'un dictateur comme les autres.


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