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« La communauté algérienne, un pont naturel à exploiter »
ROBERT Peck (Ambassadeur du Canada à Alger)
Publié dans El Watan le 14 - 06 - 2005

Trente ans après, M. Robert Peck revient à Alger en tant qu'ambassadeur du Canada. Au début des années 1970, il avait habité aux Asphodèles, à Ben Aknoun, avec son père, coopérant. « C'est émouvant de revenir en Algérie après une longue absence et de constater à quel point le pays a changé », dit-il. Dans cet entretien, il explique dans le détail le nouvel esprit des rapports entre le Canada et l'Algérie. Deux pays qui célèbrent cette année quarante ans de relations diplomatiques.
Trente ans après, comment avez-vous trouvé le pays ?
L'accueil et le talent dans ce pays sont impressionnants. L'ouverture du pays, surtout dans le domaine commercial, et le retour des étrangers et des coopérants est une renaissance des efforts déployés ici. J'ai la chance d'être là dans une période charnière de l'Algérie. Pour le Canada, l'Algérie demeure le premier pays partenaire en Afrique et au Moyen-Orient. Nous avons été là pendant les moments difficiles. Notre ambassade n'a jamais quitté le territoire algérien durant les années difficiles. Nous avons suivi avec chagrin la situation en Algérie pendant ces années. Ma préoccupation est que le Canada demeure présent et qu'il identifie les pistes où il pourrait être impliqué davantage.
Quelle piste de coopération avez-vous privilégiée dès votre arrivée à Alger ?
J'évoque, par exemple, le domaine du déminage. Le Canada avec le Pnud et l'Algérie ont organisé le premier séminaire sur le déminage à Alger. L'Algérie a déjà détruit 96% de son stock de mines. J'ai assisté à deux reprises aux cérémonies de destruction à Hassi Bahbah. Nous avons constaté la volonté des militaires de s'ouvrir. Nous voulons accompagner l'Algérie par des appuis techniques et des équipements. Dans le domaine de la formation professionnelle, il existe un programme, soutenu par l'Agence canadienne pour le développement international (ACDI), qui appuie l'apprentissage par compétence dans le secteur de l'eau. Le fait que le Canada soit un pays bilingue permet d'offrir une formation en français dans une perspective nord-américaine. Nous sommes bien placés pour faciliter le transfert de savoir-faire en Algérie. Il y a eu dernièrement un accord signé entre l'université de Montréal et l'Ecole polytechnique pour resserrer la coopération entre les établissements.
Les compétences algériennes installées au Canada peuvent-elles contribuer à resserrer la coopération entre les deux pays ?
Nous n'avons pas vraiment mobilisé, jusqu'à présent, la communauté algérienne du Canada pour venir s'implanter Algérie. Le retour était difficile compte-tenu de la conjoncture. Il y a une volonté chez certains Algériens de revenir faire quelque chose en Algérie. Des hommes d'affaires viennent évaluer le potentiel de ce pays. Ils ont été des milliers d'Algériens à avoir été formés au Canada dans divers secteurs. L' ancien chef du gouvernement, Ahmed Benbitour, et l'actuel ministre des Transports, Mohamed Maghlaoui, font partie de ces cadres. Nous avons lancé un réseau de diplômés algériens des universités canadiennes. Le premier travail consiste à les identifier. Qui sont-ils ? où se trouvent-ils ? Où ont-ils étudié ? Ce genre de réseau existe dans d'autres pays. J'espère que dans les prochains mois nous allons réunir ces gens pour la première fois et les mobiliser dans l'intérêt commun. C'est le début du programme des études canadiennes en Algérie. Deux professeurs de l'université d'Oran et d'Alger vont participer à un symposium des « canadianistes » qui se réunissent chaque année. L'objectif est d'introduire dans les universités algériennes des « sujets » canadiens. Mon rêve est qu'il y ait un petit centre des études canadiennes en Algérie. Il faut une volonté et commencer modestement. Nous étudierons la possibilité de resserrer les échanges dans le domaine de la formation. Il y a déjà des formations de gradués qui se font ici. Il y a encore beaucoup à faire dans le domaine de l'éducation. L'ambassade dispose de moyens pour intéresser les institutions canadiennes de travailler ici. Sonelgaz et Sonatrach ont déjà fait appel à l'expertise des universités canadiennes pour la formation. Le déminage, l'éducation et la formation professionnelle peuvent mobiliser la communauté algérienne au Canada.
La communauté algérienne au Canada est-elle importante ?
La communauté algérienne est évaluée entre 40 000 et 50 000 personnes. C'est la deuxième communauté au Canada, après les Français. Cette communauté algérienne s'est adaptée. Les Algériens, qui sont dans tous les domaines, participent à la vie économique et culturelle du Canada. Elle constitue un pont naturel entre nos deux pays à exploiter. Nous célébrons le 40e anniversaire de l'établissement des relations entre les deux pays. Nous voulons réitérer l'engagement du Canada auprès de l'Algérie. Les actions de la diplomatie publique démontrent que le Canada est un pays d'accueil et de tolérance. J'ai constaté l'engouement et une soif des jeunes en Algérie pour la culture et la musique étrangères. C'est un contact fort entre les populations. L'absence d'un centre culturel en Algérie est compensée par la diplomatie publique. D'ailleurs, un nouveau programme est en cours de lancement. Pendant les années difficiles, il n'était pas évident de circuler librement en Algérie. C'est la première année que l'ambassade abrite des familles entières de diplomates. J'ai beaucoup voyagé en Algérie. Je veux découvrir d'autres villes, dont Oran que j'ai visitée trois fois (...) Les étrangers qui viennent ici s'accordent à dire que l'évolution de l'Algérie est positive. Il revient au gouvernement algérien de faire comprendre à l'étranger que le pays a changé. Le Canada a participé à la 38e Foire internationale d'Alger avec 23 compagnies. D'autres sociétés participeront au Salon international de l'eau. Il y a un regain d'intérêt des entreprises canadiennes pour le marché algérien. Nous enregistrons plus de demandes d'informations sur l'Algérie, un partenaire important. Nos échanges s'élèvent à 3,4 milliards de dollars. Ces échanges ne tiennent pas compte des services qui s'élèvent à deux milliards de dollars annuellement. Depuis la période post-indépendance, le Canada fournit le blé dur et les légumes secs à Algérie. C'est le premier marché pour le blé dur. Le Canada est un grand importateur de produits pétroliers algériens. Il faut diversifier ces échanges commerciaux. Nous essayons de sensibiliser nos sociétés aux autres secteurs, comme l'eau.
Y a-t-il de nouvelles pistes concrètes de coopération ou d'échanges ? Que peut apporter le Canada dans le domaine de l'eau ?
SNC Lavalin travaille en Algérie depuis longtemps. Elle participe au projet du barrage de Taksebt. Les sociétés canadiennes ont une expertise particulière dans le secteur de l'eau. Un domaine où il y a lieu de faire davantage. En termes de compétence et de technologie, le Canada a beaucoup apporté. Il y a une volonté, ici en Algérie, de voir le Canada s'impliquer davantage. C'est le message que je transmets à nos sociétés. Le Canada est un pays exportateur de produits miniers. Il a une grande expertise et une technologie de pointe dans l'exploitation des ressources naturelles. C'est un créneau naturel où les sociétés canadiennes devraient être plus impliquées. Il y a déjà des projets d'or, de bentonite, de baryte et d'uranium. Il y a aussi le projet plomb-zinc de Oued Amizour (Béjaïa). Les plus gros investisseurs en Afrique dans le domaine minier sont les compagnies canadiennes. Il y a des sociétés qui ont déjà ouvert des filiales à Alger. La compétition est bonne et nous ferons nos preuves. Nous avons noté l'importance que l'Algérie attache à l'investissement, les joint-ventures et le partenariat. Le partenariat est un mot que nous entendons souvent en Algérie. Mon espoir est qu'au cours de mon mandat, il y aura des exemples de partenariat dans les secteurs identifiés prioritaires par l'Algérie. Dans le domaine pétrolier, trois sociétés sont déjà impliquées en Algérie. L'une d'elles est Petrocanada. J'essaye, en collaboration avec mon homologue algérien qui est au Canada, de sensibiliser nos sociétés sur l'intérêt du marché algérien. Nous sommes d'ailleurs en train de mettre en place une alliance algéro-canadienne pour canaliser l'intérêt des opérateurs canadiens pour l'Algérie. Cette structure sera dotée de relais en Algérie pour faciliter les échanges économiques et rehausser l'image de l'Algérie au Canada. Ce projet a démarré il y a un an. Un certain nombre de sociétés y sont impliquées. D'autres comptent nous rejoindre cette alliance.
Qu'en est-il des investissements directs canadiens en Algérie ?
Nous voudrions encourager plus d'investissement. Nous sommes un peu en retard. C'est le cas de beaucoup d'autres pays. Il y a du travail à faire pour identifier les possibilités et encourager les sociétés à venir voir les possibilités qu'il y a en Algérie. Il se discute sérieusement des possibilités d'investissements en Algérie. Il y a déjà des signes prometteurs. Le secteur agricole intéresse les opérateurs. Notre ministère de l'Agriculture a ajouté récemment l'Algérie à la liste des huit pays prioritaires au monde pour le Canada. Une telle décision est importante car basée sur une analyse objective du potentiel de l'Algérie. Nous sommes en train de monter une stratégie pour l'Algérie dans le domaine agricole et identifier des pistes où le secteur privé canadien peut s'y impliquer. Une mission était là, il n'y pas longtemps. Elle a identifié les pistes dans l'élevage bovin, par exemple. Il y a des investisseurs algériens qui veulent augmenter la production de lait qui peuvent profiter de l'expérience et de la technologie canadiennes. Cette priorité accordée à l'Algérie va permettre d'avoir les moyens, les ressources pour effectuer des échanges. Les relations ne se limitent pas uniquement à l'investissement et aux échanges économiques. Dans le domaine de la politique étrangère, l'Algérie et le Canada travaillent de près pour la réforme des Nations unies. La collaboration s'étend également aux grands dossiers internationaux. Il y a une convergence de vues entre l'Algérie et le Canada. Nous valorisons les échanges politiques en ce qui concerne les dossiers africains avec les Algériens. Il y a une franchise et une ouverture importante entre les deux pays. La réunion du Nepad de Kananaskis, au nord du Canada, prouve cet engagement africain.
Certains partenaires de l'Algérie évoquent des lenteurs dans les réformes pour justifier la frilosité des opérateurs...
La confiance est un grand critère pour les investisseurs. Le pays, qui a traversé une période difficile, a fait des progrès impressionnants dans les réformes. Il est vrai qu'il subsiste encore une frustration chez les investisseurs canadiens. Le secteur bancaire, dans son état actuel, est un frein pour l'économie algérienne. Des lenteurs existent dans la prise de décisions. A cela s'ajoutent la bureaucratie, la corruption, le mauvais système de distribution. Des problèmes souvent évoqués par les investisseurs. Je retiens qu'il y a des efforts pour rendre le système d'appel d'offres transparent. Il y aussi une volonté de faire avancer les réformes et de combattre la corruption. La loi sur les hydrocarbures et la libéralisation du secteur minier apparaissent sur les écrans de radar des investisseurs comme des signaux positifs. A l'image également du retour des compagnies aériennes. Cela montre aussi que le regard des étrangers n'est plus le même à l'égard de l'Algérie et de sa situation sécuritaire. Le renforcement de la sécurité et le projet de construction d'un nouvel aéroport international à Alger sont des éléments de nature à favoriser le retour d'autres compagnies, y compris canadiennes. Le Canada et l'Algérie ont évoqué un projet d'ouverture d'une ligne aérienne. Air Algérie a formulé la demande d'effectuer des vols charters en direction du Canada. Je rappelle que l'Algérie est un partenaire important de l'Agence canadienne de crédits à l'exportation (EDC). Les deux parties ont signé l'année dernière une importante ligne de crédit. Nous retenons que l'Algérie a besoin de moins de crédits. Mais le fait que l'EDC s'intéresse au marché algérien, c'est important.
La coopération militaire a-t-elle évolué ?
Nous n'avons pas à Alger un attaché militaire. Cette mission est assurée par un collègue en poste au Caire. Il y a lieu d'explorer des pistes de collaboration au plan bilatéral concernant les échanges militaires. Le Canada pourrait apporter une contribution en termes de formation et de transfert de savoir-faire. Nous n'avons pas une grande tradition en termes d'exportation d'équipements militaires. Nous disposons d'une haute technologie dans la fabrication, par exemple, des simulateurs de vol. L'armée algérienne en dispose déjà. A la faveur de la récente visite de M. Juneau (représentant du Canada à l'OTAN) à Alger, j'ai entamé des discussions avec les autorités militaires. Ce contact nous a permis de bâtir des relations qui n'existaient pas auparavant. Il y a déjà une volonté de travailler avec le Canada (...). Il y a des échanges d'information dans le domaine de la sécurité. La lutte contre le terrorisme est globale. Il y a des pistes de coopération et de collaboration à explorer. Cela devrait débuter avec davantage d'échanges entre les responsables dans le domaine de la sécurité et la formation de police, par exemple.
Metaoui Fayçal, Zine Cherfaoui


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