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Skikda. Château Bengana
L'ombre de Benabi, l'aura de myriam
Publié dans El Watan le 11 - 08 - 2005

Des richesses archéologiques, artistiques ou historiques, Skikda en dispose. A profusion même. Il suffit juste d'arpenter une ruelle, un sentier ou de longer la corniche pour trouver matière à plaisir. De cet ensemble, où se mêlent légende, mysticisme et fait authentique, le château Bengana reste parmi les quelques monuments encore emplis de controverses et de contrevérités aussi.
Ce qui s'est dit ou écrit à nos jours à propos de ce joyau, reste insuffisant. Pour ne pas dire erroné dans certaines explications. Mais cela n'altère en rien sa splendeur. Le château a été classé patrimoine national à préserver en 1981 pour éventuellement servir de musée. Il sert aujourd'hui de villas d'hôtes. Chadli Bendjedid, entre autres, y a séjourné. Malek Bennabi, l'illustre penseur nationaliste a également séjourné à plusieurs reprises au château durant l'occupation à l'invitation de Bengana. Une grande amitié liait les deux hommes. Ammi Hocine, un vieux skikdi, témoigne qu'il avait l'habitude de regarder Bennabi dans le jardin du château, attablé à un perron. « Il adorait l'atmosphère de quiétude des lieux et préférait s'isoler pour écrire. Je me souviens qu'il rédigeait, attablé à un perron, une œuvre sur la psychologie des foules. Il aimait surtout l'exotisme du jardin du palais et le panorama qu'offrait le lieu. » Le château a été battis en 1913 sur un site boisé qui surplombe le versant marin de la corniche locale. Réalisé en tant que propriété privée au profit de Paul Cuttoli, ancien sénateur du Constantinois et maire de Philippeville, le palais a été réalisé dans un style architectural andalou mauresque, où s'entremêlent différents aspects qui s'épousent à merveille pour donner aux lieux une posture d'une rare beauté. L'ossature harmonieuse du palais, vue de l'extérieur, suffit amplement à donner un avant-goût de ce qu'est son intérieur. Au vestibule déjà, le ton est donné. Mosaïques, faïences, sculptures... On y trouve des touches architecturales des Almoravides dans la façade extérieure, une ressemblance à la Giralda de Séville dans la forme du minaret, des réverbérations de l'Alhambra de Grenade et des palais de Marrakech dans les lambris... Et comme pour agrémenter les lieux, des maximes transcrites en langue arabe ornent les murs intérieurs, parfaisant ainsi l'œuvre qui se voulait aussi un grand hommage à la civilisation andalouse. Le tout porté merveilleusement par une faïence d'une rare qualité : des carreaux décoratifs fabriqués dans les fours de céramique des Chemla, une grande entreprise familiale implantée à Nabeul en Tunisie. Cette même faïencerie, qui décora l'ensemble des bâtisses de Skikda (hôtel de ville, gare ferroviaire, postes...), mais aussi l'hôtel El Djazaïr (Saint-Georges) et le Palais du gouvernement à Alger. On trouve aussi les mêmes carreaux de décoration dans plusieurs bâtisses de la côte ouest américaine (villas de stars, le palais de justice de Santa-Barbara et le théâtre d'Arlington en Californie...). Le château, initialement baptisé Château Cuttoli, en référence à son premier propriétaire, porte deux autres appellations. La première, Meriem Azza officiellement reconnue et la seconde Château Bengana encore entretenu par la mémoire collective.
Pourquoi deux appellations, et qui seraient ces deux personnages ?
Pour Meriem, il suffit juste d'arpenter le parvis du château pour lire Dar Meriem, une calligraphie en caractère arabe incrustée dans la mosaïque et qui semble annoncer la maîtresse des lieux. Un fait qui a encouragé les officiels à baptiser le palais au nom de Meriem Azza. Mais si Meriem a bel et bien existé, Azza n'est, cependant, qu'une pure invention. Une malencontreuse erreur encore entretenue juste pour sa consonance mélodieuse. Explications : plusieurs vieux Skikdis, parmi lesquels âmmi Nakoub et El Hadj Bouaziz, témoignent que le nom de Meriem n'est finalement que le propre nom de la femme de Cuttoli, premier propriétaire du château. M Bouaziz, qui garde encore toute sa mémoire malgré un âge très avancé, témoigne : « Elle s'appelait Myriam et avait un goût très poussé pour les choses de l'art. C'était un mécène qui tenait une galerie d'art aux 6e arrondissement à Paris. Son mari, Cuttoli maire de Skikda, avait bâti ce château en son honneur. » Quant à l'appellation Azza, ce n'est qu'une grossière erreur de... lecture. Il suffit juste de revenir au paragraphe transcrit en lettres arabes sur le mur du bureau de Cuttoli, où l'on peut lire « Paul Cuttoli (...) houa elladi bana hada el kasr izaten limeriem » (Paul Cuttoli est le constructeur de ce palais en l'honneur de Myriam). Donc, on retient que la transcription signifie Izza dans le sens vénération et non Azza. La seconde appellation Château Bengana est, quant à elle, en relation avec le second propriétaire du palais. Il s'agit de Bengana Boulakhrass, dit Khassa, arrière petit-fils de Bengana Cheïkh El Arab. Issu d'une famille nantie de Biskra, il avait l'habitude de venir estiver à Skikda. En ayant vent que Cuttoli cherchait à vendre son château, il lui propose de le lui racheter. La transaction fut conclue pour la somme de 20 millions d'anciens francs. Il ne séjourna, cependant, au château que durant les saisons estivales. Il y avait aussi célébré les fêtes de circoncision de ses fils. Les vieux de Skikda le décrivent comme « un bel homme très raffiné. Dès l'avènement de la guerre de libération, il fut l'objet de grandes pressions par les colons qui voyaient d'un mauvais œil ‘‘cet arabe nanti''. Craignant pour sa vie et celle de ses enfants, il dut quitter le château pour ne jamais y revenir ». A l'indépendance, le château était totalement abandonné. Il a même servi d'étable à des maquignons avant que la Banque populaire ne le reprenne pour le vendre à Sonelgaz. Cette dernière en fera un centre de vacances pour les enfants de ses employés. Le château allait vivre le même destin du Château de Morel de Ramdane Djamel, qui est aujourd'hui totalement en ruine avant que l'APC de Skikda ne force la main aux instances centrales en 1981 pour le classer. Un acte qui alla à jamais préserver ce joyau au grand bonheur d'une ville où le raffinement a toujours été une caractéristique indéniable.


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