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Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva aujourd'hui à Alger
Le Brésil, ce n'est pas que le foot
Publié dans El Watan le 08 - 02 - 2006

A l'occasion de sa visite à Alger, le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a accordé une interview à plusieurs médias algériens où il revient sur les relations entre les deux pays et sur la coopération Sud-Sud.
El Moudjahid : Quel est votre sentiment face aux bouleversements qui s'opèrent en Amérique latine avec l'arrivée de gouvernements de gauche ? L'exemple brésilien aurait-il fait contagion ?
Nous vivons une nouvelle période dans le continent. Il a connu une grande croissance et une maturité de la gauche qui est arrivée au pouvoir par la voix des urnes, renforçant la démocratie. Il n'y pas d'espace pour les coups d'Etat et les solutions autoritaires. L'expérience des gouvernements de gauche, dans le sillage de la frustration du désastre néolibéral des années 1990, fait qu'ils sont convaincus qu'il n'y aura pas de croissance soutenue si les exigences économiques et sociales des secteurs traditionnellement marginalisés ne sont pas satisfaites. Il n'y aura pas de croissance consistante sans distribution de la rente. Il leur est également apparu comme évident qu'il incombait à l'Etat un rôle stratégique dans l'induction de politiques publiques tournées vers les réformes. La démocratie politique sur le continent étant consolidée, l'Amérique latine a besoin, à présent, de transformations économiques et sociales fondamentales. Il est important de souligner que chaque pays a son propre processus. La gauche est arrivée au gouvernement par ses propres mérites. Les expériences réussies de la gauche dans un pays réduisent les craintes et encouragent davantage les électeurs latino-américains à voter sans préjugés.
L'Expression : C'est votre première visite en Algérie depuis votre investiture. Comment évaluez-vous les relations entre l'Algérie et le Brésil, notamment en matière économique ?
Nos relations ont connu une extraordinaire évolution. Nous sommes conscients de notre importance réciproque. Nous entretenons un excellent dialogue politico-diplomatique, nous sommes partenaires dans des initiatives importantes comme l'Action contre la faim et la pauvreté, nous nous consultons régulièrement sur des thèmes politiques d'intérêt commun. Notre relation économique compte beaucoup pour nos pays. Mais notre commerce, bien qu'il soit expressif - 3,2 milliards de dollars en 2005 - est déséquilibré et nos entrepreneurs et équipes techniques du gouvernement se font mal connaître. Les affaires sont ponctuelles. Il leur faut être plus solides, avec une vision à moyen et long termes. Il nous faut mieux nous connaître et pouvoir nous projeter comme étant des options viables sur le marché international, sans parler du genre de coopération que nous pouvons développer à partir d'expériences propres, tant dans le secteur agricole que dans le social, dans l'aide à la petite et microentreprise, l'informatisation de l'administration publique, etc. Nos deux géants pétroliers, Petrobras et Sonatrach, peuvent développer un énorme partenariat pour agir ensemble, ici ou au Brésil, ou encore sur des marchés tiers.
Algérie Presse Service (APS) : Quelles sont les opportunités de partenariat qui peuvent être saisies, par les deux pays, pour consolider la coopération bilatérale et hisser les relations au niveau souhaité ?
Il existe d'immenses opportunités. L'Algérie est notre 16e partenaire général, le premier partenaire arabe, le second africain et le septième parmi les pays en développement et, dans ce groupe, nous sommes le premier partenaire avec un commerce bilatéral de 3,2 milliards de dollars. Le marché algérien croît et s'ouvre. Il a besoin de matières premières, de biens, services et technologies que le Brésil est en mesure de fournir d'une manière compétitive. L'Algérie est un grand pays pétrolier et gazier et a beaucoup à offrir dans ce domaine, mais aussi dans d'autres - par exemple, concernant le climat semi-aride et la question de la désertification. Il existe des intérêts communs dans la promotion du développement social et économique, de la bonne administration et de la bonne gouvernance. Nous avons de grands points communs sur des thèmes internationaux. Il est important que nos deux pays se connaissent mieux, connaissent mieux le marché de l'autre, les offres de biens, services et technologies de l'autre, qu'ils identifient de nombreux secteurs dans lesquels ils peuvent concrètement coopérer. Ce que j'attends de cette visite, c'est que nous puissions les définir d'un commun accord, de manière réaliste et pragmatique, et que nous ayons un programme de travail à exécuter. Il ne s'agit pas seulement de voir les opportunités à court terme, il s'agit aussi de créer et de consolider celles à moyen et long termes.
El Watan : Quels sont les domaines prioritaires que vous envisagez de développer à l'avenir dans la coopération entre le Brésil et l'Algérie ? Et quels sont les projets auxquels vous vous attachez le plus ?
Le Brésil est en mesure de coopérer avec l'Algérie dans plusieurs domaines dans lesquels nous développons des technologies appropriées. Par exemple : dans le domaine agricole, à travers EMBRAPA, l'entreprise d'Etat brésilienne de recherche agropécuaire ; dans la promotion de la petite et microentreprise, à travers SEBRAE ; dans le domaine de la santé ; l'informatisation du gouvernement ; les programmes sociaux ; la surveillance du territoire, la protection de l'environnement, la recherche pétrolière en eaux profondes (off-shore). L'Algérie a aussi développé une grande expérience en matière de gaz, par exemple. Enfin, il existe un certain nombre de secteurs dans lesquels la coopération peut servir à mieux nous connaître et pour approfondir nos relations, sans nuire à la donnée qui, aujourd'hui, est fondamentale, la compétitivité des biens, services et technologies dont ont besoin nos pays pour leur développement.
Liberté : Depuis votre arrivée au pouvoir, les liens se sont resserrés entre le Brésil et l'Algérie. S'agit-il d'une véritable mise en œuvre de la politique Sud-Sud prônée par la défunte Organisation des pays non-alignés pour éviter d'être dépendant des pays riches ?
L'Algérie est un grand partenaire dans le monde du développement. Le Brésil est le premier partenaire de l'Algérie, parmi les pays du Sud (...). Le Brésil a renforcé les relations Sud-Sud, à commencer par sa propre région, l'Amérique du Sud, où l'on est en train, à partir du noyau intégrateur du Mercosud, de construire une Communauté de nations sud-américaines fondée sur le triple volet politique, économico-commercial et de coopération. Nous avons fait des efforts pour rapprocher l'Amérique du Sud des pays arabes, avec le Sommet de Brasilia. Tout cela constitue une partie des efforts tendant à amplifier et à renforcer notre voix dans le monde, mais sans aucune intention de confronter ou d'exclure les pays riches. Nous voulons avoir des relations universelles et saisir toutes les opportunités qui nous aident dans notre grand défi, celui du développement économique et social dans un cadre démocratique et le plein respect des droits de l'homme. Le Mouvement des pays non alignés continue d'être une voix et une force dans ce sens.
La Tribune : Comment évaluez-vous les relations algéro-brésiliennes et quelles sont les perspectives concrètes de la coopération bilatérale ?
Les relations algéro-brésiliennes sont exemplaires au plan politique et au plan économico-social, mais il reste beaucoup à faire. Ce que nous pouvons faire dans plusieurs domaines avec pour objectif d'améliorer notre connaissance réciproque pour mieux associer nos efforts de développement par la coopération, mais aussi de se considérer l'un l'autre comme étant une option sur le marché international. Je cite l'énorme domaine de coopération et d'affaires entre Sonatrach et Petrobrás. Petrobrás a réalisé d'importantes avancées en matière de technologie de prospection de pétrole offshore. Par son expérience dans le domaine du gaz, Sonatrach pourrait s'engager en partenaire international avec son vis-à-vis brésilien.
Agence algérienne d'information (AAI) : Le Brésil, tout en étant producteur de pétrole, est l'un des fervents défenseurs des énergies alternatives, comme le biocarburant que vous avez développé, pensez-vous que cette forme d'énergie de substitution peut constituer une solution pour les pays africains non pétroliers ?
Les biocombustibles offrent une excellente alternative, non seulement pour les pays non producteurs de pétrole, comme c'est le cas de nombreux pays en Afrique. C'est également une option pour les pays producteurs, comme l'Algérie. Au Brésil, qui, à partir de 2006, est devenu autosuffisant dans la production de pétrole, l'alcool combustible est additionné à l'essence dans une proportion de 25%, ce qui représente une économie sur divers plans : il remplace le pétrole importé par une source renouvelable et remplace le plomb, nuisible à la santé... C'est aussi une excellente solution sous tous les points de vue, qui augmente le travail au champ, étant donné que la culture de canne à sucre est normalement une activité qui demande de la main-d'œuvre. Ces avantages sont multipliés s'agissant de moteurs qui tournent au méthanol, ce qui est le cas d'une part croissante de la flotte brésilienne.
APS : Plusieurs ministres et hommes d'affaires de votre pays se sont déplacés à Alger et le commerce entre l'Algérie et le Brésil a augmenté. Pensez-vous qu'avec la relance de la commission mixte, le volume des échanges entre les deux pays pourrait atteindre un flux appréciable et amener les opérateurs brésiliens à une participation effective en matière d'investissement ?
Il y a un grand déséquilibre dans le commerce bilatéral : 3,2 milliards de dollars en 2005, avec un déficit de 2,5 milliards pour le Brésil. Les exportations algériennes ont augmenté de 40% entre 2004 et 2005, mais les exportations brésiliennes, de seulement 10%, peut-être à cause des restrictions algériennes en raison d'un foyer absolument isolé de fièvre aphteuse qu'il y a eu au Brésil. Il n'est pas facile d'éliminer ce déficit à court terme, étant donné la structure du commerce bilatéral. Il nous faut identifier les opportunités d'affaires immédiates et d'investissements dans les deux pays (...). Nous produisons des avions régionaux modernes, qui ont un succès de vente à travers le monde, nous possédons une technologie de système radar de la dernière génération, nous développons la recherche agropécuaire capable de transformer l'aspect d'une région comme le nord-est semi-aride du Brésil. Tout ceci peut et doit faire l'objet de débat dans la commission mixte. Il lui faut rapprocher les agences de l'un et l'autre des pays pour gérer cette connaissance, qui, à son tour, permettra d'identifier les opportunités d'affaires, d'investissement et de coopération, y compris dans des pays tiers.
Liberté : Cette coopération s'est manifestée par un partenariat entre le groupe algérien Cevital et des firmes brésiliennes Randon et Neobus dans une usine de montage de véhicules industriels. Pensez-vous que d'autres opérations sont envisageables ?
Les relations économico-commerciales entre l'Algérie et le Brésil ont pour base une relation politique excellente fondée sur l'importance réciproque que s'accordent les deux pays. Je pense qu'elles se développeront sur un triple volet : premièrement, que nos entreprises explorent le potentiel d'affaires que le marché de l'autre offre ; deuxièmement, que nous puissions développer les programmes de coopération et d'échanges qui nous permettent de connaître les besoins de l'autre pays en termes de biens, services, technologies et coopération ; et, en troisième lieu viennent les associations, les partenariats entre les entreprises des deux pays, soit pour explorer le marché de l'un des deux pays, soit pour explorer des marchés tiers. L'exemple que vous avez donné dans le partenariat de Cevital, Randon et Neobus est excellent : c'est une initiative couronnée de succès. J'aimerais que les entreprises brésiliennes s'intéressent à la privatisation ou à l'ouverture du capital des entreprises algériennes, parce que ce marché est en train de croître et constitue une passerelle pour les marchés d'Afrique, du monde arabe, et en particulier méditerranéen et européen. C'est ce message que je souhaite aussi faire passer aux entrepreneurs brésiliens avec ma visite.
APS : L'Algérie et le Brésil ont coprésidé, en mai 2005 à Brasília, le sommet d'Amérique du Sud-pays arabes. Quelles sont les perspectives attendues en matière de coopération Sud-Sud ?
Le sommet de Brasilía fut la première grande initiative tendant à rapprocher des régions ayant de vieilles relations engendrées par l'immigration arabe, dont la contribution fut énorme dans le développement des pays sud-américains. Son effet fut positif, tant au plan politique qu'au plan culturel et économico-commercial. Elle fait partie de cette stratégie de mieux se connaître pour pouvoir identifier les intérêts communs (...). La rencontre a servi à attirer l'attention sur l'importance à préserver et promouvoir les identités culturelles. Elle a constitué un tremplin pour des pays comme le Brésil et l'Algérie pour obtenir une voix plus active et efficace dans les grands débats internationaux. De plus, ils vont aider à générer des partenariats entre les pays du Sud qui, auparavant, étaient seulement compétitifs entre eux pour la fourniture de matière première bon marché destinée aux économies industrielles.
L'Expression : (...) Comment voyez-vous les pressions que subissent certains pays comme l'Iran de la part des pays occidentaux ?
(...) Concernant l'Iran, le traitement de la question revient à un canal approprié, au sein de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et des Nations unies : nous privilégions le traitement des questions internationales par la voie de la négociation et du multilatéralisme et nous souhaitons que soient tentées toutes les formes possibles de résolution pacifique des différends, sans confrontations ni augmentation des tensions. Je souhaite que l'on donne, non pas une, mais toutes les chances à la diplomatie.
El Moudjahid : Que deviendront les résolutions et autres recommandations adoptées lors du sommet latino-arabe tenu à Brasilia l'an dernier ? N'y a-t-il pas risque que ces recommandations restent sans suite ?
(...) Les importantes décisions auxquelles on est parvenu seront suivies de réunions comme celle qui vient d'avoir lieu, ici à Alger, entre les ministres de la Culture arabes et sud-américains. L'Algérie et le Brésil exercent la coprésidence du processus cette première année, et ont essayé de consolider un mécanisme de suivi des décisions. La Ligue arabe aussi a fait un bon travail et nous avons vu la participation d'entités académiques et du secteur privé. Le commerce du Brésil avec les pays arabes a augmenté de 40% en 2005, seulement pour donner un exemple, et le fait d'améliorer la connaissance réciproque fait naître des opportunités d'affaires. Nous devons nous engager à respecter les décisions et à consolider le mécanisme birégional qui va renforcer, à côté des autres mécanismes, la voix de nos pays dans de nombreuses questions internationales et surtout notre capacité d'améliorer nos propres relations, qui offrent de multiples possibilités de croissance. Ma visite à Alger est, dans ce sens, également le résultat de ce sommet.
El Watan : La relation Sud-Sud est-elle possible, et est-ce que le rapprochement entre l'Amérique latine et le monde arabe peut aider à renforcer et à concrétiser ce genre de relation ?
La relation Sud-Sud est non seulement possible, mais nécessaire. Le Sud n'est pas un ensemble amorphe de pays sous-développés et dépendants, qui n'ont rien à offrir, sinon des matières premières, aux pays riches. Aujourd'hui, nous pouvons avoir une relation plus intense et chaque fois plus complémentaire, parce que plusieurs de nos pays - y compris le Brésil et l'Algérie - ont développé des capacités techniques et de productivité de niveau international. Ensemble, nous pouvons être plus forts et non seulement augmenter notre commerce, mais aussi participer avec plus de force dans les forums économiques et politiques où se discutent les grandes questions d'intérêt pour l'humanité, comme l'OMC et l'ONU. Prenons l'exemple du G20 qui fut finalement capable d'équilibrer le jeu à l'OMC et de discuter d'égal à égal avec les pays développés. Il est nécessaire que nos pays se connaissent davantage, qu'ils communiquent mieux, nous n'avons pas besoin d'aller à Paris ou à Miami pour nous rendre dans un autre pays en développement. Maintenant, une relation plus intense, plus créative et plus forte entre les pays du Sud ne veut pas dire négliger les relations avec les pays développés, qui sont aussi importantes pour nous tous. Nous allons faire comme les pays développés : saisir toutes les opportunités et faire de notre union notre force.
La Tribune : Vous êtes élu dans un contexte mondial marqué par l'hégémonie des intérêts des puissances économiques qui imposent une marche forcée vers une globalisation à risque pour les sociétés du Sud. Existe-t-il une dynamique des Etats du Sud de la planète visant à mettre sur pied un front mondial pour un ordre économique et politique juste ?
Sans doute le travail du G20, qui regroupe les pays en développement ayant des intérêts communs au sein de l'OMC, est une preuve que cela est souhaitable et possible. Grâce à ce type d'initiatives, de grand réalisme politique, nous serons en mesure de participer plus intensément dans le jeu international et surtout de le renverser en notre faveur. La réforme du Conseil de sécurité des Nations unies est une opportunité pour changer cette structure de puissance mondiale qui, autrement, resterait figée au bénéfice seulement des pays plus riches (...). Les pays en voie de développement doivent chercher une meilleure articulation dans les forums, pragmatique, souple, comme ce que nous faisons avec l'Inde et l'Afrique du Sud, au sein de l'IBAS. Et enfin, nous avons la question de l'intégration régionale. Par le biais du Mercosul, et en complémentarité, de la Communauté sud-américaine des nations, nous développons notre force. Vous mêmes êtes sur le point de réaliser votre volonté d'intégration par le biais du Maghreb arabe. Les pays en développement doivent s'inspirer de l'exemple de l'Europe qui, grâce à son intégration, est devenue aujourd'hui une puissance. Si nous ne consolidons pas ces initiatives, nous serons condamnés à rester en marge de l'histoire.
Partners économie : En Afrique, particulièrement au sein du NEPAD, l'Algérie lutte pour un autre partenariat, pour le développement du continent le plus pauvre du monde. En Amérique latine, le Brésil représente aujourd'hui une autre mondialisation. Quels sont les axes d'efforts principaux communs qui peuvent se dégager de cette communauté de vues algéro-brésilienne ?
Le NEPAD représente une prise de conscience des pays africains de la nécessité d'apporter des réponses appropriées aux défis de développement. Son point de départ est basé sur les mêmes principes qui régissent le processus de rapprochement et d'intégration de l'Amérique du Sud - la transparence, la bonne gouvernance, la prestation de comptes devant l'opinion publique, l'intégration des réseaux de transport, des communications et de l'énergie dans le continent autour d'axes d'intégration bien identifiés. Par le biais de l'Initiative pour l'intégration régionale sud-américaine (IIRSA), nous sommes engagés dans des projets qui génèrent une activité économique substantielle, la réduction des goulots d'infrastructure et les entraves bureaucratiques qui nuisent à la compétitivité de nos exportations. Le NEPAD est un excellent exemple d'une initiative avec une vision africaine des problèmes africains, mais en même temps, ouverte à la participation internationale. Je suis certain que l'expérience sud-américaine en matière de développement régional et de construction d'infrastructures pourra être de grande importance pour le NEPAD. Et il est certain que le Brésil et ses entreprises ont intérêt à participer dans l'initiative du NEPAD, de la même manière que les entreprises algériennes devront s'intéresser à ce que nous sommes en train de réaliser en Amérique du Sud.
El Watan : Pensez-vous que l'action menée à travers le groupe des 20 constitue une chance pour le Sud afin de créer un équilibre dans les échanges commerciaux avec le Nord et est-ce que l'arrivée de la gauche au pouvoir dans les pays de l'Amérique latine aidera les pays en développement à contourner les pièges de la mondialisation ?
Je ne doute pas que le G-20 ait changé le jeu au sein de l'OMC et qu'il a fait naître une nouvelle confiance au sein des pays en développement dans leur capacité d'influencer le jeu. Je ne veux pas dire que nous avons atteint cet équilibre tant désiré ni que nous sommes proches de la fin d'une longue lutte contre les distorsions du commerce international qui sont tant préjudiciables aux pays en développement. Mais il y a aujourd'hui une nouvelle perception de la géographie diplomatique du monde ; mon espoir est que cette nouvelle géographie diplomatique puisse aider à changer une bonne partie de la géographie économique du monde et surtout aider chacun de nos pays à atteindre un meilleur niveau de développement. Concernant la victoire de la gauche en Amérique du Sud, je pense que c'est une réalité historique importante. Ces pays ont besoin d'élargir leurs options politiques pour affronter les problèmes, avant tout internes, qui persistent depuis des décennies et que les politiques traditionnelles n'ont pas réussi à résoudre. Ils doivent également avoir une nouvelle approche, plus combative, sur le plan externe. Mais la gauche qui est arrivée aujourd'hui au pouvoir en Amérique latine n'est pas irresponsable et elle sait qu'elle doit faire montre de beaucoup de prudence dans le traitement aussi bien des défis internes à leur pays, que de ceux découlant de la globalisation. Nous devons être réalistes et lutter, non contre la globalisation comme Don Quichotte contre les moulins à vent, mais pour redéfinir la géographie commerciale et économique mondiale de manière à ce que nous bénéficions des possibilités qu'offre la globalisation. Et pour ce faire, il faut une meilleure articulation des pays en développement, comme nous l'avons fait avec le G-20 et comme nous sommes en train de le faire avec ma visite en Algérie qui a pour objectif de renforcer et de valoriser un partenariat qui est déjà très important pour nos deux pays.
L'Expression : Nous constatons ces dernières années un rapprochement, soit une sorte de coalition politico-économique entre les pays d'Amérique latine et les pays arabes et musulmans contre l'hégémonisme américain. Quelle est la portée d'un tel rapprochement ?
Nous n'entreprenons rien contre personne ni contre quelque chose, si ce n'est en notre faveur, celle de préserver et de respecter notre identité culturelle et politique, notre diversité et nos intérêts qui sont, dans une large mesure, communs. Les Etats-Unis sont un partenaire international de première importance pour tous nos pays. Une approche arabo-sud-américaine n'implique en rien un rejet ou une réduction de l'importance ou de l'exclusion du partenariat avec les Etats-Unis ni avec d'autres pays développés (...)
Partners économie : L'espace lusophone triangulaire - Brésil, Portugal et PALOP (pays lusophones) - présente pour des raisons historiques un espace privilégié pour l'Algérie qui a accompagné aussi bien l'indépendance des PALOP que la lutte pour la démocratie au Portugal et au Brésil. Comment envisagez-vous de faire fructifier politiquement et économiquement ce gisement de solidarité historique ?
Nous avons beaucoup œuvré avec les Pays lusophones (PALOPs) et le Portugal pour consolider la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) qui, aujourd'hui, est une réalité politico-diplomatique et de coopération. Je sais que l'Algérie a un vaste programme de coopération avec cet ensemble, surtout dans la formation, ici, d'étudiants africains de langue portugaise. Nous devons discuter plus sur la forme d'association de l'Algérie à cette coopération que développe la CPLP. J'ai grand espoir dans le groupe CPLP que nous venons de créer ici, en Algérie, compte tenu de l'importance de la diplomatie et de l'action de coopération algériennes en Afrique. Avec plusieurs pays du PALOPs, le Brésil et l'Algérie peuvent mener des actions conjointes dans le domaine économique, par exemple à travers la création de partenariat de leurs deux grands Etats pétroliers ou dans le domaine de la coopération.


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