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Des enseignants universitaires s'expriment sur le phénomène : «Les mesures anti-plagiat restent faibles»
Publié dans El Watan le 20 - 01 - 2021

Mohamed Zaâf, professeur de métallurgie à l'université Badji Mokhtar de Annaba, Billel Ouhaibia, maître de conférences A de français dans la même université ainsi que Amar Mohand-Amer, chercheur au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) s'expriment sur le nouveau texte dans ses différents articles, sur sa portée limitée et insistent sur l'association de la communauté universitaire dans l'élaboration de tel document.
– L'arrêté ministériel n° 1082 du 27 décembre 2020 vient de remplacer celui 933 du 28 juillet 2016 fixant les règles relatives à la prévention et la lutte contre le plagiat. Peut-on y saisir que les pratiques plagiaires, même si elles n'ont jamais été quantifiées, faute de statistiques, n'auraient pas définitivement disparu dans le secteur de l'enseignement supérieur ?
— Mohamed Zaâf
Au-delà des aspects apparemment concrets, voire techniques de ces dispositions, l'approche proposée reproduit le lourd héritage bureaucratique dont notre ministère, au même titre que l'ensemble des institutions de notre Etat, est resté prisonnier dans son fonctionnement.
La manière avec laquelle cet arrêté a été pensé puis présenté le confirme. La profondeur du malaise en amont à la pratique du plagiat et l'ampleur des dégâts causés exige une participation large de la communauté universitaire à ce débat.
Tant qu'on n'aborde pas les raisons intra et extra-universitaires qui ont conduit à cette situation, il nous sera impossible de poser cette problématique de façon saine et amorcer une démarche ou un processus qui permet de lutter efficacement contre ce grave fléau qui ronge l'université algérienne.
Plus concrètement, cet arrêté définit le plagiat, propose des mesures de sensibilisation, l'organisation de l'encadrement, les mesures de contrôle techniques, essentiellement l'utilisation de base de données, et des procédures d'examen et de sanctions contre le plagiaire. La question de la propriété intellectuelle, à titre d'exemple, n'est pas abordée.
Je pencherai vers une vision d'ensemble où il s'agirait d'abord de créer les conditions qui défavorisent cette pratique et qui incitent le chercheur, l'enseignant et l'étudiant à la bannir. Actuellement, pour précision, le plagiat, non seulement n'a pas disparu, mais s'est étendu de visu !
Des conditions à instaurer pour décourager cette pratique, il n'y en a point, car c'est un système qui y incite par sa gestion quantitative et des passe-droits au lieu et place de la compétence.
L'approche bureaucratique et autoritaire ne permet pas de bénéficier des compétences que recèlent nos universités, elle tend même à les isoler d'où la faiblesse de ce texte et des résultats attendus.
— Billel Ouhaibia
Le problème est loin d'avoir été éradiqué, nous le vivons au quotidien, le plagiat reste un problème majeur dans les universités algériennes. Il faut dire que le phénomène est trop répandu, il dépasse le cadre académique et touche l'ensemble des secteurs, il n'y a qu'à voir la quantité de produits contrefaits qui inondent nos marchés, c'est aussi une forme de plagiat.
Le plagiat universitaire paraît peut-être plus choquant, c'est du fait de la responsabilité morale des institutions académiques dans la production et la diffusion du savoir et des connaissances et de leur rôle dans la préservation de la valeur des diplômes qu'elles décernent. S'il n'existe pas de statistiques sur ce problème, c'est qu'il est impossible à quantifier vu son ampleur.
– Quelles sont les raisons qui incitent des étudiants et même des enseignants à s'approprier le labeur d'un tiers ? Est-ce un désintérêt de la recherche ou une faillite de l'université à créer l'émulation ?
— Mohamed Zaâf
Même si la pratique du plagiat est fortement condamnable et porte atteinte à l'éthique et à la déontologie universitaire, je ne pense pas que les raisons qui incitent des étudiants les enseignants à s'approprier le labeur d'un tiers soient uniquement liées à un désintérêt vis-à-vis du travail à fournir ou à une question purement morale. Se contenter de cette réponse relève de la paresse intellectuelle et de la volonté de l'économie de la réflexion.
Les raisons sont à chercher dans le fonctionnent de notre Etat et sa relation avec la production scientifique, dans sa nature qui n'exprime pas le besoin de la recherche, qui n'a pas besoin de science pour le fonctionnement de ses institutions, qui refuse de se remettre en question ou de revisiter ses dogmes.
Les fondements socioéconomiques de notre Etat restent essentiellement liés au rapport social dominant qui est la rente. C'est ce qui est à la base de la stérilisation de l'université, de la dévalorisation de la créativité, de l'innovation.
Tout cela encourage les étudiants et les enseignants à chercher les solutions de facilité, celles qui leur permettent une ascension sociale sans effort et à moindre coût, surtout qu'ils savent que ni l'économie ni l'environnement socioculturel ou politico-institutionnel n'en seront affectés à leurs yeux.
Chercher les sources du plagiat à travers des approches morales ou subjectives est erroné, vouloir résoudre cette calamité par des solutions bureaucratiques est illusoire.
— Amar Mohand-Amer
Le plagiat n'est pas un épiphénomène, mais une véritable pratique qui ne cesse de prendre de l'ampleur. Il y a même des comptes rendus d'ouvrages qui sont plagiés.
Pourquoi sommes-nous dans cette situation ? À mon avis, la recherche, le labeur, les règles académiques, la curiosité intellectuelle... ne constituent plus des valeurs qui doivent en principe être les ferments de l'université.
Aussi, les mesures et les palliatifs que nous connaissons n'auront aucune utilité. Plagier est devenu pour beaucoup un acte «acceptable» scientifiquement et moralement. Pour inverser la donne, il faudrait déjà rendre aux diplômés leur crédibilité et légitimité en arrêtant le populisme dans le secteur.
Penser une stratégie de recherche sérieuse au lieu et dans la durée. Celle qui existe ne répond pas aux critères internationaux. Enfin, expliquer et faire de la pédagogie sur ce sujet.
— Billel Ouhaibia
Le plagiat est devenu un fait social, une pratique socialement approuvée. Beaucoup de nos étudiants ne comprennent pas qu'il s'agit d'une fraude et d'une pratique déloyale.
Il est vrai que la démocratisation de l'accès à Internet et aux publications scientifiques facilitent le plagiat, la quantité d'information sur Internet est colossale, il s'agit de milliards de textes immédiatement disponibles et cela favorise la tentation du «copier-coller».
Ce procédé est la forme la plus évidente de plagiat, il en existe d'autres, plus insaisissables comme le fait de passer par des logiciels traducteurs ou recourir à un auteur sous-traitant.
Pour certains étudiants ou chercheurs, c'est devenu une habitude, les travaux que nous évaluons se réduisent souvent à une compilation de paragraphes ou de pages copiés sur internet.
– Le recteur, le doyen de la faculté, l'encadreur… sont autant de responsables face à l'étudiant ou chercheur plagiaire. Le conseil d'éthique l'est aussi dans son rôle de «garde-fou». Pourront-ils ainsi circonscrire ce genre de pratique en amont ?
— Mohamed Zaâf
A priori, tout le monde est responsable de cette situation, du recteur à l'étudiant qui utilise les résultats présentés dans un travail plagié en passant par les éventuels concernés par le produit de la recherche. Malheureusement, on ne note presque pas de réactions.
Cela s'explique d'abord par le peu d'intérêts que suscite le produit de recherche au niveau des institutions du pays. Tout le monde sait que ce produit finira dans les tiroirs d'administrateurs ou dans des bibliothèques très faiblement fréquentées.
Ce travail servira juste pour assurer la promotion de celui qui a présenté la recherche. Tant que cette situation perdure, la complaisance persistera et il sera très difficile de faire fonctionner tout conseil d'éthique ou de discipline. La preuve, le plagiat s'épanouit et ces conseils chôment.
— Billel Ouhaibia
Le travail de ces acteurs ne sera fructifié que s'ils auront les moyens pour effectuer une réflexion approfondie sur la question et construire un traitement approprié, de l'amont à l'aval de ce phénomène insidieux.
Il faut ouvrir le débat sur cette question sur tous les niveaux. La solution ne sera pas d'un individu ou d'un groupe d'individus, elle ne sera pas verticale dictées dans des textes de loi.
Il s'agit surtout de mettre en place des réponses, ouvrir de grands chantiers pour traiter ce problème. Les chantiers ouverts pour lutter contre le plagiat doivent avoir au moins les moyens d'exister dans la durée pour bien analyser ce phénomène et le traiter dans le cadre d'une politique générale d'implication de tous les acteurs dans l'espace universitaire.
– Les sanctions prévues dans ce cas de figure se traduiront par l'annulation de la soutenance ou par retrait du titre acquis. Seront-elles suffisantes à être un rempart contre toute velléité de plagiat ou faudrait-il traiter le problème autrement ?
— Mohamed Zaâf
Je suis enseignant dans une université algérienne depuis plus de trois décennies, je n'ai jamais assisté à un cas de plagiat sanctionné.
Est-ce que cela veut dire qu'il n'y a jamais de cas de plagiat ? J'en doute fort. Même si les sanctions sont indispensables, je pense qu'elles sont loin d'éradiquer ce phénomène. A cet effet, y a-t-il eu d'ailleurs un bilan fait en la matière depuis l'institutionnalisation du conseil de la déontologie ?
Tant que la rente restera dominante, tant que l'innovation ne sera pas valorisée, tant que le fonctionnement de l'université ne se démocratise pas et qu'il reste bureaucratique, tant que les institutions de l'Etat n'utilisent pas la science dans leurs fonctionnements, nous n'aurons pas instauré les conditions en amont qui défavoriseront le plagiat.
En conclusion, tant que la question politique ne sera pas réglée et le changement de la nature de l'Etat non abordé dans le sens de l'histoire, le plagiat persistera malgré la bonne volonté de quelques responsables universitaires à différents niveaux.
— Billel Ouhaibia
Dans les textes, les plagiaires risquent gros, mais les mesures prises par les institutions restent encore très faibles et très restreintes.
Le fonctionnement de l'universitaire est dominé, hélas, par des considérations «extra-scientifiques» ; l'université est considérée comme un énième espace pour acheter la paix sociale. Si la sanction ne peut éradiquer complètement le plagiat, elle aura essentiellement un caractère dissuasif. Elle ne doit en aucun cas se transformer en un instrument de règlement de compte ou d'attaques personnelles.
D'autres mesures peuvent être prises comme l'abonnement à des logiciels antiplagiat, la numérisation des mémoires et des thèses et leur diffusion en libre accès, la mise en place de comités d'éthique libres efficaces et surtout repenser les cursus d'une manière à mettre l'interrogation du savoir à partir du terrain dans le cœur du processus de formation. Il s'agit ici de mesures probablement plus profondes que la simple sanction pour développer des pratiques éthiques à l'université et pour lutter efficacement contre le plagiat.
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