La vie politique est réduite à sa plus simple expression, et c'est paradoxal à quelques semaines d'une élection locale, somme toute importante, car il s'agira de renouveler les Assemblées élues des communes et des wilayas, censées régler une large partie des problèmes de proximité des citoyens. Des partis ont décidé de boycotter cette échéance, d'autres non, sans qu'aucun débat public ne fasse connaître leurs propres motivations. Comme d'habitude, au moment de déposer leur bulletin de vote, les citoyens se fieront plus à leur instinct et à la «vox populi» qu'à des programmes électoraux sérieux, en saine confrontation. Dans une tradition bien ancrée, ce qui jouera davantage, ce seront le tribalisme, le régionalisme et le populisme. A coup sûr, les futures Assemblées locales ne seront pas différentes de celles du passé, l'imagination, la compétence et l'intégrité seront encore des denrées rares. Même scénario que durant les élections législatives qui, de tout temps, ont fait émerger des Assemblées hétéroclites, sans imagination ni vitalité et efficacité. L'APN actuelle n'est pas EN reste, elle n'a créé aucune commission d'enquête sur les lancinants problèmes vécus par le pays ces derniers mois et n'a jamais interpellé avec véhémence le gouvernement. Et pourtant, ce ne sont pas les dossiers qui ont manqué : les incendies meurtriers de l'été, la crise des liquidités, la cherté de la vie, le rebond du phénomène des harraga, la fuite des cerveaux, etc. Comme les précédentes, elle vote tout en bloc, facilement, se contentant des réponses des ministres lors des questions orales. Tout cela, en réalité, n'est que la conséquence de l'aridité de la vie politique nationale dans laquelle domine un seul discours, celui de l'Exécutif. L'opposition est réduite quasiment à sa plus expression, ses actes et sa parole se sont raréfiés. Le bloc démocratique est contraint de s'exprimer quasiment dans la clandestinité. L'ouverture politique n'est à l'ordre du jour ni en direction de l'opposition, ni sur la question des détenus politiques. La grâce présidentielle de ce 1er novembre 2021 ne les a pas concernés, à l'image de celle décidée par le chef de l'Etat à son retour d'hospitalisation d'Allemagne, qui vit la libération de plusieurs dizaines de détenus du hirak. Elle fut saluée comme un geste d'apaisement, porteur d'un espoir de dialogue avec les forces porteuses de changement. Mais vite, il apparut que c'est le durcissement qui a été choisi par le pouvoir, ce qui se traduisit sur le terrain par de multiples arrestations, dont nombre d'incarcérations et de placements judiciaires. Près de 300 détenus d'opinion sont enregistrés, à ce jour, sous divers chefs d'accusation, les plus récurrents étant généralement l'atteinte à l'ordre public, à l'unité nationale et aux constantes auxquelles s'ajoutent les crimes terroristes suite aux incendies de l'été 2021. Si cette politique musclée est tout naturellement dénoncée par l'opposition et les ligues des droits de l'homme, les autorités, de leur côté, restent de marbre, la justifiant par le souci de préserver le pays de manœuvres de «déstabilisation» de tous types, à leurs yeux, téléguidées par des forces occultes, voire des puissances étrangères, à l'image du Maroc. Aussi, jugent-elles, tant que le danger est permanent, qu'il n'y a pas nécessité, encore moins urgence, à ouvrir le champ politique. Advertisements