Invité par le Forum des chefs d'entreprises (FCE), lundi soir, pour exposer le programme économique de sa formation politique, le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, s'est vu contraint d'enfiler sa «casquette» de Premier ministre afin de répondre aux différentes interpellations des patrons. Ces derniers se sont longuement attardés, tout au long du débat, sur les contraintes dont souffre le monde des affaires, dans l'espoir de trouver des réponses auprès du premier responsable de l'Exécutif. Habitué à ce genre d'exercice, Ahmed Ouyahia n'a pas éprouvé de difficulté à répondre à toutes les questions mais s'est dit surpris, tout de même, de certaines vérités révélées par les patrons. Ce fut le cas, par exemple, lorsqu'il a été interpellé par un chef d'entreprise, installé à l'est du pays, sur le problème de la centralisation des administrations dans la capitale. Le Premier ministre n'a trouvé d'autre réponse que : «Je suis surpris d'apprendre que pour régler un dossier de dédouanement, il faut faire le déplacement de Annaba jusqu'à Alger. Je vais me renseigner personnellement sur ce sujet.» Il a exprimé son étonnement, une deuxième fois, face à un autre patron qui soulevait la question des taxes imposées aux fabricants de billettes d'acier (un produit semi-fini servant à la fabrication de profilés métalliques), alors que celles importés bénéficient d'exonérations prévues par l'Accord d'association avec l'UE et le pacte de la ZALE. Le chef de l'Exécutif a promis de prendre en charge ce problème. Il n'a pas hésité cependant à lancer quelques critiques, à son tour, aux patrons algériens, notamment ceux versés dans l'importation. Dans le médicament comme dans l'industrie automobile, par exemple, beaucoup de chefs d'entreprise, selon M. Ouyahia, ne se soucient pas de la nécessité de passer à la production, se contentant des profits réalisés par le biais des importations. «Sur 200 entreprises de médicament, 10 seulement font de la fabrication», a-t-il indiqué. Interpellé par Nabil Mellah, directeur général du laboratoire Merinal et secrétaire général de l'Union nationale des opérateurs de la pharmacie (UNOP), sur les entraves à l'investissement dans ce domaine, le Premier ministre a fait remarquer à l'ensemble des opérateurs qui se plaignent de ce problème qu'ils peuvent dénoncer cela dans la presse : «Parlez-en à la presse, si vous constatez que les portes de l'administration sont fermées.» En réponse au PDG de Cevital, Issad Rebrab, dont plusieurs projets ne sont pas encore retenus par le Conseil national de l'investissement (CNI), Ahmed Ouyahia a laissé entendre que rien n'est encore tranché et que ses projets pourraient finalement être autorisés.L'invité du FCE a tenu à rassurer l'assistance en précisant qu'«il n'y a pas de veto contre le privé» et qu'il est, personnellement, favorable à l'idée que les projets d'investissement privés ne passent pas préalablement par le CNI pour accord. Quant a la règle des 51/49%, Ahmed Ouyahia a reconnu que son application «a connu un glissement» au privé national, mais cela n'est plus en vigueur depuis que des corrections y ont été apportées. Enfin, sur l'épineuse question de l'économie informelle, évoquée moult fois par les patrons, Ahmed Ouyahia a avoué que l'Etat, à lui seul, ne peut pas vaincre ce fléau, appelant à l'implication de tous les opérateurs pour mener un véritable «djihad économique» contre la fraude, l'informel et le crime économique.