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Un médecin assermenté pratique la médication religieuse
Medecine Il chasse « bouberek » dans son cabinet !
Publié dans El Watan le 31 - 07 - 2004

Rien n'indique sur cette plaque accrochée à l'entrée de l'immeuble 110, rue Hassiba Ben Bouali, à Alger, que le Dr Sebabou pratique une thérapie basée sur la lecture du Coran, plus connue sous l'appellation de roqia.
« Dr Sebabou, médecin généraliste, maladies infantiles », lit-on. Pourtant, la réputation de ce cheikh guérisseur a dépassé les frontières du quartier de Belcourt, d'Alger. A côté de la porte d'entrée du cabinet situé au deuxième étage, un grand tableau avec des versets coraniques est accroché au mur. « Consultation sur rendez-vous seulement », est-il écrit. Une curieuse voix mécanique lance des : « Assalam Alaïkoum » (que le salut soit sur vous), dès que vous appuyez sur la sonnerie. Il est 14 h et déjà quatre femmes attendent leur tour dans la salle d'attente, enveloppée d'une forte odeur d'encens. Au coin, une armoire garnie de théologie musulmane et de bocaux remplis de produits. Quelques herbes séchées jonchent le haut de ce meuble. Au milieu de la pièce, une table sur laquelle sont entreposés un journal et de petits livrets religieux en langue arabe. Les patientes sont toutes en hidjab. Chacune porte un sachet contenant des bouteilles d'eau, d'huile et du miel. Ces ingrédients sont, à chaque fois, demandés par le guérisseur. « J'ai des migraines atroces qu'aucun médicament n'a pu guérir. J'en suis à ma troisième consultation, et je me sens mieux... », affirme cette jeune fille. Le guérisseur n'accepte pas les femmes non accompagnées de leur mari, frère ou mère. « Je t'ai dit de ne pas venir seule. Je veux ton mehrem (un homme) avec toi. Va le ramener et reviens après... », crie le guérisseur en ouvrant grande ouverte la porte de sa salle de soins. La jeune fille sort confuse et demande à une vieille femme de l'accompagner. Le guérisseur accepte. Quelques secondes plus tard, sa voix grave brise le silence qui règne dans la salle d'attente. Il psalmodie (à haute voix) des versets coraniques. « Il est en train de pratiquer la rokia. La pauvre, heureusement qu'il a accepté de la consulter. Elle vient le voir pour la deuxième fois », lance une vieille dame, assise depuis près de deux heures. Cela fait des jours qu'elle souffre d'une angoisse dont elle ne connaît pas l'origine. « C'est la première fois que je viens ici. Des femmes m'ont parlé de lui à la mosquée. Il paraît qu'il est médecin, cela me réconforte... », dit-elle à voix basse, de peur que le guérisseur ne l'entende. Subitement, celui-ci fait irruption dans la salle d'attente.
Un médecin pas comme les autres
Grand de taille, le teint foncé, une barbe qui lui pend jusqu'au cou, et des yeux petits, tracés au khol, le guérisseur lance un regard furtif aux patientes et, d'une voix grave, les interroge sur les raisons de leur présence. Il ne porte pas de blouse blanche, cette dernière est accrochée derrière la porte. Il fait des va-et-vient incessants dans la salle d'attente et le couloir en traînant ses savates. « Que voulez-vous ? » lance-t-il à l'adresse des femmes. Chacune d'elles se justifie en prétextant un rendez-vous. Il regagne sa salle de soins et appelle la vieille dame. « Je vous ai dit de ramener avec vous votre mehrem », lui dit-il. « Je n'ai personne. Mon père est mort il y a vingt ans, mon mari n'est plus de ce monde et mes enfants sont partis ailleurs... », lui répond-elle perturbée. Le guérisseur appelle alors son fils, un enfant de 10 ans. Il l'installe avec la vieille femme, avant de refermer la porte de la salle de soin. La séance de lecture du Coran commence. Dix minutes plus tard, la patiente sort complètement attristée. « Vous voyez ma fille, il y a des gens qui ne me veulent pas du bien. Il vient de découvrir que j'ai été ensorcelée par mes voisins. Je suis atterrée par ce mal. Il m'a demandé de lui ramener de l'huile, du miel et de l'eau. Je vous ai dit que mon mal n'était pas normal. J'ai payé 500 DA, et je dois lui ramener de l'eau, du miel et de l'huile pour une préparation qui va me coûter 120 DA... », affirme-t-elle avant de quitter les lieux. Le guérisseur fait entrer un homme, la quarantaine. Il attend depuis près d'une heure. Il discute quelques moments avec lui, puis ouvre la porte et se dirige vers une pièce fermée à clef. Dès qu'il a ouvert la porte, une odeur étouffante d'herbes se dégage. Il prend des sachets de produits et d'herbes avant de refermer la porte. Le tout est remis à cet homme, en contrepartie d'une somme d'argent. Celui-ci semble satisfait. Vers 16 h 30, la salle d'attente commence à se vider. Notre tour arrive. « Qu'est -ce que vous avez... », demande le guérisseur. « Une forte douleur au niveau de la tête », répondons-nous. « Expliquez-vous », rétorque-t-il en évitant de nous regarder. « Faites-vous la prière ? », questionne-t-il. Notre réponse négative l'irrite. « Pourquoi ne faites-vous pas la prière ? » gronde t-il. « Cela n'a rien à voir avec mon mal de tête », avons-nous rétorqué. La réponse le met en colère. « Est-ce que vous savez ce qu'est la maladie ? C'est un mal de Dieu. Si vous faites la prière vous n'aurez plus mal... », lance-t-il à notre égard en disant à notre accompagnateur : « Vous êtes combien dans la famille à ne pas faire la prière ? Pourquoi ne l'obligez-vous pas à prier ?... » Le guérisseur dirige son regard perçant vers nous. « Savez-vous de quoi vous souffrez ? Eh bien, vous été ensorcelée par un djin. Faites-vous des cauchemars où vous voyez des gens vous courir après ? Vous sentez-vous paralysée par bouberek (une sorte de crampe qui paralyse le corps) ? » Nous lui répondons par l'affirmative. « Vous savez ce que veut dire bouberek ? ». Une question à laquelle nous répondons naïvement « Une crampe. » Sa réaction est brutale. « Jamais ! c'est un djinn qui vient vous ligoter les mains et les pieds, puis vous étouffe pour que personne ne vous entende dans le seul but de vous ensorceler. C'est ce qui vous est arrivé. Vous êtes ensorcelée par un djinn », affirme le guérisseur. Brusquement, il se lève de sa chaise, se dirige droit vers la porte et décroche sa blouse. Il nous demande de nous recouvrir avec la tête et les bras en tenant les mains posées sur les genoux. Il se met à l'arrière, entame la lecture du Coran. Cinq minutes plus tard, il nous donne un verre d'eau. « Buvez », dit-il à haute voix. Nous prenons une gorgée. L'eau a un goût assez particulier. C'est une eau saumâtre avec un arrière-goût de menthe. « Je vous ai dit buvez toute l'eau qu'il y a dans le verre », crie-t-il au point de nous faire sursauter. La séance de psalmodie est terminée. Il enlève la blouse et la remet à sa place. « Qu'avez-vous senti lorsque je récitait le Coran ? », interroge t-il. « Des douleurs à la tempe », avons-nous répondu. « Il n'y a pas que cela. J'ai vu vos mains et vos pieds trembler. Dites-le... » Nous faisons semblant d'avoir ressenti ces réactions et le guérisseur semble satisfait de son travail. Il se remet sur sa chaise. « Vous êtes ensorcelée et si Dieu le veut, je vais vous guérir. Vous allez faire un autre cauchemar ce soir où vous verrez la personne qui vous veut du mal. Rappelez-vous bien de ce que vous allez voir cette nuit », a déclaré le guérisseur. Il se lève et nous demande de nous allonger sur la table d'auscultation. Il prend le tensiomètre et l'enroule autour de notre bras en prenant la précaution de ne pas nous effleurer la peau. Avec son stéthoscope, il écoute les battements du cœur, en regardant le plafond. Le guérisseur découvre une tension basse. Dans une ordonnance, il nous prescrit des vitamines, dans une autre des analyses sanguines, mais sur une troisième il fait état du diagnostic : « La maladie de la sorcellerie... » pour laquelle, un traitement 1 litre d'huile d'olive, 5 l d'eau, et 500 g de miel pur a été prescrit. Le tout, pour une somme de 500 DA, prix de chaque consultation de ce médecin, qui précise sur ses ordonnances en langue française qu'il pratique la phytothérapie, et en langue arabe, la roqia chariâ (la thérapie par une médication religieuse).


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