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L'école peut-elle guérir ?
Publié dans El Watan le 08 - 01 - 2006

Cette fameuse trouvaille de M. le ministre de l'Education nationale de renvoyer 80% de son effectif enseignants non bacheliers à se «baccalauréatiser» faute de quoi ils seront «remerciés» relève d'une méthode contre-nature, anti-pédagogique pour ne pas dire anti-savoir.
Au lieu de faire sortir de ses tiroirs le dossier de la réforme de l'école (qui est en train de moisir) pour adapter les programmes et les méthodes à la réalité des besoins de l'économie en changement rapide, à relever les rémunérations de ses enseignants proches du seuil de la pauvreté, et de les motiver en leur ouvrant les portes de l'université à leur recyclage ou à leur perfectionnement, le pouvoir éducatif veut essuyer le couteau de son échec sur le dos de ce corps social qui a tout donné sans rien recevoir (sauf pour les pistonnés).
C'est même insensé de faire planer l'épée de Damoclès au-dessus de la tête de ces hommes et femmes qui ont travaillé dans des conditions des plus difficiles, en silence, pour suivre et accueillir les 8 millions de scolarisés de l'Algérie de 2005.
En guise de remerciement, d'encouragement à cette «armée de libération», contre l'ignorance, 40 ans après de loyaux services, l'Algérie leur reproche aujourd'hui d'avoir produit de la quantité au détriment de la qualité au motif tout trouvé – qui est d'ailleurs absurde – que ces «soldats» ne sont pas des bacheliers. Par ce non-sens, notre éternel ministre de l'Education veut non seulement faire perdurer l'école dans la sinistrose, mais aussi la vouer à une mort certaine. Le proverbe amazigh est là pour rattraper ceux qui sont à court d'idées. Il dit ceci : «Mai' chav a'r't ithouia»(1). Qui des Algériens, même des Européens aimeraient passer le bac à l'âge de 40, 50 ou 60 ans, si ce n'est uniquement par plaisir et à titre exceptionnel. Notre ministre de l'Education nationale est-il plus expert que les pédagogues, les psychologues et les chercheurs des pays développés – USA, Japon, pays de l'UE, Canada – qui ne considèrent plus le bac comme une panacée, une référence de quotient d'intelligence ou d'échelle métrique d'intelligence et, à plus forte raison, de visa absolu pour l'entrée à l'université.
Pour ce monde qui détient le savoir et les idées qui dominent par la technologie et non par le pétrole et l'ignorance comme référence, le bac est comme «la mère de Djeha», il est mort et enterré, on n'en parle plus. Ces puissances industrialisées qui nous dominent par la science et la performance reconnaissent la valeur de l'enseignant, quel que soit le palier du système éducatif et de formation, non pas à la «peau d'âne» qu'il a, bac ou doctorat, mais au nombre d'années d'expérience et au nombre des travaux publiés. Ces pays ont privilégié la communication, les nouvelles technologies de l'information.
Ces pays qui nous dominent par le savoir et les idées ont privilégié la concertation, le dialogue, la participation, la motivation. La motivation est comme la foi, «elles soulèvent des montagnes», c'est la motivation qui crée les aptitudes au surpassement, à avoir confiance en soi, à faire toujours mieux. L'Algérie, prise malgré elle dans le tourbillon de la mondialisation, doit avancer dans la voie de ce monde en changement rapide. Le retour au fétichisme du bac signifie le retour à des situations d'exclusion, de marginalisation, de l'établissement, d'une école close sur elle-même sous l'égide d'un système bureaucrate, exsangue, travaillant selon des méthodes et des programmes stériles et conservateurs. La crise de l'école algérienne ou «école poudrière» actuelle n'est pas imputable à ces enseignants non bacheliers. A notre humble avis, la cause est à trouver dans la mauvaise gouvernance de l'école, comme le reste des autres institutions. Le pouvoir éducatif doit faire son autocritique. La plupart de nos responsables hésitent à prendre le taureau par les cornes. Ils ne sont pas patrons de leur décision, alors, ils inventent des «kebch el Aïd», ils inventent des alibis qui ne tiennent pas la route, croyant trouver par là des solutions aux problèmes de la société. Des erreurs, tout être humain en commet, mais le meilleur est celui qui reconnaît ses erreurs et les corrige.
Le manque de motivation matérielle et morale a, certes, engendré chez tous les enseignants (et non pas uniquement chez les non bacheliers) des attitudes de passivité, de démobilisation, de mauvais rendement, parfois comme si l'école n'est pas leur bien, mais il y a lieu de reconnaître qu'ils ont assumé un rude métier d'éducateurs.
Certains ont payé de leur personne. Ils ont travaillé, ils se sont sacrifiés à l'éducation sans prétendre aux honneurs ni à la richesse. Ils ont considéré leur profession non pour s'enrichir, mais pour enrichir la société. Ils ont subi des attitudes des élèves venus des horizons divers. Dans la classe, ils ont affaire à des propres, à des malpropres, à des calmes, à des nerveux, à des candides, à des vicieux, à des intelligents, à des arriérés, à des inférieurs… Ils ont ménagé ce monde sans rechigner. Nous savons que l'Etat est parfois ingrat vis-à-vis des services rendus par son fonctionnaire, mais pas au point de faire table rase d'un savoir à capitaliser.
Quelles que soient les insuffisances de l'enseignant, l'on doit savoir que durant son parcours, cet éducateur s'est cultivé en éduquant ses élèves. Ingrate soit sa tâche, qu'on le veuille ou non, il a élevé ses élèves à la condition d'hommes, le mérite est à ce titre. Chez ces enseignants non bacheliers que le système veut «baccalauréatiser», il existe des génies qui peuvent surpasser les ingénieurs de 5e année de l'université dans les diverses disciplines de l'enseignement supérieur. Pour cette catégorie sociale, le pouvoir peut les motiver (y compris ceux qui sont à la retraite) en leur ouvrant et en leur permettant l'accès à l'université en 3e et en 4e année et même à préparer leur magistère en produisant un mémoire ou une thèse sur leurs expériences vécues.
L'accès à l'université, pour ces enseignants, peut s'effectuer au moyen de tests. Ce test est actuellement l'outil moderne d'évaluation des aptitudes individuelles.
Le système éducatif anglo-saxon utilise cette technique avec des programmes ouverts. Plus près de nous, l'Ecole pratique des hautes études et l'Ecole des hautes études en sciences sociales de Paris, interdépendantes de l'université la Sorbonne, peuvent servir d'exemple dans la manière de récupérer et de totaliser ce savoir pratique en le théorisant. Il y a lieu de rappeler que ces prestigieuses écoles ont pour encadrement des directeurs de recherche, à 90% des non bacheliers.
En guise de motivation, ces enseignants non bacheliers, en regagnant l'université, doivent garder leurs salaires mensuels et même les augmenter de 10 à 30%, selon le palier d'intégration de futur universitaire.
Les retraités qui s'engagent à théoriser leurs propres expériences seront aussi stimulés matériellement.
Nous n'avons pas de cours à donner sur l'intérêt d'évaluation des connaissances et d'intelligence par les tests, nous informons simplement que les laboratoires de recherche en éducation des pays industrialisés ont prouvé la méthode des tests et la meilleure technique pour mesurer d'une manière rigoureuse les aptitudes individuelles de l'individu. Ces laboratoires ont décelé chez nombre de ces non -bacheliers (mais qui ont une expérience vécue), une culture générale et des idées innovantes et que 70% de la production intellectuelle dans tous les domaines, les meilleures découvertes et innovations proviennent des autodidactes.
Pour l'Ecole pratique des hautes études ou l'Ecole des hautes études en sciences sociales que nous connaissons parfaitement, il suffit d'un entretien du directeur d'études avec le candidat à la formation et si celui-ci est accepté, le candidat va travailler selon le système de l'école, lequel lui ouvre les portes pour effectuer le diplôme de l'école, puis le DEA, ensuite son doctorat. On peut dire que, en France ou ailleurs, rien ne se perd tout se transforme. Même dans leur système éducatif, ceux qui sont exclus du système sont récupérés.
Il est bien beau de construire que de détruire, et nous terminons cette modeste réflexion par l'une des citations de Socrate qui dit : «Les esprits sont gros de vérité et l'art de l'éducation consiste à les accoucher.»
(*) L'auteur est Maître assistant à l'université M'hamed Bouguera, Boumerdès.
Note de renvoi
1- Littéralement en français : «S'il a des cheveux blancs, remettez-le à garder les troupeaux.»


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