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L'insécurité gagne les villes
Publié dans El Watan le 24 - 10 - 2005

Les cafetiers sont désormais autorisés à servir leurs clients après une longue et tumultueuse journée de privation et de frustration. Rien ne sert de s'affoler. Dieu, ont-ils promis, saura récompenser les pieux...le moment venu ! El adhan, qui a retenti une heure avant, a soulagé plus d'un.
La place, connue pour son marché Ketchaoua, est un authentique magma humain. Durant la journée, il est pratiquement impossible de se mouvoir à l'intérieur tant la foule est compacte et ses pavés enfoncés investis par les vendeurs et les chalands de fortune. Sur ces aires affreuses et défoncées et ces chantiers inachevés du gouverneur détrôné Rahmani, elle fait office de terrain propice pour une véritable guerre des tranchées entre les vendeurs à la sauvette et les représentants de l'Etat : les policiers. L'esplanade est tellement mal éclairée qu'on est tenté de prendre les gens qui la traversent pour des ombres chinoises. Ou, peut-être, cela est fait sciemment pour cacher sa laideur face à la mer splendide.
Une sécurisation sélective
Un signe de la main et un vieux char de la première guerre s'arrête. C'est un taxi. Direction la Grande-Poste. On amorce un début de discussion avec le « tankiste » sur la question de la sécurité dans la capitale, mais le gars se méfie, on décide dès lors de décliner notre identité pour le mettre à l'aise, mais son visage demeure rongé par l'angoisse. Est-ce l'influence de ces hideuses lumières verdâtres laissées comme un affront par le Guide de la révolution libyenne, après son dernier passage à Alger, qui lui font cet effet ? Non. Sa « hantise » est nourrie par la crainte de se faire piéger par...les chaînes étrangères. A-t-il quelque aveu important à faire ? Le secret demeure impénétrable. Nous le réconfortons du mieux que l'on peut pour qu'il nous parle enfin du fameux « sujet » dont on avait été chargé un jour auparavant par le chef de rubrique. En vain. Arrivé à la Grande-Poste, nous nous engageons sur l'esplanade où des projections de films en plein air sont organisées, et ce, depuis quelque temps déjà. L'événement fait tout le bonheur des badauds et des cinéphiles de la 25e heure. Sur l'écran - bricolé avec quelques planches en bois et un bout de tissu - défilent les séquences plates du film ...Taxi 2. Le choix ne peut pas être plus instructif. On quitte la gorge du métro, convertie en salle de cinéma mille étoiles et on entre dans un immense magasin de chaussures tenu par un vieux monsieur, assisté dans sa tâche par un jeune vendeur. Abordant avec le propriétaire le sujet « coupant » des vols et des agressions, qui font le mauvais feuilleton de la capitale de ces dernières années, celui-ci daigne nous éclairer. « Depuis le temps où le chantier du métro d'Alger est là nous vivons quotidiennement au rythme des agressions ». Une dizaine par jour, a comptabilisé le chausseur. « C'était un véritable coupe-gorge », se remémore encore le vieux. L'esplanade relie sans charme les deux et seules célébrissimes artères de la capitale (rues Larbi Ben M'hidi et Didouche Mourad). « Les choses vont nettement mieux maintenant, mais les vols à l'arrachée de portables et de bijoux sont toujours d'actualité avec en prime une agression en bonne et due forme, » La place du magnifique hôtel de la Poste a désormais repris ses droits et ses espaces, et un fourgon cellulaire de la police est constamment fixé non loin de la Fac centrale. Une présence symbolique, parfois dissuasive mais pas toujours, car les foyers de délinquance se tiennent toujours au chaud. Les policiers ont-ils failli à leur « noble tâche » ? Conciliant, le commerçant, avec sa barbe, couleur poivre et sel, s'offre, dans un Molière intact, une belle pirouette : « Les vols et les agressions sont d'abord un engrenage social, où on retrouve mêlées malvie et pauvreté (...) Les délinquants sont pour la plupart des jeunes qui ne demandent qu'un geste de prise en charge », dit-il. L'Algérien est-il devenu plus violent ? Evidemment, tranche le patriarche. « La guerre laisse incontestablement des séquelles. » A cela s'ajoute, selon notre « barbu » avec un soupçon de ...marxisme dans son analyse, la paupérisation, la dépréciation du dinar qui ont affecté lourdement la société algérienne. Celle-ci, renchérit le vieux, ne connaît que les riches et les pauvres car la classe moyenne n'existe plus. « Un jeune lorsqu'il est désœuvré, jeté à la rue, c'est la misère qui le guette. Lorsqu'il travaille, il est exploité (...) Vous n'avez qu'à faire un tour du côté du boulevard Che Guevara, vous trouverez des familles entières assises à même le trottoir. Même sous l'occupation française je n'ai pas vu pareil spectacle : des femmes dormir sous les arcades. »
Un foyer de délinquance
Il nous confie en outre, que lui-même en avait été victime trois fois. La présence du fourgon de police et les patrouilles pédestres effectuées régulièrement ont largement contribué à la sécurisation de l'endroit. « C'est aussi le centre-ville, c'est tout à fait ordinaire. Le plus périlleux est de se hasarder dans certaines artères comme la rue de la Lyre ou la rue Mulhouse ou dans les venelles attenantes à d'autres quartiers qui sont à assainir, et c'est dans ces endroits justement que la police doit se rendre le plus possible. » A quelques mètres de là, rue du sergent Addoun (ex-rue Monge), deux jeunes s'activent à préparer, dans leur petit snack, des sandwichs bourrés de salades et de viande hachée suspecte pour des clients pressés. Nous leur demandons si leur quartier est sécurisé, mélangeant torchons et politique, ils affirment que « depuis le jour du vote - à comprendre par là, le référendum sur la charte pour la réconciliation nationale - la situation s'est relativement tassée ». Assez sûrs d'eux, ils ajoutent en chœur qu'ils n'ont jamais eu affaire à des voleurs ou à des agresseurs. « Ils savent qui attaquer », renchérit le plus jeune, en bombant ostensiblement le torse. « On ne sait pas si les policiers les ont tous embarqués, mais les choses se sont vraiment calmées, surtout pendant la journée, car la nuit c'est une autre paire de manches », précise le jeune patron.
Foire d'empoigne
Enumérant les ruelles au couperet contondant, les complices citent, entre autres, les rues Charras, Mulhouse, le square Port Saïd, l'Alétti et le jardin de la Grand-Poste (El-Djenina). « Ceux qui atterrissent dans cet endroit sont certains qu'ils se feront bien rosser et détrousser », nous assène- t-on. Ils ont toutefois bien ri quand nous leur avons demandé si les policiers faisaient bien leur travail. Ils ont ri de bon cœur, avant de nous renvoyer à ce que la vox populi colporte à ce sujet : « Ils bossent avec eux ! ». « Mais est-ce que vous les avez vu faire ? » Silence. Le patron revient aussitôt à la charge : « Il y a une vingtaine de jours, un fou qui montait la rue à toute allure a blessé sur son chemin quatre personnes. Il était armé d'un poignard. Heureusement que c'était un vendredi, un jour de faible affluence, car les policiers qui le poursuivaient avaient peur de l'arrêter. » C'est tout de même humain que de vouloir préserver sa petite vie. Boulevard Asselah Hocine, quelques minutes plus tard. Nous abordons un jeune vendeur de cigarettes. Selon lui, le boulevard où il a installé sa « tabla », ou plutôt son petit bureau tabac portatif, est le plus tranquille de la capitale. « Je suis tout près de Cavaignac, le commissariat, et le siège de la wilaya. Ce n'est pas très fréquenté, car il n'y a ici que des services administratifs. Les vols et les agressions sont légion ailleurs, rue Larbi Ben M'hidi par exemple. » La police fait de son mieux, mais ne peut pas tout contrôler, d'autant plus que la ville est submergée d'étrangers ! En plus, il ne suffit pas de « dispatcher des milliers de policiers à travers la capitale pour résoudre le problème de l'insécurité. Ce qu'il faudrait avant tout ce sont les réflexes des citoyens, un engagement collectif pour pouvoir parer à ce fléau et non se détourner à chaque fois qu'on assiste à une scène d'agression, car un jour ou l'autre ça nous retombera inéluctablement sur la tête ». Un peu plus haut, boulevard Ben Boulaïd (ex-Bugeaud) : des vols et des agressions sous les regards embusqués derrière les feutrés balcons institutionnels qui lui font face (commissariat de Cavaignac et les sièges douillets de l'Assemblée nationale, du Sénat et de la wilaya d'Alger). Nous nous rapprochons d'un restaurateur qui garde jalousement la porte de son établissement et se met aussitôt à nous livrer ses impressions : « Depuis que les autorités ont installé un barrage de police à l'Aletti, nous avons moins à faire aux nervis ». Soutenant à l'occasion que le nombre d'agressions a fortement diminué ces derniers temps. Néanmoins, poursuit le tavernier kabyle, la guerre il faudrait aussi la faire hors centre-ville. « A la Madrague, où j'habite, c'est le Texas : bagarres à couteaux tirés, drogues, prostitution, crimes crapuleux sont monnaie courante et sans que cela n'émeut personne. C'est dans ces endroits que les pouvoirs publics doivent agir », conclut-il.
Le dortoir à la belle étoile
Nous nous engageons ensuite dans le boulevard Abbane qui débouche, dans une puanteur et une saleté indescriptible, sur le square Port Saïd. Les trottoirs défoncés et les façades des immeubles toutes laides. Les ordures ménagères jonchent l'artère très mal éclairée et dégagent dans l'air leurs miasmes pestilentiels. On a cependant du mal à croire que les bureaux du wali sont seulement à des dizaines de mètres de là. 22 h. Direction le Square. La place grouille de monde. Les arbres du coin sont toujours là, séniles. Rien n'a changé en cet endroit qui respire le déclin à grands poumons. L'activité est beaucoup plus débordante sur la terrasse du Tanton-Ville qu'à l'intérieur du Théâtre situé juste à côté ! 40 DA le café servi en terrasse, avec en prime une vue « panoramique » sur le comptoir officieux de change. Le tout bercé et gardé négligemment par une escouade de policiers qui filtrent les automobilistes et fendent du regard la cohue des passantes et des passants qu'expulse l'artère de Bab Azzoun. La frénésie de l'Aïd fait oublier aux Algériens les précautions d'usage et les dangers ambiants. Ce n'est pas uniquement la raison qui les motive pour défier les professionnels de l'insécurité et leurs stagiaires. Les femmes s'aventurent, même à des heures réputées tardtves dans les rues de la capitale, pour effectuer des achats ou faire tout bonnement du lèche-vitrine dans ses boulevards commerçants. La peur de se faire molester et voler se fait plus petite, car il s'agit avant tout de vaincre ses propres réticences et signifier aux rebuts de la société que la vie est plus forte que tout.


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