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El Kala : Les plus belles couleurs de l'hiver sont celles des canards
Publié dans El Watan le 11 - 12 - 2009

À El Kala, ce n'est plus l'été finissant, l'automne est indécis et l'hiver est à nos portes. La foule des bipèdes en vacances, bruyante, envahissante et malpropre s'est dissoute à la veille du Ramadhan. Elle cède la place à d'autres rassemblements. Plus authentiques, plus naturels, plus virginaux. Ceux des oiseaux migrateurs qui dans leur incessant va et vient entre l'Europe, froide et humide, et l'Afrique subsaharienne, sèche et torride, vont s'offrir une halte dans ce dernier sanctuaire de la nature en Méditerranée.
Ils vont se reposer, reprendre des forces pour poursuivre leur voyage et traverser une énième fois l'épreuve de la mer et du Sahara ou carrément s'installer pour passer l'hiver « au chaud », peut-être le printemps pour nicher, et pourquoi pas l'été s'ils y trouvent de bonnes conditions. C'est tout particulièrement le cas des oiseaux d'eau. Une catégorie d'oiseaux qui ne peut survivre sans la présence permanente de plans d'eau. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'ils abandonnent momentanément le nord de la planète qui gèle pour se réfugier au sud plus nourricier. Ainsi dès la fin de l'été, les lacs, étangs, marais, lagunes, estuaires et autres zones humides de nos régions commencent à accueillir une foule d'échassiers (famille d'oiseaux aux longues pattes dénudées comme la cigogne), de limicoles (famille d'oiseaux qui vivent et se nourrissent sur les vasières des marais ou des estuaires) et d'anatidés (famille d'oiseaux aquatiques aux pattes palmées comme les canards, les oies, les cygnes…). La région d'El Kala, qui écologiquement englobe tout qui se trouve à l'est d'Annaba, y compris les 9000 hectares des marais de Mekhadda, est une immense zone humide que malheureusement on s'acharne à réduire au détriment d'une agriculture moderne qui, paradoxalement, sert de prétexte à sa propre destruction. Elle est classée d'importance internationale car pour plusieurs espèces, elle remplit le critère d'abri pour plus de 1% de leur population mondiale. C'est le cas pour les canards comme le Morillon, le Milouin, le Siffleur ou le Pilet. Il y a de nombreuses pièces d'eau, près d'une cinquantaine, pérennes ou temporaires, qui offrent dès maintenant l'occasion de pouvoir observer une multitude d'espèces d'oiseaux d'eau. Les plus importantes et plus vastes et accessibles sont les lacs Tonga, Oubeïra et Mellah, se trouvent autour de la ville d'El Kala à environ une heure de route d'Annaba ou de son aéroport.
La lagune du Mellah, un plan d'eau pour atterrir 860 hectares
En fait, c'est la seule lagune d'Algérie. Elle se trouve à une dizaine de km à l'ouest d'El Kala et à une encablure du lac Oubeïra qui le surplombe de 30 m sur son flanc sud-est. Le Mellah communique avec la mer par un étroit chenal qui se faufile à travers le cordon dunaire, raison pour laquelle ses eaux sont saumâtres. On y voit très peu de nicheurs, pourtant en période de nidification, le site est intensément fréquenté par le Héron cendré, le Héron garde bœuf, le Busard des roseaux, et on y verra très certainement le Balbuzard pêcheur qui lui, niche sur la côte toute proche. Avant que ne soient effectués sur le chenal des travaux, pour semble-t-il améliorer les productions de pêche, on y comptait des hivernants et des Canards plongeurs par dizaines de milliers. On a compté 10 000 Fuligules morillon, 8000 Fuligules milouins et 30 000 Foulques macroules. Le lac est accessible de toutes parts car deux routes le ceinturent de près. A l'est, par celle qui mène à la plage de la Vieille Calle et à l'ouest, par celle qui mène au Cap Rosa. A la fin de l'été, le lac Mellah invite des bandes de flamants roses à faire une halte de plusieurs jours.
Les jumelles, un problème
Pour voir les oiseaux, admirer les couleurs flamboyantes de leurs plumes, suivre leurs évolutions, il faut se munir de jumelles. Or ce matériel optique n'est pas disponible chez nous. Il y a bien quelques veilles paires introduites dans les années 80 ou 90 lorsqu'il était encore possible de leur faire franchir nos frontières mais ce n'est plus possible depuis qu'un texte les a classées, avec le GPS, cet autre instrument indispensable sur le terrain, comme matériel sensible. C'est-à-dire comme une arme de guerre. Un obstacle de taille qui décourage aussi les très nombreux ornithologues amateurs qui veulent découvrir les oiseaux de notre pays car ceux qui ont tenté le coup se sont fait prendre les leurs à leur arrivée.
Le lac des oiseaux. L'école des ornithologues
Le lac des oiseaux est un étang d'une quarantaine d'hectares à 200 mètres de la RN 44, et à mi-chemin entre El Kala et Annaba. Avec les marais de Mekhadda tous proches, pour lesquels d'ailleurs il joue le rôle d'un bas fond où s'accumulent les eaux, il forme un vaste ensemble de zones humides qui n'est pas compris dans le parc national plus à l'est. Son intérêt est à souligner car, pour des dimensions relativement petites on y dénombre jusqu'à 8000 oiseaux parmi lesquels le Canard pilet, le Canard souchet, le Canard siffleur, le Fuligule milouin, le Fuligule morillon, le Fuligule nyroca, les Sarcelles d'été et d'hiver. On ne peut pas rater les spatules, l'Erismature à tête blanche, la Tadorne de Belon. C'est le plan d'eau qui se prête le mieux aux observations. Il est facilement abordable et les oiseaux s'y sentent protégés des braconniers par la proximité du village qui porte son nom. Pour cette raison, il est le plus utilisé par les classes vertes et les amateurs.
Le lac Oubeïra, un étang nourricier 2700 hectares
Quelle que soit la route qu'on emprunte, on ne peut pas le rater un peu avant El Kala. C'est une immense flaque d'eau d'un mètre de profondeur. Il dépend en partie des crues de l'oued El Kébir dont le cours en amont est aujourd'hui régulé par le barrage de Mexa. On y trouve les mêmes canards que sur le Tonga mais en plus grand nombre car l'Oubeïra est ce qu'on appelle une remise, c'est-à-dire un site utilisé pendant la journée pour diverses activités comme la nage, la toilette, l'élevage des petits et pour dormir. Et ce n'est pas le seul car tous les plans d'eau de la région jouent ce rôle et les oiseaux y vont et viennent au gré de leurs besoins. Par contre les marécages du Tonga servent de gagnage, c'est-à-dire un site pour se nourrir, activité que les canards font de nuit. C'est sur l'Oubeïra qu'on peut observer les plus grands rassemblements d'oiseaux d'eau. L'absence de végétation permet en effet de voir rassemblés en bande de plusieurs milliers. On y comptait jusqu'à 80 000 oiseaux dans les années 80. Aujourd'hui, ce n'est plus que la moitié. Il abrite une autre curiosité, botanique celle-là. C'est en effet la seule station au Maghreb pour la châtaigne d'eau, une plante qui flotte et qui rougit la surface du lac en été.
Le lac Tonga, les marécages de la vie 2500 hectares
C'est le plus beau des lacs. Avec les nénuphars blancs, les joncs, les roseaux en massette, les iris jaunes, les scirpes, les tamaris et les saules…., la végétation aquatique en fait un jardin merveilleux. Pour le plaisir des yeux et surtout celui des oiseaux d'eau qui y trouvent de quoi se nourrir et des refuges pour nicher et se cacher. C'est la plus grande zone de nidification de cette partie de la Méditerranée. On y compte jusqu'à 25 000 canards et foulques qui en font leur quartier d'hiver. Il donne le gîte et le couvert à des espèces en voie de disparition, rarissimes comme ce joli petit canard roux au bec bleu le Fuligule nyroca, un autre canard, et la petite et rare Sarcelle marbrée, que l'on peut voir en tout temps car ils sont nicheurs au Tonga. Autre nicheuse, la Talève (poule) sultane qui ne fait que plus que de rares apparitions. Le Tonga accueille aussi plus de 1% des populations mondiale de Canards siffleur, de Canards pilet, de Canards chipeau qui hivernent avec l'oie cendrée dont les effectifs ont atteint 3000 individus sur ce site. Ce n'est pas tout. On peut encore observer le Canard souchet, le Fuligule milouin, le Fuligule Morillon ou encore le Colvert, commun. La Sarcelle d'hiver et la Sarcelle d'été à côté du Tadorne de Belon et des Grèbes huppés et castagneux. Ceci sans compter les hérons et les aigrettes et planant au dessus des herbes, les rapaces comme les milans, les busards et les aigles. Un grand spectacle de la nature. L'accès au site est facile parce qu'il est, à ses dépends, ceinturé par des routes ou des pistes. Il n'est qu'à 6 km d'El Kala en direction de la frontière. Au bord de cette route, il y a un plan d'eau ouvert qui permet quelques observations si on s'arme de patience et qu'il n'y a pas de dérangements comme trop d'agitation sur la berge ou sur la digue qui mène au Centre d'information du parc national d'El Kala.
Quand le canard ne dort que d'un œil…
La majorité des canards hivernant dans nos zones humides passent leurs journées à dormir… d'un œil. « Ils peuvent cligner d'un œil dix à vingt fois par minute, précise Alain Tamisier, ancien chercheur au laboratoire d'écologie fonctionnelle et évolutive du CNRS de Montpellier. On pourrait croire qu'ils se comportent ainsi pour rester vigilant face à leurs prédateurs, mais en réalité, ils surveillent leur partenaire sexuel. Car c'est en hiver que les canards se choisissent, 80% des couples étant formés à la fin de décembre. Pas question donc de laisser passer une occasion. Ni de se faire piquer l'élu(e)… » Cou replié, tête retournée en arrière, bec glissé sous les plumes… Le canard se positionne également face au soleil et tourne sur place au fur et à mesure que l'astre passe du levant au couchant. Pour se réchauffer ? « Pas du tout, ajoute Alain Tamisier. En zone tropicale, sous un soleil de plomb, des milliers de canards serrés contre les autres, haletant comme des chiens, ont le même comportement. Spectaculaire mais encore inexpliqué. »
Les Marais de Mekhdda, l'immensité de la vie
Les marais sont une vaste et impressionnante étendue qui s'étend entre l'aéroport d'Annaba à l'ouest et les reliefs qui enserrent les lacs d'El Kala à l'est. Il y a là 9000 hectares de zones humides multiples et variées formées de plans d'eau ouverts ou submergées de végétations, des oueds accompagnés de leur riche végétation riveraine, de sols détrempés, de marais perdus dans les aulnaies…. Son exploration est incomplète alors que la menace de sa disparition pointe à l'horizon. Elle s'assèchera sans aucun doute par les effets conjugués de la construction de pas moins de cinq barrages sur ses affluents et celui d'un gigantesque et onéreux projet hydroagricole qui devrait drainer les eaux qui inondent des terres agricoles. La partie centrale est difficilement accessible. C'est là que se retrouvent les oueds Kébir et Bounamoussa avant de se jeter à la mer. La végétation y est particulièrement abondante et la progression, à l'intérieur, est un peu pénible parce qu'on y risque de s'y enliser. Mais il est possible de remonter de la mer avec une embarcation. C'est le scirpe et la renoncule d'eau – qui vient au printemps blanchir la surface- qui ont la part belle de la végétation. Par endroit les roselières de phragmites, s'épaississent sur plusieurs hectares. On y compter 25 000 siffleurs et 8000 oies cendrées. Il est en effet très difficile d'estimer les populations d'oiseaux à partir des quelques points accessibles, mais il est très probable que niche le héron Crabier, l'Aigrette garzette, le Héron pourpré, le Grand butor, les Grèbe castagneurs, le Canard colvert, le nyroca, le Râle d'eau, les Busards. En fait, il y a là un véritable trésor que cachent encore ces marais qui n'ont pas fini de nous surprendre. Il y a peu de temps encore, de rares privilégiés ont pu percer, bien embusqués, l'un des plus beaux secrets de Dame nature : la parade nuptiale des grues cendrées avant leur grand départ où le clou est une danse d'une grâce infinie. Un spectacle d'une telle beauté qu'on garde le souvenir vivace bien des années après.
Mélanie Matarese, Slim Sadki


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