Pour sa première prestation en Algérie, Habib Koité a drainé un nombreux public. Une foule impressionnante constituée de centaines de jeunes et de moins jeunes, venus découvrir pour la première fois de leur vie leur idole. Trois quarts d'heure avant le concert, la salle affichait déjà complet. Les agents de sécurité refoulaient gentiment les « retardataires ». Devant l'affluence plus que grandissante, il est alors décidé de dresser un présentoir à l'extérieur de la salle, façon singulière de mieux réguler la foule. Les portes de Sésame s'ouvrent une deuxième fois dans une anarchie indescriptible. La salle est alors pleine à craquer. Le moindre recoin est squatté, mais la joie se lit sur tous les visages. Vers 19h10, l'ensemble de la formation fait son entrée sur scène sous des salves d'applaudissements. Une intro rythmée aux sonorités africaines est offerte aux invités. Comme le veut l'usage, Habib Koité salue son public en le remerciant d'être venu aussi nombreux ce soir. « Depuis 15 ans que nous tournons, c'est la première fois que nous venons en Algérie. Nous sommes heureux d'être dans un pays voisin. Je suis heureux de savoir que l'Algérie abritera en juillet prochain le Festival panafricain. C'est bien que les Africains se rencontrent. Je serai certainement en tournée dans le monde, mais j'aurai une pensée particulière pour tous les Africains », dira-t-il avec un sourire débordant. Place maintenant à la musique et à la chanson. Il s'empare de sa guitare et se lance dans un langoureux morceau Adjama. Suivront d'autres titres exhumés de son dernier album intitulé Afriki dont, entre autres Namania, N'tesse, Africa, Fimani, N'ba, Mali Ba, Barra, N'Teri, Nta, Massaké,Titati. De sa voix suave et sulfureuse à la fois, Habib Koité, dans la chanson Africa, donne un large panorama du continent africain où la compassion pour la maman et l'égalité entre les êtres humains doivent être de mise. En véritable bête de scène, Habib Koité réussira à déchaîner la foule en peu de temps, aidé en cela par ses fidèles hôtes, en l'occurrence ses musiciens de même nationalité, à savoir : Ann Souleymane (drum, voix, calebasse), Berthe Abdoul Wahab (basse), Kamale N'goni, (voix) Diabaté Kélétigui (balafon, violon), Kone Mohamadou (percussion, tama, dum dum), Sidibe Boubacar (guitare, voix, harmonica). En effet, ici et là, dans la pénombre, des corps se déchaînent au gré d'un mélange de rythmes traditionnels du Mali à des sonorités proches du folk. L'ambiance est telle que soudainement Koité décide de quitter la scène. Il gravit quelques travées pour se mêler à son public. Certains tenteront de l'approcher, mais en vain. L'artiste rejoint son espace pour reprendre de plus belle une partition exécutée à la flûte. Après avoir investi le bas de la scène et les allées, certains potentiels danseurs ont eu l'audace de monter sur scène afin d'esquisser des mouvements de danse très entraînants, et ce, avec la complicité de Koité. En l'espace de pas loin de deux heures de temps, le griot et guitariste Habib Koité a réussi à convier, plus, à faire un voyage entre les mélodies bambara de Ségou, les chants tamasheq de Tombouctou et la tradition des chanteurs de Wassoulou. Comme quoi, Habib Koité a réussi, grâce à son talent, à valoriser les traditions maliennes en les intégrant dans sa musique.