En raison de la pénurie de poches pour stomisés dans plusieurs wilayas du pays, quelques 40 000 malades sont dans le désarroi. Ils se voient obligés d'utiliser un sachet de lait vide, une boîte de margarine ou un sac-poubelle comme palliatif. C'est ce qu'a révélé le président de l'Association des stomisés d'Algérie (ASA), Rachid Rezgui, lors d'une conférence de presse animée avant-hier à Tizi Ouzou et qui interpelle les pouvoirs publics afin qu'ils trouvent une solution. L'indisponibilité récurrente de ce produit parapharmaceutique suppléant la déficience des canaux naturels, placé sur l'abdomen du malade ayant subi des opérations chirurgicales au niveau des organes urinaire ou digestif pour permettre l'évacuation des déchets organiques, dure depuis 1988, a déploré M. Rezgui. «C'est un drame humain de ne pas venir en aide à cette catégorie de malades et c'est un crime de ne pas s'occuper d'eux. 80% des patients sont des cancéreux. Beaucoup décèdent des suites de cette maladie. D'autres se suicident parce qu'ils la considèrent honteuse. Les stomisés sont soit pris en pitié ou rejetés, alors qu'ils ont besoin d'être assistés médicalement et psychologiquement. C'est indigne qu'un pays si riche comme l'Algérie n'arrive pas à offrir une poche pour le malade», a-t-il souligné. Des SOS en vain Le président de l'ASA dit être profondément révolté par la sourde oreille, voire le mépris qu'affichent les responsables des organismes concernés par l'approvisionnement, la régulation de la distribution des poches, l'Onaaph en l'occurrence : «Nous avons interpellé tous les organismes et ministères concernés, en vain.» «La poche pour stomisés est un produit parapharmaceutique qui doit être géré par les pharmaciens. Nous avons, depuis des années, demandé la levée du monopole déguisé accordé à l'Onaaph. Cette dernière étant la seule à bénéficier du tiers payant, les stomisés se retrouvent dans l'obligation tacite de recourir à cet organisme du fait de la cherté des poches. Qu'est-ce qui empêche la CNAS d'accorder le tiers payant à l'Endimed, en matière de poches et même aux officines privées ? Depuis douze ans, aucune subvention ne nous a été allouée.»