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On est en train de saccager le site de Djemila !
Nacéra Benseddik. Archéologue
Publié dans El Watan le 07 - 12 - 2012

Après Timgad, Djemila ? L'historienne archéologue, Nacéra Benseddik, est indignée par l'état du site archéologique de Cuicul. Elle accuse le ministère de la Culture de vouloir y entreprendre la construction d'une scène culturelle pour le Festival de Djemila, alors que le site est inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco.
- Le groupe de veille pour la sauvegarde du site de Djemila (Sétif) dénonce à nouveau des atteintes au site archéologique de Cuicul, en montrant, photos à l'appui, que des travaux ont lieu en plein milieu du site (voir ci-contre).

Le Festival de Djemila, organisé depuis des années sur le site archéologique, a été déplacé, cet été, dans le stade de Sétif. Officiellement, parce que la musique gênait les prières du Taraouih des villages environnants. Je pensais naïvement, et à tort, que le ministère avait été sensible à la mobilisation pour la protection du site. Finalement, il n'en est rien. Khalida Toumi avait pourtant déclaré le 26 novembre 2011 que le festival tiendrait sa prochaine édition «en dehors de la cité archéologique de Cuicul», reconnaissant qu'il y avait eu des dégradations. Ce site est un élément de la mémoire de l'Algérie, du Maghreb et de l'humanité, et on va le saccager. Je rappelle qu'il a été inscrit au Patrimoine national en 1900 et sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco en 1982.

- Sur la photo, on voit pourtant que les ruines se trouvent dans le fond. Quels sont donc les dangers concrets qui le menacent ?

Mais nous sommes au cœur du site ! Dans l'enceinte de la clôture qui sert à délimiter le site ! Les dangers sont clairs : pour placer les blocs de béton que l'on voit sur photo, il va falloir faire des trous dans un sol qui n'a pas encore été exploré, et donc, détruire des strates archéologiques enfouies. La présence de plus de 10 000 spectateurs en pleine nuit, libres de faire ce qu'ils veulent dans les ruines, pose un autre problème. On a bien vu le résultat quand le festival se tenait sur la place des Sévères : les gens ont uriné sur les mosaïques, dégradé l'escalier du temple de la Gens Septimia (dynastie des Sévères, empereurs berbères) et laissé leurs ordures sur des dallages bimillénaires !

- Mais il semblerait que la population réclame le retour du Festival à Djemila…

Pas de problème. Alors pourquoi ne pas organiser ce festival hors du site ? Dans un espace en plein air dont la jeunesse pourrait profiter toute l'année ? Par ailleurs, il est de la responsabilité du ministère de protéger le patrimoine car il n'est pas une propriété privée. Personne n'a le droit de vie ou de mort sur ce site. Le wali, le directeur de la culture et les maires aussi sont responsables ! Ce site est-il orphelin ? N'a-t-il pas de parents ?

- Avant Djemila, vous vous êtes déjà mobilisée pour Timgad… Pourquoi une telle volonté de profaner les sites antiques, pour ne pas dire romains ?

Je ne vois, hélas, pas d'autres motivations qu'idéologiques. Aujourd'hui, l'idéologie dominante est arabo-islamique et pour la servir, on croit devoir effacer tout ce qui précède, autrement dit les civilisations libyque, libyco-puniques et romaines. Sinon, pourquoi ne pas organiser des festivals mettant en valeur des sites islamiques comme ceux de la Qalâa des Beni Hammad (M'sila) ou d'Achir (Médéa) ?

- Que fait l'Unesco ?

Je réponds par une autre question : comment voulez-vous qu'une instance internationale, chargée de veiller à l'intégrité et à l'authenticité des sites classés, en Algérie et ailleurs, accomplisse sa mission en toute indépendance alors que, lors de sa dernière visite, Irina Bokova, la directrice générale, a reçu de l'Algérie un chèque de 5 millions d'euros à titre de contribution au Fonds d'urgence ? Lorsque la magie du chèque aura cessé, si les sites de Timgad, Djemila et Tipasa ne sont pas débarrassés de toute urgence des constructions parasitaires qui menacent leur intégrité et leur authenticité, n'est-il pas à craindre que l'Unesco n'en vienne à déclasser nos sites, comme elle l'a fait en 2007 pour le sanctuaire de l'antilope Oryx à Oman, à cause de l'exploitation pétrolière, la vallée de Dresde, en Allemagne, en 2009, après la construction d'un pont, et tout récemment la médina de Sousse envahie par les bâtiments modernes ?

- D'après la pétition lancée pour la sauvegarde du site, d'autres sites seraient menacés. Lesquels ?

Nous sommes inquiets pour les sites de Khamissa et de Madaure (région de Souk Ahras), des sites jusqu'alors peu fouillés et sur lesquels apparaissent des constructions parasitaires, de Tiddis et de Tipasa.

- Pourquoi n'entend-on pas davantage les archéologues ?

Vous devriez préciser : «les archéologues algériens», car je peux vous assurer que les archéologues tunisiens, marocains ou libyens, pour nous limiter au Maghreb, sont nombreux à nous soutenir. Ils s'expriment sur les réseaux sociaux, et pas sous pseudonyme ! Le peu d'implication des professionnels algériens ne m'étonne pas, m'attriste et m'indigne.


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