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«On a envie que les choses se disent»
Publié dans El Watan le 24 - 11 - 2012

– Comment est née l'idée du scénario de Parfums d'Alger ?

J'y ai pensé en 1990. A l'époque, je tournais Touchia du côté de l'ENPA (ex-Entreprise nationale de production audiovisuelle). C'était au début des manifestations du FIS à Alger. J'abordais dans Touchia (sorti en 1992, ndlr), le thème de la femme, mais j'avais l'impression d'être dépassé par l'histoire. Il y avait un mouvement, quelque chose qui se passait. Je me sentais déjà en retard. Au départ, je voulais raconter dans Parfums d'Alger l'histoire de deux frères, pas une sœur et un frère. Deux frères avec deux visions du monde. Au début, il n'y avait pas de confrontation violente. Je me suis dit qu'on allait arriver à cela. C'est à dire l'affrontement violent entre deux frères. La politique suivie à l'époque poussait vers cet affrontement. J'ai abandonné le projet. Il était difficile de le proposer dans les années ‘90. Certains ont tenté de me dissuader. On se trompait déjà de lectures. J'ai fait d'autres choses. Un producteur m'a proposé de faire un film sur l'Algérie. Des télévisions françaises m'ont aussi fait des propositions. J'ai refusé parce que je n'avais pas le recul nécessaire. Je ne voulais pas faire de la tragédie algérienne un fonds de commerce. J'ai repris le projet en 2005 et commencé à écrire le scénario. J'ai trouvé des problèmes pour trouver de l'argent. On avait peur du thème même après la réconciliation nationale (Charte adoptée en 2005 après référendum, ndlr). Pour les Français, le sujet n'était plus d'actualité, selon leur vision des choses. En 2009, j'ai proposé le scénario au ministère de la Culture.

– Pourquoi les cinéastes algériens, à quelques rares exceptions, ont-ils évité d'aborder les violences des années 1990 ?

Je pense que ni l'ENTV ni un autre organisme n'aurait financé un projet de film abordant la situation des années ‘90. J'ai fait des tentatives, mais je n'ai pas eu de réponses. C'était un tabou. Il ne fallait pas y toucher. Jusqu'à ce jour, ce n'est pas encore réglé même dans notre mémoire collective (…). Il faut encore attendre des années avant de pouvoir en parler.

– L'idée du père violent, castrateur est souvent évoquée dans le cinéma ou dans la littérature algérienne. Ce personnage est bien présent dans Parfum d'Alger, à travers le père de Karima, la photographe…

Il s'agit d'une symbolique. J'ai animé une conférence à Rome sur «le printemps arabe». J'ai pris l'exemple du jeu d'échecs pour donner une image en parlant de la notion de «cheikh mat» (échec et mat). Dans le jeu, on ne gagne que si l'on neutralise le vieux, le roi, le maître, le père… Dans ce jeu, il y a quelque part une castration symbolique toujours espéré. On a toujours voulu bloquer le maître. Ce qui se passe dans le monde arabe ou en Algérie signifie qu'on est arrivé à l'étape du bilan. On veut que nos pères nous rendent des comptes. En Algérie, on commence à faire le bilan sur la guerre de libération nationale. Nous en avons assez des fables et falsifications de l'Histoire. Il faut mettre un arrêt à cela et dire que les choses ne se sont pas déroulées de cette manière. Pour y arriver, il faut neutraliser le père d'une manière symbolique.

– Parfums d'Alger paraît très actuel comme film. Dans le monde arabe, beaucoup de films abordent la question de l'extrémisme religieux. Comment expliquez-vous l'intérêt du septième art arabe à ce sujet ?

Malgré tout cela, il y a encore des tabous. Les sociétés arabes sont liées à l'Islam. Il y a encore une peur terrible d'évoquer la question religieuse. Dès qu'on l'aborde, on subit les attaques. Il y a de plus en plus la nécessité de casser ces tabous et de faire un travail sérieux sur le culte. Plus on travaille et on réfléchit, plus on déblaie le terrain, ça nous met à l'aise. La mauvaise interprétation de l'Islam a mené à l'assassinat et à l'extrémisme en Algérie. Pour un artiste musulman et arabe, il est nécessaire de toucher à l'essentiel de nos sociétés.

– D'une certaine manière, vous évoquez ce qui est appelé «la légitimité historique» à travers ce père qui reproche à Karima et son frère Mourad de ne pas être combatifs, de prendre du lait en poudre… Sommes-nous sortis du piège de cette légitimité ?

Nous n'en sommes pas sortis. Il est important de transmettre aux jeunes une vision juste de l'Histoire. Dans toute révolution, il y a de belles et de mauvaises choses. Il ne faut pas se leurrer. Ce père marchande ce qu'il a fait durant la guerre de libération. On nous a tous jeté à la figure, à un moment ou un autre : «J'ai fait la guerre», «j'étais au maquis alors que tu n'étais pas né»… Dans le film, la fille réplique à son père, disant que les jeunes ont aussi le droit de vivre, d'avoir de l'espace, de voir la vie d'une autre manière. Lorsqu'on les brime, on les pousse vers les extrêmes. Pour ne pas affronter sa fille, le père la marie de force. Elle fuit alors. Plus docile, le frère bascule dans le radicalisme. Pour répondre à l'oppression du père, il a pris les armes. Tout père ou tout gouvernant qui essaie d'opprimer ses enfants doit s'attendre au retour du boomerang. Il n'y a que le dialogue qui permet d'évoluer tranquillement. Si on refuse le dialogue, la violence prend place.

– On se pose aussi des questions sur le titre Parfums d'Alger…

A l'origine, le titre était Frérot (Le frère). Mais, c'est un titre qui donne une image trop précise de l'histoire du film. Je voulais reprendre quelque chose qui ressemble à La Bataille d'Alger. Pourquoi pas Parfums d'Alger ? Il y a des parfums doux, d'autres enivrants, d'autres mauvais… C'est un peu à l'image d'Alger, de l'Algérie. Nous avons essayé de refléter les beautés d'Alger à travers plusieurs images. En même temps, nous vivons des drames, des contrastes dans cette beauté. C'est comme mesk ellil (galant de nuit, plante au parfum nocturne, ndlr). Si on s'enferme avec cette fleur au parfum fort dans une chambre, on risque de s'évanouir !
– Vous avez confié le rôle principal, celui de Karima, à la comédienne italienne Monica Guerritore. Ce choix s'est-il imposé à vous ?

Au début, j'ai commencé le long métrage avec l'actrice française Isabelle Adjani. Elle est partie parce qu'elle n'a pas supporté le rythme du travail. Elle était fatiguée. Le tournage exigeait une grande énergie. J'ai continué à tourner. Et, il me fallait trouver une actrice pour jouer le rôle de Karima. J'avais seulement une dizaine de jours pour le faire. J'ai fait un casting à Alger et à Paris. Je n'ai pas trouvé une actrice algérienne pour interpréter ce rôle. Et celles que j'ai trouvées étaient engagées sur d'autres projets. Monica Guerritore, qui est une grande comédienne de théâtre et de cinéma en Italie, militante des droits de la femme, sortait juste du tournage d'un film. Elle m'a dit non. J'ai essayé de la sensibiliser sur les questions de la femme. C'est d'abord un rôle. Peu importe qui l'interprète. Il faut sortir de ce cliché d'Algériens qui jouent dans des films algériens. Les Américains ne se posent jamais ce genre de questions. Le plus important est le résultat.
Monica est magnifique dans le film et forte dans ses expressions.

– Vous avez dit aussi que Rym Takoucht était une belle surprise pour vous…

Pour son rôle (Samia, épouse de Mourad), il y avait aussi une autre actrice. La franco-marocaine Saïda Jawad (actrice dans Rose et Noir de Gérard Jugnot et Tous les soleils de Philippe Claudel, ndlr). Saïda Jawad est partie avec Isabelle Adjani. Donc, il fallait la remplacer elle aussi. C'était difficile. Je ne pouvais pas arrêter le tournage, sinon le film aurait été compromis. J'ai vu Rym dans d'autres films. J'ai fait un essai avec elle et ça a réussi. Dans le rôle de Samia, elle symbolise la femme algérienne. Elle était parfaite. Rym Takoucht est une belle surprise. Ce n'était pas évident de trouver une actrice qui pouvait donner tout cela à l'écran en étant généreuse dans son rôle. Lorsque des actrices de bon niveau se retrouvent dans un film, chacune améliore ses performances, lève la barre haut. C'est pour cela qu'il faut faire appel à de grands acteurs et actrices étrangers pour les confronter avec nos acteurs. Un film est aussi l'occasion d'un échange d'idées, de performances.

Les chants de Taous Arhab marquent aussi Parfums d'Alger…

Là aussi, c'est une belle surprise. J'avais commencé à travailler avec Safy Boutella. Le projet n'a pas abouti. J'étais désespéré, puisque le travail a duré plus de cinq mois. De passage à Alger, j'ai rencontré un jeune musicien. Il m'a proposé d'écouter Taous Arhab dans son studio. Rendez-vous est donc pris avec cette jeune chanteuse, une petite femme à la Edith Piaf. Elle a commencé à chanter le thème du film. J'ai eu la chair de poule. Il faut avoir le temps de découvrir les belles choses.

– A la fin du film, vous avez intégré des extraits d'interview de femmes parlant de leurs droits. Ce rajout documentaire ne déteint-il pas sur la fiction ?

Le long métrage se termine par une manifestation de femmes. Je voulais donner une certaine légitimité et dire que ce n'est pas uniquement de la fiction. J'ai entendu des critiques à ce propos. Khalida Toumi que je montre dans le film est la militante des droits de la femme, pas la ministre. Elle reprochait à l'époque l'aveuglement de l'Occident par rapport au drame algérien. Dans les années ‘90, des chefs intégristes étaient soutenus et hébergés par les pays occidentaux. Ce message était donc important.

– Le personnage de Fatma N'Soumer semble vous intéresser pour un éventuel film…

Avant Parfum d'Alger, j'avais entamé un grand projet de film sur Fatma N'soumer. J'ai fait un travail de recherche sur le personnage. Je suis en contact avec des producteurs américains et qataris. J'ai déjà un premier financement du ministère algérien de la culture. Cela va prendre du temps. Les films historiques exigent beaucoup de moyens. A travers ce personnage, je montre toutes les contradictions sociales de l'époque, les trahisons aussi. Il y a une certaine quête de vérité à travers ce film.


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