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Le petit fonctionnaire devenu président
Mahmoud Ahmadinejad. Le nouvel homme fort de Téhéran fait peur à l'Occident
Publié dans El Watan le 07 - 07 - 2005

« Les Américains sont incroyables ! Par qui ont-ils été élevés ? Ils n'ont pas été élevés du tout... Ou ils ont été élevés avec l'idée que, sur la terre, il y avait eux et puis... des homoncules. »
Charles de Gaulle
Ahmadinejad, un quasi-inconnu avant de devenir maire de Téhéran en 2003, a remporté le mois dernier la présidentielle iranienne avec 61,69% des voix contre Akbar Hachemi Rafsandjani (34,92%).
Ce dernier qui pensait décrocher la timbale s'en est violemment pris à ceux « qui ont utilisé l'argent du peuple pour le salir lui et sa famille ». Il a aussi attaqué le Conseil des gardiens, en affirmant qu'il n'allait pas déposer de recours « auprès de juges qui ont montré qu'ils ne peuvent ou ne veulent rien faire ». Comment donc ce petit fonctionnaire sans envergure a-t-il pu accéder à la plus haute marche du pouvoir ? Ni l'union sacrée des modérés qui se sont ligués contre lui ni l'appel au boycott de Ibadi, prix Nobel de la Paix, n'ont pu lui faire barrage. Depuis deux ans, il fait quotidiennement et gratuitement distribuer la soupe populaire à 2 millions de ses administrés les plus pauvres. A l'occasion, il n'hésite pas à enfiler la combinaison d'éboueur pour dégager les ordures des Téhéranais. Une image forte qui a séduit le petit peuple. Mahmoud Ahmadinejad, candidat populiste ultraconservateur, au-delà de l'image qu'il reflète au sein de la population, est un pur et dur, soutenu par l'armée et les organisations radicales. Ses positions antiaméricaines, alors que l'Iran a été catalogué comme l'un des pays de « l'axe du mal » par le président Bush, ont encore renforcé son aura auprès du peuple. Son parrainage par le Guide suprême Khamenei a été décisif, alors que beaucoup misaient sur son adversaire Rafsandjani, ancien président de la République et l'une des plus grosses fortunes du pays. Son élection, aussi surprenante qu'elle fut, a provoqué un séisme dans les états-majors et a suscité le courroux des Américains hantés par le programme nucléaire iranien. L'arrivée au pouvoir de cet ultraconservateur qui ne cache pas son inimité pour les Etats-Unis allait davantage compliquer les choses. D'entrée, Mahmoud Ahmadinejad a annoncé la couleur en déclarant que « son élection signifiait une nouvelle révolution islamique dont la vague atteindra bientôt le monde entier », et éradiquera l'injustice partout où elle a cours. « L'ère de l'oppression, du régime hégémonique de la tyrannie s'achève », a-t-il annoncé, désignant à l'évidence les Etats-Unis. Ce discours, qui rappelle les premières années de la Révolution, suscite l'inquiétude des Occidentaux. Mais le nouveau président sait souffler le chaud et le froid, en tentant de rassurer ses supposés ennemis. « Je ferais le choix de la modération. Il n'y aura pas de place pour l'extrémisme », décrivant son gouvernement comme celui de l'amitié et de la compassion, de la justice et de l'honnêteté, au service du peuple, quelles que soient les opinions de chacun. Le régime islamique, comme on le sait, a eu largement le temps depuis son avènement de consolider ses assises à travers les réseaux des mosquées et des milices. Un très efficace maillage politique des classes populaires a été réalisé. Et le nouveau président en est le principal bénéficiaire, d'autant qu'il symbolise le réceptacle des frustrations des petites gens auxquels il s'est toujours identifié.
L'ère de la tyrannie est finie
N'empêche que la victoire du 24 juin a fait souffler un vent de panique sur l'Iran. Ce tenant de la ligne dure du régime va-t-il aller vers un verrouillage politique absolu de la République islamique, qui avait montré des signes d'ouverture sous l'ère Khatami ? Certains peuvent le penser. Un des candidats malheureux du scrutin du 17 juin, Karoubi arrivé troisième, s'est indigné de la tournure des élections marquées, selon lui, par la fraude massive. Il a adressé une lettre personnelle au Guide suprême pour dénoncer le rôle trouble joué par les gardiens de la Révolution et les milices islamistes, les Bassidji, dans le scrutin. Cette lettre devait être publiée le 20 juin dans deux grands quotidiens réformateurs Eghbal et Aftab, cependant, ces deux journaux ont été aussitôt interdits de parution. Beaucoup soupçonnent le fils du Guide d'avoir tout organisé. Le ton est ainsi donné et la couleur annoncée. Traqué à propos de son programme nucléaire, l'Iran est constamment la cible de l'Administration Bush. M. Ahmadinejad a affirmé que son pays n'avait pas vraiment besoin d'établir des relations avec les Etats-Unis, mais il s'est dit « prêt à travailler avec tout pays qui ne montrera pas d'animosité envers l'Iran ». Il a assuré que son gouvernement poursuivrait les discussions sur la question du nucléaire avec l'Union européenne. Selon lui, « l'Iran a besoin de cette industrie nucléaire civile pour l'énergie, la médecine, l'agriculture et le progrès scientifique ». « Nous continuerons les pourparlers avec les Européens, tout en préservant nos intérêts nationaux, la confiance doit être réciproque », a-t-il prévenu. La troïka européenne (France, Grande-Bretagne, Allemagne) doit présenter fin juillet des projets de coopération à l'Iran pour le convaincre de maintenir le gel de ses activités nucléaires sensibles, notamment l'enrichissement d'uranium qui peut avoir une finalité autant civile que militaire. L'Iran, après les attentats du 11 septembre 2001, a été tout de suite ciblé par Bush autant que l'Irak.
Un ennemi de longue date
La menace d'une arme nucléaire maîtrisée par Téhéran, l'influence de l'Iran sur les mollahs de la région et l'arrivée au pouvoir d'une ligne dure ne font qu'ajouter à la tension. La résurgence des images de la prise d'otages de 52 Américains pendant 444 jours, dans la capitale iranienne, a été vécue comme une humiliation par les Etats-Unis (le dénouement de cette affaire a été possible grâce à une médiation algérienne). Entre les Etats-Unis et l'Iran, c'est donc une vieille histoire de haine et de rancœur. « C'est un ennemi de longue date, plus ancien que l'Irak. Nous n'avons pas oublié », a rappelé un porte-parole du département d'Etat. Sur un autre plan, Mahmoud s'est également employé à rassurer les milieux d'affaires. « Ne craignez rien, nous allons développer les investissements nationaux et étrangers en Iran. Il y a trop d'obstacles bureaucratiques qui ont mis en péril la sécurité des investissements. Il faut des réformes afin que les informations financières soient accessibles à tous. » Le nouveau président veut aussi s'en prendre à la corruption tout en distribuant davantage de subsides aux couches les plus pauvres de la société qui sont, dans leur majorité, à l'origine de son triomphe. Washington accuse Ahmadinejad d'avoir trempé dans la prise d'otages en 1979. « Contrairement aux déclarations des anciens otages, Mahmoud n'a jamais fait partie de l'assaut contre l'ambassade américaine de Téhéran en 1979. Ces affirmations sont ridicules », fait savoir ce professeur à l'université de Téhéran qui connaît le nouveau président iranien depuis l'enfance. L'affaire Ahmadinejad est partie, il y a quelques jours, d'un vieux cliché, d'un jeune homme barbu conduisant un otage aux yeux bandés, diffusé sur le site Internet proche des Moudjahidine du peuple, un groupe armé d'opposition en exil. Mais les preneurs d'otages eux-mêmes excluent toute participation du nouveau président... L'affaire en tout cas fait ressurgir les vieux démons et les vieilles humiliations du passé et risque d'envenimer les relations pas très cordiales entre Washington et Téhéran. « On cherche à saboter l'image de Ahmadinejad », soutient une ancienne collègue de ce dernier. « Sous Khatami, Massouneh Ebtekar, actrice incontournable de la prise d'otage, a été nommée conseillère auprès du président réformateur et les Américains n'ont rien dit. Aujourd'hui, ils inventent une histoire sur Ahmadinejad pour la simple et bonne raison qu'il ne correspond pas à leurs critères », s'insurge-t-elle.
Une campagne insidieuse
Un autre relèvera que ces accusations peuvent radicaliser davantage les positions du nouveau président qui, rappelle-t-il, était à l'époque contre la prise d'otage, et avait suggéré à la place, d'attaquer l'ambassade d'Union soviétique, qui incarnait l'athéisme en opposition aux valeurs islamiques qu'il défendait. Alors que cette accusation n'a pas livré tous ses secrets, voilà qu'une autre vient le mettre en cause pour des faits plus graves. Le ministère autrichien de l'Intérieur a annoncé détenir des documents incriminant Ahmadinejad dans l'assassinat d'un leader kurde à Vienne en 1989. « Un dossier concernant M. Ahmadinejad a été remis fin mai au service de lutte contre le terrorisme qui l'a transmis au parquet général », a indiqué une porte-parole du ministère qui a ajouté « n'avoir pas reçu à ce jour d'instructions pour l'ouverture d'une enquête ». Le nouveau président serait impliqué dans l'assassinat de l'opposant kurde Abdoul Rahman Ghassemlou, abattu par un commando, avec deux de ses collaborateurs le 13 juillet 1989, dans la capitale autrichienne. Du côté de Téhéran, silence radio. Aucune réaction officielle n'est venue mettre un terme à cette campagne. Ahmadinejad n'a pas encore prêté serment et n'a pas été intronisé président de la République. De ce fait, « il ne peut répondre aux accusations, qui ne sont que des élucubrations », s'indigne un des proches du nouvel élu ». Il a un mois pour constituer son équipe et voir venir. Bush, déjà englué en Irak et qui a du mal à convaincre ses alliés d'adopter des sanctions dures, n'aura d'autre choix que de négocier avec le nouvel homme fort de Téhéran.
Parcours
Mahmoud Ahmadinejad est né en 1956 à Garmsar, dans la banlieue de Téhéran. Il est issu d'une famille très modeste, son père était forgeron. Il obtient un doctorat en génie civil de l'université des sciences et de la technologie de Téhéran. Dès son entrée à l'université, il milite dans le syndicat étudiant islamiste et devient le représentant de son université au Comité central du syndicat qui est à l'origine de la prise d'otage à l'ambassade des Etats-Unis à Téhéran en 1979. Il prend une part active à la guerre entre l'Iran et l'Irak entre 1980 et 1988, comme combattant, puis comme officier des gardes révolutionnaires et enfin comme ingénieur militaire. Ahmadinejad devient gouverneur de la région d'Ardabil de 1993 à 1997. En 2003, il se présente comme le candidat du peuple à la mairie de Téhéran. Il se présente à l'élection présidentielle du 17 juin 2005 et arrive, de manière inattendue, en deuxième position avec 19,5% des voix derrière l'ancien président Rafsandjani. Il remporte largement le second tour. Ahmadinejad est considéré comme un islamiste conservateur. Certains de ses opposants utilisent même le terme de fasciste. Il est proche du Guide suprême, Ali Khamenei. Il prêtera serment le 4 août prochain.


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