Voilà une nouvelle ville qui a vu le jour « spontanément » et qui grandit dans l'anarchie, bordant d'une manière dangereuse la RN 16, où sont érigés, pêle-mêle, commerces, habitations huppées, immeubles vétustes… La RN16 (Annaba-Souk Ahras-Tébessa) traverse la nouvelle ville de Souk Ahras sur plus de 4 km, et c'est une extension sans âme qui s'impose dans la partie nord de la ville, et ce malgré un léger mieux en matière de richesse ostentatoire affichée par les nouveaux nababs qui y ont érigé commerces et bâtisses. L'absence d'une conception architecturale, résultat d'alliances entre entrepreneurs et bureaux d'études, y est flagrante. Les défaillances… multiples aussi. Les habitants de la cité des 400 Logements (route de Zaârouria) souffrent le martyre. «Pour cette cité dont le nombre d'habitants a dépassé les 1000, une seule route qui est à peine accessible vous permet d'y accéder (…) des murs de soutènement construits de manière anarchiques sont un danger mortel pour les visiteurs nocturnes étrangers à notre cité », nous dit-on. De visu, c'est plutôt une piste à peine carrossable qui mène aux bâtiments, et les murs en question sont plus dangereux qu'un précipice. Ceux de la cité «Skanska» ne sont pas mieux lotis. Des problèmes d'étanchéité, des murs qui laissent à désirer, et les rongeurs y circulent dans la quiétude de jour comme de nuit. A quelques mètres de là, l'amiante fait des siennes et des cas de maladies graves ont été décelés dans la cité des 32 Logements d'astreinte, squattés depuis peu par des locataires. «Ces logements ont dépassé de loin les 20 ans et c'est un problème de santé publique qui y est posé», nous a fait savoir un technicien qui préconise la démolition totale des immeubles et leur récupération pour des bâtisses d'utilité publique. «Aucun enseignant n'y habite», tonne un élu de la commune. Les cités Badji Mokhtar et Bel-Air surprennent par le niveau d'une route secondaire qui va en montant jusqu'à provoquer l'arrêt des véhicules. Une telle anomalie est chiffrée en argent, croit-on savoir auprès d'un ingénieur avisé. «Une route qui ne tient pas compte des normes universelles, à savoir la viabilité de la réalisation, la prévention de l'érosion, la facilité de la circulation… doit faire l'objet d'un refus de la part des instances de contrôle technique», a-t-il expliqué. Ce qui n'est pas le cas pour la majorité des routes de Souk Ahras. La même situation est vécue par les habitants de la cité Zedira, non loin du pôle universitaire. Pour cet interminable route où pullulent les écoliers et les piétons de différents âges, aucune passerelle métallique n'y a été prévue malgré le nombre d'accidents mortels qui y ont été enregistrés. Les abribus ont été arrachés pour ne point déranger les commerces de personnes opulentes et bien introduites au sein de l'administration et autres sphères de décision. C'est le cas aussi pour un propriétaire d'une construction située à l'entrée de l'échangeur souterrain ou trottoir et une partie de la chaussée ont été squattés. Ne voulant guère revenir sur sa décision, il a mis à l'épreuve toutes les institutions étatiques. Elles en sont sorties toutes petites. Il est difficile de demander à un orphelin de gérer lui-même l'orphelinat.