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Le coup d'État décidé moins de trois semaines avant son exécution
19 juin 1965 Le putsch était prévu pour le 17 juin
Publié dans El Watan le 21 - 06 - 2005

Extraits du livre Le Pouvoir algérien. 1962-1968 de Mhamed Yousfi
Le coup d'Etat du 19 juin 1965 sera une des principales conséquences de ce décalage entre deux tempéraments, deux pensées et deux formes d'action. Il fut décidé moins de trois semaines avant son exécution. Primitivement, l'enlèvement du président A. Ben Bella était prévu pour le 17 juin, à la sortie du stade d'Oran, après le match de football opposant l'Algérie au Brésil. Adelaziz Bouteflika se serait opposé au projet, faisant remarquer qu'il s'agissait alors d'un rapt et non d'une arrestation, nuance ! Le 26 mai, le vice-président et ministre de la Défense Houari Boumediène est en mission au Caire. Il représente l'Algérie à la réunion des chefs de gouvernement arabes, dont l'ordre du jour comporte l'étude du problème palestinien. Pendant cette absence du colonel Boumediène, le président Ben Bella convoque à la villa Joly, résidence de la Présidence à l'époque, son ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Bouteflika, et lui signifie son intention de lui retirer la responsabilité de son ministère. Surpris, Bouteflika fait part de son étonnement et demande un délai de réflexion. Ben Bella le lui accorde, tout en l'assurant qu'il ne s'agit nullement d'une marque de défiance. A. Bouteflika prend congé du Président et se retire, non sans amertume. Devant le bureau politique, A. Ben Bella fait valoir que ses fonctions de chef du gouvernement l'autorisent, de par la Constitution, à désigner et à révoquer ses ministres. Il est seul responsable de ses actes devant l'Assemblée nationale. Comme la façon dont son ministre conduit les affaires étrangères ne le satisfait pas, il veut pourvoir à son remplacement par un secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil. Les collaborateurs sincères et amis de A. Ben Bella lui conseillent de temporiser, parce que le moment est mal choisi. Il conviendrait, pour le moins, de ne pas rendre publique cette démission, avant la clôture prochaine de la Conférence afro-asiatique. Ben Bella explique : « Il faut écarter définitivement le spectre des renversements militaires, assurer avant la Conférence afro-asiatique la primauté (2) du pouvoir civil et prouver au pays son aptitude à trancher le conflit. » Entre temps, Bouteflika ne reste pas inactif. Il avise directement le colonel Boumediène, en lui téléphonant au Caire. Il alerte tous les officiers de l'état-major, consulte ses amis les plus proches (A. Medeghri, Cherif Belkacem et Gaïd Ahmed) et n'hésite pas à rencontrer Hadj Ben Alla, Hadj Smaïn, Bachir Boumaza et Ahmed Mahsas. Il présente les arguments suivants : « Sans doute, A. Ben Bella peut-il prendre une telle décision à l'égard de son ministre. A la veille de la conférence, la mesure apparaîtra comme un camouflet infligé à ma propre personne et aussi à Si Boumediène. Par ailleurs, je suis non seulement le chef de la diplomatie, mais également membre du Bureau politique et surtout chargé de la responsabilité des relations extérieures du parti. Il revient en conséquence à cette instance de décider de mon départ. » L'argument ne manque pas de poids. La conférence du Caire ne devant prendre fin que le 30 mai, le colonel Boumediène écourte son séjour et rentre à Alger avant la fin de la réunion. Ce retour inopiné du colonel Boumediène va donner au conflit une nouvelle tournure et une conclusion à laquelle Ben Bella ne s'attendait guère. En compagnie des membres du Bureau politique et du gouvernement, A. Ben Bella accueille H. Boumediène à l'aéroport de Dar El Beïda. Retrouvailles froides et électrisées. Les deux hommes montent dans la même voiture et échangent quelques propos courtois, jusqu'à la villa Joly. Là, le tête-à-tête dure plus de deux heures dans un climat orageux qui présage la rupture. Ben Bella ne cache pas ses inquiétudes quant à l'influence de l'armée dans le pays et lui rappelle la démarche qu'il a effectuée auprès de lui à la mi-mars, en raison des rumeurs accréditant l'éventualité d'un coup d'Etat. Mi-sérieux, mi-ironique, Boumediène réaffirme sa loyauté envers les institutions de la République. Hélas ! les dés sont jetés ! Le colonel ne circule plus qu'escorté par quatre gardes du corps qui veillent sur sa sécurité. A. Bouteflika ne couche jamais plus d'une nuit à la même adresse. Le processus qui va amener la destitution du président A. Ben Bella s'annonce déjà au siège du ministère de la Défense. Début juin se réunissent, autour du colonel Boumediène, A. Bouteflika, A. Medeghri, Cherif Belkacem, le commandant Chabou, secrétaire général de la Défense nationale, et le commandant Slimane Hoffman, responsable des unités blindées. Le principal catalyseur de cette réunion est le ministre des Affaires étrangères, A. Bouteflika. Les motifs du renversement sont les suivants :
Le problème des frontières et le conflit armé avec le Maroc. A. Ben Bella accuse les militaires et les désigne comme seuls responsables de l'aggravation de la crise avec le pays voisin.
Bouteflika allait être limogé
Ben Bella est l'unique et grand responsable, parce qu'il a pris l'initiative d'entraîner l'armée algérienne dans une aventure sans issue, contre les troupes marocaines, plus expérimentées et mieux équipées.
Ben Bella n'avait pas les moyens de conduire sa politique comme il l'entendait.
On dénonce aussi, le culte de la personnalité. Quant au limogeage de A. Bouteflika, la question n'a pas été effleurée. Le colonel Boumediène l'explique par la volonté de Ben Bella de renforcer son pouvoir personnel. Bouteflika, une fois démis de ses fonctions, c'est toute l'armée qui perd le contrôle de l'action de Ben Bella. Sur le plan international, la Conférence afro-asiatique risque de se transformer en tribune du haut de laquelle le Président va asseoir sa réputation de leader prestigieux. Donc, une conclusion s'impose : provoquer la chute du président avant même l'ouverture de la conférence. Paradoxalement, le colonel Boumediène, qui passe aux yeux de l'opinion internationale pour un militaire intransigeant et sans scrupules dans l'action, est en fait un légaliste et un inquiet. Il se fait tirer l'oreille pour son atermoiement par A. Bouteflika, Medeghri, Cherif Belkacem et Gaïd Ahmed : il suffira de convaincre les chefs d'Etat participant à la conférence que le coup d'Etat constitue un simple accident de parcours et non une remise en cause des orientations politiques. Le colonel finit par se rendre et accepte leurs arguments. Discrètement, les chefs des cinq régions militaires sont convoqués dans la capitale entre le 2 et le 8 juin. Des mesures draconiennes sont prise, pour assurer à l'opération les meilleures chances de succès. Le 18 juin 1965, l'auteur, alors en poste d'ambassadeur à Berne, en Suisse, est convoqué d'urgence par le Président à la villa Joly. Il ne le reçoit pas, le président est très occupé à recevoir les membres du Bureau politique. Seuls les rares initiés savent avec certitude que le pays traverse sa crise la plus aiguë depuis l'affrontement de l'été 1962. Après intervention de ses plus proches (Hadj Smaïn, Ben Alla, Bachir Boumaza et Ahmed Mahsas), Ben Bella, soucieux d'éviter l'explosion en cette période difficile, a fini par accepter de surseoir à sa décision et même de la soumettre à l'avis du comité central et à celui du Bureau politique. Trop tard ! D'autres l'ont déjà piégé et s'apprêtent à l'éliminer par la force. Le conflit de Boumediène avec Ben Bella vient d'éclater et rien ne peut arrêter la lourde machine, qui est déjà en marche, c'est irréversible. L'homme, qui se voit confier la mission ingrate et délicate d'arrêter le président de la République, est le colonel Tahar Zbiri. Il est appuyé par Draïa, directeur général de la sûreté nationale, Bencherif (3), responsable de la Gendarmerie nationale, Saïd Abid, commandant de la 1re région militaire, le colonel Abbès et le commandant Bensalem. Les conjurés ne sont pas sûrs de gagner. En cas d'échec, un avion prêt à décoller les attend sur l'aérodrome militaire de Boufarik. Le 18 juin au soir, le dispositif est en place, personne, hormis les militaires, n'a été informé à l'avance du coup d'Etat. Aucun gouvernement étranger n'a été averti. Il s'agit donc bien d'un putsch, décidé, organisé et réalisé par une poignée d'hommes. Sa réussite tiendra essentiellement à la rapidité de son exécution et, plus encore, à l'absence de la réaction populaire. La journée du lendemain pour Ben Bella sera particulièrement chargée. La presse nationale du 18 juin avait annoncé, en effet, une réunion du Bureau politique à 19 h, mais comme le peuple attache plus d'importance aux mesures concrètes, qu'aux débats idéologiques et analyses politiques du Bureau politique, cette réunion n'a pas suscité un grand intérêt. En plus de la réunion du Bureau politique, le même quotidien avait annoncé pour le même jour l'inauguration d'une coopérative à Blida. Les gardes du corps du président A. Ben Bella, en faction devant la porte d'entrée de la villa Joly, seront remplacés au dernier moment par les hommes de confiance de la Sécurité militaire et les CNS de la Sûreté nationale, choisis par Draïa, directeur général de la Sûreté nationale (4). L'ordre du jour inscrit à la réunion du Bureau politique du 19 juin (qui n'aura jamais lieu) est l'examen de deux questions brûlantes :
Pouvoir personnel.
Rôle et place de l'Armée dans la nation.
Ben Bella accuse les militaires
A ce sujet, A. Ben Bella avait fait savoir qu'il n'assisterait pas à la réunion et s'était déclaré prêt à « renoncer à ses responsabilités au sein de toutes les instances nationales pour permettre au reste de l'équipe de tenter une expérience sans lui, si le désir s'en manifestait ». Deux hommes rendent visite, tard le soir du 18 juin, au président A. Ben Bella. Le premier est le fidèle Hadj Ben Alla. Ce dernier occupe de hautes fonctions au sein de l'Etat et du parti, une sorte de secrétaire général adjoint : membre du Bureau politique, membre du comité central chargé des organisations nationales et président de l'Assemblée nationale. Le second est reçu très tard, vers 22 h, peu de temps après la visite du premier : Ali Mendjli (accompagné de Kamel Saker), ancien commandant et membre du Bureau politique. Patriote, discipliné, Ali Mendjli n'appartient pas au clan de Boumediène et n'est pas sans savoir que quelque chose se prépare contre A. Ben Bella ; mais tenu à l'écart de la préparation du « putsch », il ignore que celui-ci doit se produire cette nuit même. Comme il le faisait assez souvent, Ahmed Ben Bella, après avoir congédié ses visiteurs, monte dans sa voiture avec son chauffeur pour une promenade nocturne. Assis à l'arrière, le président aime respirer l'air frais de la nuit. Ce soir-là, il ne s'arrêtera pas pour ramasser, comme d'habitude, un gosse sans famille ou un vieillard perdu dans la nuit, sans abri. Il se sent isolé, coupé du clan Boumediène, voire de l'armée ; mais au fond, il est très satisfait d'avoir réglé, il y a à peine trois jours (le 15 juin), avec le FFS, l'opposition en Kabylie. La libération d'Aït Ahmed n'est qu'une question de jours. Par ailleurs, n'a-t-il pas déclaré en plein accord avec le colonel Boumediène : « Je sais cette occasion pour aborder un sujet d'actualité, un sujet sur lequel je voudrais dissiper toute équivoque. En Algérie, il y a une révolution socialiste, un pays, un régime et une direction plus unie que jamais, plus décidée que jamais à faire face aux complots d'où qu'ils viennent, et surtout aux complots extérieurs. » A. Ben Bella regagne son appartement de quatre pièces vers 1h, pour aller se coucher.


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