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Hammam Bouhanifia : Un don du ciel menacé…
Thermalisme. Carnet d'un curiste
Publié dans El Watan le 01 - 08 - 2010

Début juin 2010, en ce printemps entêté, les monts de Beni Chougrane étrennent langoureusement les ébats dispendieux d'une verdure, que rend plus arrogante encore le déferlement de vagues pourpres d'envahissants coquelicots.
Par Mohamed-Seddik Lamara (*)
La terre natale de l'Emir Abdelkader étale sa splendeur pugnace. Par monts et par vaux, de la Guetna en passant par le site de la Smala et jusqu'au faîte de la colline surplombée par le mausolée de Sidi Kada au pourtour duquel reposent, pour l'éternité, les prestigieux ancêtres du fondateur de l'Etat moderne algérien, la nature invite aux festoiements et susurre pour l'éternité un inénarrable hymne à la liberté. La wilaya de Mascara peut, et se doit, de s'enorgueillir d'être, depuis des lustres, arc boutée sur autant d'atouts et d'atours prodigués par un terroir généreux et une histoire glorieuse, mais aussi prendre garde de ne pas « sommeiller » sur ses lauriers au risque de les solder par la faute de l'incurie des uns et de l'amateurisme des autres. Parmi les nombreuses richesses dont a été gratifiée cette région, on peut citer ce don du ciel qu'est le thermalisme. La ville d'eau de Bouhanifia, située à la croisée de plusieurs grands centres urbains de l'Ouest du pays (Mascara, Oran, Sidi Bel Abbès, Mohammadia), constitue un des lieux de villégiature, de remise en forme et de soins le plus prisés par les nationaux résidants et expatriés. Cet été, avec la proximité du mois de Ramadhan et la cessation des activités durant tout le mois d'août, les responsables de la station thermale, s'attendent à un rush exceptionnel d'immigrés. En fait de rush, l'afflux des curistes est sans cesse croissant. Il dépasse, tout au long de l'année et en toute saison, les capacités d'accueil des installations thermales. Il est un adage en matière d'économie qualifiant « d'inhumaine » la loi de l'offre et de la demande. Pour ce qui concerne le thermalisme médical, on peut amèrement relever qu'une telle loi se rapproche parfois du déni et du mépris envers la détresse des clients malades les plus démunis.
Thermalisme à plusieurs vitesses
Certes, par l'entremise d‘une prise en charge délivrée par la Cnass, tout assujetti peut prétendre à une cure thermale d'une durée de vingt et un jours (21 jours) avec un profil de soins (hydrothérapie, physiothérapie, balnéothérapie, massages, cataplasmes de boue …) en conformité avec les pathologies spécifiées. Cependant, l'accès à un séjour plus ou moins confortable, surtout au plan de l'hébergement et de la restauration, demeure l'apanage d'une catégorie limitée d'assurés, et de clients libres nantis. Les premiers, pour prétendre séjourner dans les deux meilleurs hôtels de la place, en l'occurrence l'hôtel Beni Chougrane et le Grand Hôtel, doivent payer trente mille dinars (30 000 DA) en complément du montant de la prise en charge par la caisse d'assurance. Soit soixante mille dinars (60 000 DA) pour un couple de curistes. C'est en effet en couple que les vieux malades, pour la plupart des retraités décrépits, viennent à Bouhanifia rechercher une rémission de leurs maux ayant souvent pour noms : arthrose, rhumatisme, arthrite, séquelles de traumatismes…
Les autres, commerçants, personnes exerçant des professions libérales, argentés spontanés et autres satrapes, peuvent se permettre le luxe qui sied à leur statut. A cet égard, ils sont accueillis à bras ouverts et avec la déférence qu'on doit à leur fortune. Les établissements sus-cités, c'est vital pour eux, se plient impérativement à cet exercice et ils ne peuvent faire autrement en leur qualité d'entités relevant de l'Entreprise de gestion touristique de Tlemcen (EGTT) soumise à l'obligation de résultat inhérente à son autonomie de gestion donc, à l'obligation du gain maximum pour couvrir surtout une masse salariale au bénéfice d'un personnel pléthorique. « Croyez moi, ce n'est pas de gaieté de cœur que nous exigeons des humbles curistes assurés un complément de frais obérant leurs maigres revenus, car le montant supporté par les caisses d'assurances arrive à peine à couvrir ceux des soins, » confiera M. Salem, cadre chargé de la programmation à l'hôtel Beni Chougrane. Cet écart, avons-nous appris, tient au fait – comme c'est le cas pour le remboursement des prestations médicales courantes (radiologie, analyses) — à la non réactualisation, depuis le début des années quatre-vingt, de la nomenclature des tarifs par la Cnass. Cette situation a inéluctablement conduit à un thermalisme à plusieurs vitesses : celui des riches, des moins riches, des démunis et des laissés-pour-compte. Elle a engendré aussi une clochardisation de la cité de Bouhanifia au plan des structures d'accueil. Noureddine Mansour, directeur du tourisme de la wilaya de Mascara , au cours de l'émission de la Radio Chaîne Une, « Saïf bladi » (L'été de mon pays), organisée à l'hôtel Beni Chougrane, au milieu du mois de juin 2010, a confié : « Nous avons recensé pas moins de quarante-trois (43) hôtels, la plupart réalisés au cours de la décennie quatre-vingt-dix et qui, à l'issue d'une opération de recensement, se sont révélé des établissements ''zéro étoile'' avec une dominance de structures proches des dortoirs. » A l'issue d'une opération coup de poing d'assainissement menée au cours des deux dernières années, dix-huit (18) soit- disant hôtels, constituant, en fait, autant de réceptacles à la prostitution et aux orgies souterraines, ayant fait florès durant la décennie noire, ont été fermés.
Bouhanifia : une cité magma
De quelque coté qu'on l'aborde, la cité de Bouhanifia, en dépit des grands travaux de réaménagement de la voierie - du reste disgracieux et en porte-à-faux avec sa vocation originelle –, offre un spectacle désolant. Le plus clair du portefeuille foncier, aux alentours de la station thermale, et qui devait impérativement faire l'objet d'un zonage non edificandi, donc protégé et exclusivement réservé à l'extension de la station thermale, a été phagocyté par les constructions illicites. Comptant 18 000 habitants à fin 2001 (source APC), la population de l'antique Aque Sirenses a du doubler en moins d'une décennie. Les signes d'un tel accroissement peuvent être décelés à travers l'expansion fulgurante du quartier Ibn Khaldoun s'étirant sur près d‘un kilomètre au dessus de la colline surplombant la principale source thermale, alimentant la station et plusieurs autres bains traditionnels. La promiscuité de ce quartier avec les principaux points d'émergence des eaux thermales (griffons), fait craindre, de l'avis de spécialistes en hydrogéologie thermale, un grave risque de « cross- connection » (intrusion d'eaux usées) au regard de la multiplication des effluents incontrôlés.
Ce risque pourrait, selon la même source, se démultiplier en raison de la construction d'un grand bac à ciel ouvert, destiné au refroidissement des eaux hyperthermales. Cet ouvrage, contrairement aux installations antiques judicieusement aménagées pour mettre les eaux à l'abri de toute pollution (châteaux d'eau avec créneaux d'aération grillagés), est exposé aux quatre vents. C'est un vaste plan d'eau fumant à moins d'un jet de pierre de la clôture le séparant du populeux quartier Ibn Khaldoun, dont les pentes se jonchent, de jour en jour, de détritus, certainement balancés par de vigoureux bras au vu de la hauteur de la clôture (plus de trois mètres) surmontée de barbelés. C'est aussi le lieu de prédilection de nombreux volatiles. Des pigeons et une espèce prolifique proche du héron, y ont élu domicile. A longueur de journée, ces oiseaux effectuent, au dessus, d'incessantes rase-mottes ponctuées de copieuses défécations ou, carrément, y barbotent en dépit de la température élevée (phénomène d'acclimatation ?). Cette colonisation, qui a submergé l'ensemble des aires humides de Bouhanifia (Oued El Hammam, traversant sur toute sa longueur la cité, l'oasis en contrebas de l'Hôtel Beni Chougrane et du Grand Hôtel et la plupart des nombreux parcs et jardins), constitue une autre menace à ne pas écarter en considération du péril aviaire. « Oued El Hammam, drainant naguère une eau cristalline et chantante, ruisselant depuis la bourgade de Sidi Slimane sertie, sept kilomètres en amont de Bouhanifia, dans un écrin savoyard, s'est, au fil du temps, transformé en un véritable cloaque dégageant les miasmes engendrés par les ébats des eaux usées des hammams et celles plus délétères évacuées par les égouts. » Ce témoignage délivré par un vieux couturier, installé dans une des travées de l'antique marché de la cité, résume, on ne peut mieux, les ravages infligés à ce havre de paix et de repos réparateur. A qui la faute ? Entre une coupe et un faufilage ponctués de soupirs, Kadda, appelons-le ainsi, marque un arrêt, farfouille dans la poche de son pantalon pour en faire sortir, aussitôt, un portable. Le regard pétillant, il pianote avec dextérité sur le clavier pour laisser, enfin défiler sur l'écran un sublime diaporama narrant le pittoresque, à jamais perdu, d'un Bouhnifia « désormais jeté en pâture à l'anomie entretenue par la paresse sinon l'impavidité de responsables seulement obnubilés par le tape-à-l'œil… »
Un tape-à-l'œil facilement vérifiable, à l'œil nu. Avec en prime, une désolante invite à la désespérance. Comment éviter d'y être convié, quand on voit les responsables locaux, à quelque niveau qu'ils se situent, préférer l'improvisation, en appréhendant les problèmes sous l'angle de leurs effets et non sous celui de leurs causes. Comme cette supercherie qui consiste à solliciter des lâcher d'eau depuis le barrage de Sidi Slimane pour drainer les eaux stagnantes et nauséabondes de Oued El Hammam au lieu de recourir, en priorité, à la réparation de l'ouvrage d'assainissement endommagé juste au dessus de son lit et à quelques mètres de la station d'épuration devenue, inéluctablement inopérante. De quels responsables parle-t-il ? Evitant avec doigté de donner de sa personne l'image d'une personne délatrice et encore moins pusillanime, le couturier se met à gesticuler, tendant un bras accusateur sur l'extérieur pour dire avec amertume « regardez le revêtement en cours des trottoirs avec un dallage rébarbatif en totale disharmonie avec la beauté de la cité, où le bleu devrait dominer pour restituer, comme autrefois, la conjugaison du sublime azur de l'eau et du ciel, sans parler de la prolifération de l'habitat sauvage dont les constructions sont en passe de conquérir de précieuses enclaves foncières aux alentours immédiats de la station thermale. »
En confrontant les images du diaporama datant des premières années de l'indépendance avec l'amère réalité d'aujourd'hui, on ne peut s'empêcher d'être pris par un effroi à la mesure de l'ampleur des dégâts infligés, des décennies durant, à ce haut lieu du thermalisme du Maghreb et même du pourtour méditerranéen. Déjà, en 1923, les publications spécialisées dans l'hydrologie thermale, classaient, à l'issue de profondes études, Bouhanifia au quatrième rang des eaux radioactives de France. « L'ensauvagement » des lieux n'est, malheureusement, pas l'exclusivité du citoyen lambda dont l'incivisme, exacerbé par un manque flagrant d'autorité, conduit à des comportements peu amènes et encore moins, celui de la collectivité locale en ce qu'elle est démunie de forts moyens de cœrcition, mais engage, en premier lieu et fondamentalement, la responsabilité de l'Etat. En effet, par une sorte de permissivité ayant fini par s'instituer, des autorisations ont été accordées, à tort et à travers, à plusieurs œuvres sociales d'institutions étatiques (Postes et télécommunications, ex-SNS, Habitat et construction …) et autres organisations comme celle des Moudjahidine pour leur permettre de disposer de leurs propres centres de cure et de repos, dont certains ont bénéficié d'une amenée privée d'eau thermale (résidence de la wilaya de Mascara et centre de l'ONM). (à suivre)
(*) Ancien journaliste à l'APS / Consultant en communication


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