Tous les « quartiers algériens » de Paris, Barbès, Ménilmontant, Belleville et autres, ont fait la fête jusqu'à une heure tardive de la nuit. Paris. De notre correspondant Les Champs-Elysées ont été assaillis par les supporters des Verts qui scandaient « One, Two, Three, viva l'Algérie ». Plusieurs dizaines de voitures parcouraient la plus prestigieuse avenue du monde, en klaxonnant. Les toits étaient recouverts de drapeaux algériens. Mais c'est au quartier populaire de Ménilmontant, dans le 20e arrondissement que l'ambiance a atteint son paroxysme. Au bar Le Soleil, toutes les places étaient occupées une heure avant le début du match. Africains et Algériens tenaient à suivre, dans une convivialité parfaite, la rencontre entre leurs équipes respectives. Dépêchée du Qatar, une équipe d'Al Jazeera Sport a planté sa caméra à l'intérieur même du bar pour filmer les supporters algériens et recueillir leurs témoignages à la fin du match. La salle s'est avérée exiguë pour contenir la foule. Le propriétaire a promis d'installer un autre grand écran sur le mur pour la demi-finale. Dès le coup de sifflet final, la joie a envahi les trottoirs du quartier. La bière et le thé coulaient à flots, les klaxons de voitures retentissaient de partout, tandis que les supporters laissaient éclater leur joie. « C'est une grande équipe », estime Nadjib. « Elle a les ressorts mentaux nécessaires pour se surpasser à chaque fois qu'elle est en situation difficile. Je pense qu'ils vont aller loin cette fois-ci. » Son ami, drapeau algérien autour du cou, encense le travail collectif des joueurs, avec une note particulière pour Ziani. « C'est l'homme des grands matchs. Sans lui, c'est comme l'équipe de France sans Zizou. Il a une aura incroyable et sait placer ses coéquipiers dans le jeu. » Sautant de joie, Houcine, déménageur, jure de rallier l'Angola pour assister au match de la demi-finale, surtout si c'est contre l'Egypte. Et de scander : « Shehata, on arrive » et « Bouteflika, des avions pour l'Angola ». A quelques mètres du bar Le Soleil, au café Le Montagnard, la même ambiance régnait. Ceux qui ont assisté au match ont réservé leurs places pour la demi-finale, car ce sera un grand soir surtout si c'est contre les Egyptiens. « On va leur prouver qu'on est les plus forts. Shehata ne doit pas bien dormir ce soir en voyant comment les Algériens ont joué », estime un téléspectateur. A Barbès, fumigènes, klaxon, musique à fonds ont aussi rythmé la nuit de dimanche à lundi. Des youyous étaient lancés par des femmes qui suivaient le spectacle de la victoire depuis les balcons, tandis que les cafés étaient pleins à craquer. Même ambiance dans d'autres villes françaises. A Marseille, des milliers de supporters algériens se sont donné rendez-vous au Vieux port pour exprimer leur joie. Même chose à Lyon, où la place Bellcour a connu une effervescence inhabituelle.
