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Repère : Libérez Razan Zaitouneh
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Publié dans El Watan le 06 - 02 - 2014

Parfois, les mots ne suffisent pas à rendre justice aux qualités des personnes exceptionnelles. Dire que Razan est une «courageuse activiste qui a consacré sa vie à défendre les droits de l'homme», ce n'est pas assez pour décrire cette jeune avocate de Damas, enlevée en Syrie il y a deux mois. Ce pays, otage impuissant d'un régime sanguinaire et cynique, assassine tous les jours les meilleurs de ses fils et filles. Certains sont enlevés dans l'indifférence générale et leur sort demeure inconnu. Il n'y a ni revendication de leur rapt ni demande de rançon. Seule une interminable angoisse succède à leur disparition. On ignore qui a enlevé Razan, son mari et deux de ses compagnons et qui les détient. Des hommes encagoulés les ont enlevés, dans leur refuge secret, à Douma, dans la périphérie de Damas, le 9 décembre dernier. Razan, 36 ans, avait refusé de s'exiler et vivait dans la clandestinité depuis deux ans, dans cette région contrôlée par la rébellion armée, mais assiégée par les forces gouvernementales.
Avoir connu cette authentique activiste, l'été 2007, a été très émouvant. Parler avec Razan, plutôt l'écouter raconter les souffrances des prisonniers politiques jetés dans les geôles des Assad, père et fils, est une expérience que chaque démocrate convaincu devrait pouvoir vivre, tant elle suscite rage et stupeur. La rage de savoir que les auteurs de ces atrocités resteront impunis, la stupeur devant l'engagement inconditionnel de cette jeune femme frêle qui défend des islamistes et des communistes avec la même ferveur. Son combat n'a été découvert par les médias internationaux qu'au lendemain de la révolution syrienne.
Honorée de plusieurs prix prestigieux — Sakharov du Parlement européen, Anna Politkovskaya, Prix Femme Courage — Razan est le portrait fidèle d'une démocrate laïque. Son soutien aux victimes n'est pas sélectif. Elle ne daigne pas s'exposer à des risques réels, en défendant ceux qui, aveuglés par un fanatisme absurde, voudraient sa mort. Son engagement est apolitique. Elle ne s'attardait pas sur la longueur de la barbe de ceux qu'elle défendait. Elle plaidait leur cause et dénonçait les tortures dont ils étaient victimes, au même titre qu'elle le faisait pour les détenus communistes. Razan concevait sa mission comme un engagement inconditionnel, sans sympathie politique ni militantisme intéressé.
Avocate convaincue, elle dénonçait la violation des droits de l'homme en Syrie, lorsque le seul fait de critiquer le pouvoir pouvait signifier la mort. Derrière son bureau modeste, au siège de son association pour les droits de l'homme, Violations Documentation Center, dans un quartier de la capitale syrienne, elle nous a reçus simplement et a raconté le visage hideux d'un pouvoir tyrannique. L'histoire de ce leader islamiste qui avait été emprisonné, muré pendant 20 ans dans une cellule d'un mètre carré, dont le plafond était tellement bas qu'une fois sorti de prison, il ne pouvait plus se tenir droit. Elle nous a énuméré les noms de militants communistes, opposants politiques à la dictature de Hafedh Al Assad, qui ont été jetés et oubliés dans des cellules noires et qui ont fini par perdre la vue tant leurs yeux avaient été sevrés de lumière. Elle nous a montré des croquis au trait précis qui reproduisaient la forme des instruments de torture que les bourreaux aux ordres d'Al Assad se délectaient à utiliser sur les corps meurtris des détenus.
Razan avait fait de la collecte de documents illustrant la barbarie et la cruauté des agents de sécurité de son pays, sous les ordres des chefs politiques ; une mission sacrée qu'elle menait clandestinement, comme une fourmi téméraire.
Son autre combat était celui d'assister les familles des prisonniers politiques et des personnes disparues. Elle se déplaçait dans les quartiers populaires de Damas et ses environs, insistait pour visiter les détenus dans les prisons secrètes, se heurtait à un mur de despotisme.
Lorsqu'on lui demandait si elle avait reçu des menaces, si elle craignait pour sa vie, elle souriait et nous racontait sa dernière interpellation par les flics du régime. Comment les services de sécurité avaient tenté de la terroriser en postant, pendant des jours, des voitures banalisées face à son domicile ou son bureau, ou en l'interpellant et en l'embarquant pour l'interroger dans des casernes secrètes, où elle était gardée à vue pendant plusieurs heures. Avant de la relâcher, ses geôliers lui faisaient comprendre qu'elle avait été «traitée avec égards cette fois», mais que la prochaine fois, «les choses iraient autrement» si elle persistait à «se compliquer la vie». Mais Razan, cette jeune femme au physique frêle et à la volonté de fer, était née pour «se compliquer la vie».
Avant son enlèvement, elle enquêtait sur l'usage d'armes chimiques par le régime syrien contre les populations civiles de Ghouta. Elle s'y était installée, à ses risques et périls, comme le montre son dernier témoignage vidéo, traduit et publié par le quotidien français Le Monde. «Nous continuerons à amasser des documents sur les crimes du régime et à demander la libération de tous les prisonniers politiques», avait-elle encore assuré. Qui sait si elle a appris qu'elle vient de remporter le prix Françoise Giroud pour l'innovation journalistique et les libertés. Cette distinction a été remise, jeudi passé à Paris, en son nom et en son absence.
Razan mériterait le prix Nobel pour la paix. Certains l'ont baptisée la «Mandela de la Syrie». Mais elle est tout simplement la «Razan de Damas». Où qu'elle soit, elle, son amie Samira, son mari Waèl, leur compagnon de courage Nazem, tout les démocrates à travers le monde lui doivent quelque chose. Leur combat est sans nul doute celui de la dignité et de la liberté. Leur simple existence fait honneur à la Syrie. Le Monde arabe aurait besoin de mille Razan pour couvrir la lâcheté de ses gouvernants.


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