Les efforts de l'Algérie salués    Rencontre wali-société civile    « La garantie du libre choix découle d'un engagement des plus hautes autorités »    Réalisation de 9 postes transformateurs et 8 km de lignes électriques    Abdelmadjid Tebboune, s'entretient avec le Premier ministre de la République de Slovénie    Laâziz Faid en mission à Nairobi    Les responsables politiques français appellent à l'action    «Les décisions de la CIJ doivent être respectées»    L'UIPA salue le rôle prépondérant de l'Algérie pour arrêter le génocide contre le peuple palestinien    Messaoud Dris et Amina Belkadi officiellement qualifiés    Quand le spectacle revient dans les rues    La Haut Commissariat à l'Amazighité célèbre le 29ème anniversaire de sa création    Le Premier ministre slovène achève sa visite officielle en Algérie    Zitouni appelle à la création d'un conseil tripartite algéro-tuniso-libyen d'hommes d'affaires    La nécessité de concrétiser les résolutions des Assises nationales des cadres de la jeunesse soulignée    Tizi-Ouzou: célébration du 83ème anniversaire des Scouts musulmans algériens    Des mesures strictes pour lutter contre la triche aux examens du BEM et du BAC    L'Algérie et la Slovénie engagées à travailler ensemble face aux défis internationaux    Le Conseil de la nation prend part à Amman au Dialogue des Parlements arabes    Journée nationale des SMA: de nombreuses activités à l'Ouest du pays    Athlétisme/Continental Silver Tour 2024 - 3000 m/steeple: l'Algérien Hichem Bouchicha en bronze    Histoire et Mémoire: la commission mixte algéro-française plaide pour des actions tangibles    "SIPSA": un progrès dans les technologies agricoles et la production nationale d'engrais    Santé/saison estivale: rencontre sur le Plan d'action malade et les mesures préventives    Algérie Télécom baisse ses tarifs d'internet illimité et augmente les débits jusqu'à 1 Gbps    Agrément du nouvel ambassadeur d'Algérie auprès de la République centrafricaine    Mondiaux de para-athlétisme: "notre bilan est très positif et nous en sommes ravis"    Agression sioniste: Amnesty demande une enquête de la CPI pour crimes de guerre    Près de 8 quintaux de viande avariée, des produits alimentaires et de la boisson périmés saisis    La Gendarmerie nationale sur tous les fronts    « Tuez-les tous (Palestiniens), Dieu Capital nous sera reconnaissant ! »    Ouganda – Algérie : Les Verts rallieront Kampala le 8 juin    Ligue 1 Mobilis – 27e journée : Victoire de l'USMA face à l'ASO    La H'rira oranaise, symbole de générosité et d'hospitalité    L'étude du schéma permanent du secteur sauvegardé lancée    Un patrimoine matériel qui confère à la ville une esthétique singulière    Le pouvoir politique US des deux poids, deux mesures….    Palestine. Mieux vaut tôt que jamais    Le droit de massacrer, de Sétif à Gaza    Megaprojet de ferme d'Adrar : « elmal ou Etfer3ine »    Témoignage. Printemps Amazigh. Avril 80    Le Président Tebboune va-t-il briguer un second mandat ?    L'imagination au pouvoir.    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Ils revendiquent la régularisation de la Pension complémentaire de retraite: Sit-in des mutualistes de la Sonatrach devant le siège Aval    Coupe d'afrique des nations - Equipe Nationale : L'Angola en ligne de mire    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    Pôle urbain Ahmed Zabana: Ouverture prochaine d'une classe pour enfants trisomiques    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



La montagne accouche d'une souris
Assemblée générale extraordinaire houleuse des avocats du barreau d'Alger
Publié dans El Watan le 12 - 05 - 2013

Quelques centaines d'avocats du barreau d'Alger ont tenu, hier, leur assemblée générale extraordinaire. Après un débat houleux où certains en sont venus aux mains, ils ont autorisé le bâtonnier à rencontrer le président de la cour d'Alger et le procureur général «afin de régler les problèmes» auxquels ils font face, et insisté sur «le dialogue» avec les autorités «tout en restant vigilants». Pour beaucoup, c'est la montagne qui accouche d'une souris.
Finalement, les avocats du barreau d'Alger ont tenu leur assemblée générale extraordinaire dont ils sont sortis, après plus de deux heures de débats, avec une déclaration dans laquelle ils ont donné le feu vert au bâtonnier pour qu'il prenne part à la rencontre avec… le président de la cour d'Alger et le procureur général, «dans le but de régler les problèmes qui empêchent l'exercice du droit de la défense». Pourtant, ils étaient nombreux à être venus pour «exprimer le ras-le-bol et le marasme» dans lequel se trouve leur profession. A signaler que cette assemblée a été décidée à l'issue de l'incident qui a opposé, le 21 avril dernier, le bâtonnier Abdelmadjid Sellini au juge Tayeb Hellali, alors qu'il présidait l'audience du tribunal criminel. Les deux se renvoient les accusations d'insultes tout en suscitant, chacun de son côté, la réaction de la corporation qu'il représente.
Les magistrats exigent des excuses publiques, alors que les avocats ont décidé de se référer à leur assemblée générale réunie en session extraordinaire. Prévue le 24 avril dernier, celle-ci n'avait pu se tenir faute d'une autorisation que l'UGTA exigeait en contrepartie de la mise à leur disposition de la salle de conférences de la centrale syndicale. Pour les robes noires, «il n'est plus question de se taire sur les nombreuses dérives des juges et les humiliations» qu'ils leur «font subir au quotidien». Hier, ils étaient quelques centaines à avoir répondu présent à la centrale syndicale. Le bâtonnier commence par faire remarquer : «Nous aurions aimé que cette assemblée se tienne dans d'autres circonstances. L'incident avec le juge n'est que la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Nous ne pouvons plus nous taire devant ce trop-plein de dérives et de dépassements qui touchent au droit de la défense. La profession d'avocat doit être libre et indépendante, qui veille au respect et à la protection des droits de l'homme.
Or aujourd'hui, je défie quiconque de me trouver un avocat qui a réussi à faire libérer un citoyen placé sous mandat de dépôt, un juge qui prononce le non-lieu ou une chambre d'accusation qui ne confirme pas l'ordonnance du juge. La présomption d'innocence est un leurre puisque 99% des personnes poursuivies sont mises en détention.» Me Sellini dénonce ce qu'il qualifie de «justice des statistiques» et s'offusque contre «la minimisation du rôle de l'avocat, dont la présence devant le juge d'instruction n'est que formelle… comme pour tenir la chandelle». Il met l'accent sur le rôle du barreau d'Alger auquel revient l'amendement de l'article du projet de loi relatif à la profession d'avocat qui met celle-ci sous le contrôle de la chancellerie. «Lorsque nous avons eu des informations sur des amendements actuellement en cours au niveau de la commission juridique de l'assemblée nationale, qui imposent ce contrôle uniquement en cas d'urgence, une demande a été transmise au Conseil de l'union des barreaux afin de réagir rapidement, mais à ce jour, aucune réponse», a déclaré Me Sellini, avant d'être interpellé par une de ses consœurs : «Nous voulons savoir ce qui s'est passé avec le juge Hellali.» «Cet incident n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan. Je suis intervenu parce qu'il ne cessait de dire à l'accusé qu'il avait commis un faux.
Je lui ai dit de me donner acte de ce qu'il venait de déclarer, il a refusé tout en m'accusant de fanfaron. En réponse, je lui ai dit que la justice n'était pas un bien privé et lui m'a répondu qu'elle lui appartenait», réplique Me Sellini avant d'être violemment pris à partie par Me Moncef Amara : «Le bâtonnat n'est pas votre bien privé. L'incident a eu lieu avec le bâtonnier et non pas le barreau. Le statut évoque l'atteinte au barreau et non pas au bâtonnier, qui est un avocat comme les autres.» La salle est en ébullition. Une partie encourage Me Amara à poursuivre son intervention en dépit des cris et du chahut, d'autres tentent de l'en empêcher. L'avocat s'avance vers la tribune et là, il est violement interpellé par un avocat. Le climat devient électrique. Le bâtonnier s'attaque avec virulence au contestataire. «Vous n'avez pas droit à la parole, vous avez été suspendu», lance Me Sellini, et Me Amara répond : «J'ai une décision du Conseil de l'Etat qui me réhabilite et vous êtes mal placé pour parler de justice privée.» Tous les efforts pour calmer les esprits sont vains. La situation dégénère. Les avocats en arrivent aux mains, et ce, durant un bon moment. Quelques membres du conseil exigent des journalistes de quitter la salle.
«Les travaux doivent se poursuivre à huis clos», lance Me Sellini. Une de ses consœurs tente de ramener le débat à l'essentiel : les conditions de travail pour lesquelles l'AG a été convoquée. «Nous sommes là pour ne plus nous taire sur les dérives et les violations que nous subissons au quotidien», dit-elle. Un autre avocat enchaîne : «Je suis choqué par l'inertie de notre barreau. Il y a quelques jours, une avocate a été évacuée par des policiers de la salle d'audience alors qu'elle plaidait au tribunal de Bir Mourad Raïs, et personne n'a réagi. Pourtant, il y a quelques années, pour des places de parking, des grèves ont été lancées. Où allons-nous comme ça ? Comment se fait-il que le bureau ne soit pas au courant de ce qui a été fait au niveau de la commission juridique de l'Assemblée ? Le projet de loi sur la profession d'avocat a été débattu jusqu'à 3h du matin et les députés ont voulu toucher à l'article 24 pour préconiser des poursuites contre l'avocat en cas d'incident d'audience. Me Bouchachi qui était présent a quitté les travaux en signe de protestation. Comment se fait-il que le bureau ne suive pas de près ces questions ?» Très gêné, Me Sellini s'en prend à l'assistance : «S'il y a des avocats qui acceptent de se faire évacuer de l'audience par des policiers, c'est qu'ils ne méritent pas leur robe.
Et s'il y a des avocats qui assistent et n'en parlent pas, c'est qu'ils doivent quitter le métier. N'acceptez plus l'humiliation. Dénoncez toutes les violations et les dérives des juges.» En fin de journée, deux recommandations sont adoptées par l'assemblée générale. Tout en reconnaissant «la dégradation inquiétante des conditions d'exercice du droit de la défense» et les violations constantes de ce droit, l'assemblée générale a autorisé le bâtonnier à rencontrer le président de la cour d'Alger et le procureur général, mardi prochain, à leur demande, pour «cerner les problèmes auxquels font face les avocats et apporter les solutions». Elle a également interpellé le bureau sur «la nécessité d'ouvrir les voies du dialogue» avec les autorités pour faire aboutir le projet de loi sur leur profession tel qu'ils l'ont présenté. En parlant d'autorité, Me Sellini s'est lancé dans une plaidoirie au profit du ministre de la Justice, auquel il rend hommage en disant qu'«il a tout fait pour être du côté des avocats, mais des interférences de ceux qui ne nous aiment pas ont créé un climat malsain».
Après plusieurs jours de colère, le barreau d'Alger a fini par réduire la contestation à sa simple circonscription, qui est la capitale. Pour de nombreux avocats, c'est la montagne qui accouche d'une souris…


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.