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Quand le printemps s'entend
Andaloussiate 2009. Suite et fin
Publié dans El Watan le 04 - 06 - 2009

L'âme de Zyriab a flotté sur le Théâtre de Verdure pour une communion entre la musique, la poésie et le savoir-vivre.
Mardi 19 Mai. El Inchirah présente une nouba h'sine sous la direction de Smaïn Hini. L'orchestre entame un inquilab Li Habiboun qad samah li bil wissal. Le ton est donné par une jeune interprète à la voix puissante et émue. Une surprise attend le public avec le m'cedder Ya Qoum hadjarni del malih, pièce presque disparue. C'est un bon point pour El Inchirah. Bt'aïhi h'sine par excellence : Ya Morsili. Ce chef-d'œuvre est le rêve secret de nombreux solistes. Le poème demande une réelle maîtrise et c'est à Djamel Hazem à la voix profonde qu'il est confié. Ce soir là, un invité de marque est dans la salle, Amar El Acheb. Les musiciens ne pouvaient pas faire moins que de lui rendre hommage en lui offrant leur interprétation de Nast'hel el kya ana li bghit. Les spectateurs ont apprécié la belle performance.
Mercredi 20 mai. Un public féminin, les bras chargés de fleurs, se presse à l'entrée du Théâtre de Verdure. Il est presque 20 h quand arrive Lamia Maâdini dans une jolie « blousa » couleur pervenche. Elle nous entraîne dans un formidable carrousel de chants hawzi et aroubi. Des youyous fusent de partout aux sons de Zaâbli oua tmili.... C'est sur un rythme passionné et sous l'œil attentif de Mansour à la mandoline, que Lamia conclut. Dès la dernière note, les bouquets de fleurs recouvrent la scène. Bravo Lamia ! Avec Ahbab El Cheikh Larbi Ben Sari, un nom lié au patrimoine national, nous atteignons la félicité. Un programme dans la plus pure tradition de Tlemcen. Le jeu est juste, précis, captivant ; on se laisse aller sur les airs de la nouba raml maya dirigée par Fawzi Kalfat. Une délicate mélodie s'élève, le chant du regret Ya assafi aâla ma madha - Ya ferqat diyar El Andalous. Nous retournons au XVe siècle et, en filigrane sur le rideau, apparaît un film du départ des Arabes de l'Andalousie... La perfection est atteinte quand Fawzi Kalfat reprend la Dlidla Ouine n'sibek idha t'wahachtek. Douceur exceptionnelle de la voix, rare sérénité. L'assistance est émue aux larmes.
Fawzi Kalfat est magnifique. C'est notre coup de cœur. 21 mai, jour le plus émouvant. Nous attendons Constantine et sa prestigieuse association Maqam. Au moment où le spectacle doit commencer, des tambours de zorna surgissent derrière nous. M. Mohammedi, directeur d'Arts & Culture, ouvre la marche et fait place à M. Kheznadji dont c'est le 80e anniversaire ! M. Kheznadji n'en savait rien. Les dirigeants de toutes les associations montent sur scène et apportent cadeaux et fleurs. Des youyous fusent. Un moment inoubliable. Maqam finit par prendre place sous la direction de Rabah Kettat. Les Constantinois se démarquent avec un programme particulier : Ya el ouerchane de Sidi Ahmed Benmessaib, hawzi dans le genre mystique, et la qacida Echadoulia d'Abou El Hassan Echadouli. Admirable maintien de la superbe Rym au violon et découverte de la voix et de l'assurance d'Anis, benjamin de la troupe. Il a 12 ans et déjà sept ans de métier !
Avec leur dextérité, les membres de l'association Mustapha Belkhodja d'Oran interprètent une nouba en mode ghrib qui comptera parmi les plus belles. Des bijoux de poésies tels que Qadi el hawa et Rani bil afrah sont présentés selon la méthode de Tlemcen. A la fin, un hommage est rendu par Abdelhakim Meziani à Mustapha Belkhodja. L'histoire est ainsi faite ; les ensembles de musique andalouse viennent généralement des villes du Nord. Mais le 22 mai, c'est de Laghouat qu'El Djoudour arrive. Sous la direction de Badis El Eulmi, ils proposent leur version d'une partie de la nouba raml maya et de la nouba sika. Une autre façon de voir la nouba qui n'a pas laissé les spectateurs algérois insensibles, bien au contraire. Puis, 17 jeunes filles et garçons déboulent sur scène. C'est El Djennadia de Boufarik. Ils veulent démontrer qu'ils ont assimilé l'enseignement de Moussa Haroun qui, pour la circonstance, délègue la direction de l'orchestre à un jeune talentueux, Sofiane Bouzar.
Sur le mode raml maya, nous découvrons une belle association avec une très jolie voix féminine, Yanel, finesse et élégance dans l'allure et le timbre. La soirée du 26 s'annonçait palpitante. Cordoba et El Founoun El Djamila, deux associations en pleine ascension se livreront à de superbes joutes musicales. Sous la direction de Nadjib Kateb au r'beb, Cordoba entame une formidable nouba rasd dil. Tout y est : costumes, voix justes et bien placées d'Amina, Mélissa, Dalila et Fatiha, auxquelles s'ajoutent les voix masculines puissantes et douces à la fois de Bilel et Kamel. En plus d'une touchia, nous apprécions une m'chalia rasd dil et parmi les poésies un joli b'taïhi Lahet min sanek. Nadjib Kateb fait son chemin sûrement et humblement. Il est rare que des orchestres choisissent un même mode le même soir. Les deux jeunes chefs d'orchestre ont élu le mode rasd dil sans se consulter et ils ont eu raison ! Abdelhadi Boukoura dirige l'association El Founoun El Djamila.
Sa nouba est composée d'un tout autre choix de poésies, preuve de la richesse incroyable de ce patrimoine. Abdelhadi a décidé de rappeler l'existence du m'cedder Sabri Qalil qui n'est presque plus chanté. Ce texte est plus connu en inquilab dans le mode mezmoum. Pour certains, c'est une redécouverte. Signalons deux des plus belles voix ; Mouna Chaâtal douce et sereine dans son interprétation de Ya men sada sayda. Par amour pour son art, Mouna n'hésite pas à faire des kilomètres tous les week-ends pour assister aux répétitions, car elle vient de La Chiffa. L'autre voix, masculine, d'Abdelatif Ferhi, compte parmi les plus remarquées de cette rencontre printanière. Abdelhadi Boukoura a fait du beau travail, en digne représentant de sa célèbre famille. Et, alors qu'on parle souvent de jalousie et mésentente entre associations, le final de la soirée est assuré par un immense orchestre, fusion des deux associations. Un autre concert commence. Improvisé à la demande du directeur d'Arts & Culture, il apporte la preuve que le salut de cet art viendra de la jeunesse.
Le 27, salle comble. Es Soundoussia, présidée par Mme Salima Maâdini et dirigée par Haroun Moussa, a prévu un programme en trois parties. Une nouba zidane magnifiée par l'harmonie du chœur et l'agilité des musiciens. Le mode zidane et ses dièses ne sont pas accessibles à toutes les voix et, avec Lach ya aâdeb el qouloub, Hafsa Bendaoud réussit un formidable exercice vocal. La seconde partie est assurée par Lamia Maâdini qui n'est plus à présenter. Elle nous entraîne dans un tourbillon en mode sihli. La salle adore. Puis, c'est au tour de Sofiane Bouchafa excellant à la derbouka mais, plus encore, au chant. Une prouesse extraordinaire : maintenir une percussion régulière et chanter sur des rythmes aussi difficiles, exige une concentration et une maîtrise extrêmes. Bravo ! Le 28, il y a foule. En hommage à El Hadj Mohamed Mezghenna, l'association du même nom présidée par Réda Bestandji, arrive sur scène. Ils sont 39 sous la direction de Kamel Belkhodja.
Ce soir, ils proposent une nouba en mode h'sine. Nous découvrons la puissance de la voix de Yasmine Safsaf. Le derdj Darabetni bi khendjari mouqlataha est confié à Amel à la voix hautement placée et surtout juste qui s'autorise des variations difficiles. Mezghenna a explosé l'applaudimètre. Vendredi 29 est annoncé comme une journée à rebondissements. Une foule nombreuse est présente, on la dirige vers le théâtre de plein air. On écoute d'abord Dalila Mekadder qui a préféré un programme rafraîchissant en cette chaude fin d'après midi, en mode sika suivie d'aroubi et de hawzi. Radieuse dans son costume, elle est accompagnée par d'excellents musiciens. On retrouve Nadjib Kateb, Abdelhadi Boukoura, Amina Chaou, Bilel Boustani. Un très beau programme repris en chœur par le public. Cette rencontre ne pouvait se clore qu'avec le chant des Anadil de Chéraga. Youcef Ouznadji, le président et chef d'orchestre, est l'élève le plus assidu d'Ahmed Seri, présent pour la circonstance.
Il a choisi une jolie et difficile nouba en mode h'sine. Il sait pouvoir compter sur ses solistes à l'exemple de ce jeune garçon qui présente calmement Aâdjarete lil nadhirine dhabyatoun et de cette jolie demoiselle qui excelle dans Laou aânani dahr . Relevons le respect de la tradition dans l'interprétation. Bravo Ouznadji. Tous les concerts ont été immortalisés par notre ami photographe Ahmed sur www.andaloussi.net. Le final est grandiose. Tous les dirigeants d'associations sont présents et, parmi eux, Ahmed Seri et Mohamed Kheznadji. Les musiciens montent sur scène pour un formidable spectacle. Venue de Bordj Bou Arreridj, l'association Bibans El Andalous, joyeux groupe d'adolescents, a fait le voyage juste pour venir voir et entendre. Costumes et couleurs magnifiques, visages radieux, on devine la joie des plus jeunes à côtoyer leurs aînés. Sous la direction des deux maîtres, Kheznadji et Seri, Bachir Mazouni se met au piano et la plus belle de toutes les chorales entonne inquilabate et khlass. La beauté du spectacle et l'émotion sont incommensurables, les mots nous manquent...
Nous avons assisté à l'expression de tout ce qui fait l'humain : amour, respect de soi et de l'autre, fraternité. Depuis toujours, les associations de musique andalouse œuvrent à la préservation et la transmission de ce patrimoine, de façon bénévole et en dépit des contraintes et obstacles. De leurs rangs, sont sortis des cheikhs qui sont aussi de grands médecins, ingénieurs, commerçants ou chauffeurs unis par la musique. Si les associations n'existaient pas, nous n'aurions pas eu la joie de vivre Andaloussiate 2009. C'est en ce sens que la conservation des traditions a du bon. Il ne s'agit pas de sombrer dans une nostalgie stérile mais de mettre l'accent sur la pérennité des valeurs véhiculées par cet art depuis des siècles.


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