Des ressortissantes syriennes chassées par la guerre dans leur pays sont arrivées récemment à Béchar et s'adonnent à la pratique de la mendicité. Elles sont, pour la plupart, d'âge mûr, vêtues de robes noires, portant pour certaines des tatouages au visage, déambulant à longueur de journée à travers les artères du centre-ville, les lieux à forte concentration humaine, notamment les places publiques, les stations d'autocars urbaines et les cafés pour faire la manche. Pour apitoyer les gens sur leur sort, elles évoquent naturellement la situation dramatique de la Syrie et des villes dont elles sont originaires, citant Damas, Alep et Homs et bien d'autres. Les citoyens algériens, connus pour leur générosité dans pareilles circonstances et sensibles à la tragédie que vit ce pays frère dont les images relayées par les chaînes de télévision ont bouleversé l'opinion nationale, n'hésitent pas à mettre la main à la poche. Mais un chauffeur de taxi collectif assure à un voyageur, apparemment plus compatissant que les autres, que ces femmes ne sont pas des ressortissantes syriennes, mais plutôt des Algériennes, qui ont adopté l'attitude, l'habillement et le langage proche-oriental, pour se faire passer pour des Syriennes, afin de soutirer de l'argent à des incrédules. Une jeune fille présente confie avec certitude avoir vu une pièce d'identité de l'une d'entre elles, prouvant l'origine effective de ces mendiantes de la Syrie. Voulant en savoir plus sur l'identité de ces femmes, les services de la sûreté de wilaya, censés surveiller et contrôler le flux migratoire des étrangers et connaître leur origine, ignorent eux aussi jusqu'à leur existence. Alors, qui sont-elles ces femmes vêtues de robes noires qui ont débarqué subitement à Béchar ? Sont-elles Syriennes ou Algériennes ? En tout état de cause, ces nouvelles mendiantes sont venues grossir les rangs de celles de la région qui envahissent, tôt dans la matinée, les places et les lieux publics.